Janet Flanner, journaliste américaine installée à Paris, publie bimensuellement pendant trente ans une « Lettre de Paris » dans le New Yorker. Elle fait connaître au lecteur éclairé de la côte est des États-Unis la société et les artistes français.

De la bonne humeur. Les Français l'ont appelé le premier Noël d'avant-guerre d'après la guerre. Ce fut le premier Noël sans ticket de rationnement, mis à part le café, qui était disponible en de larges quantités, comme de coutume, sur le marché noir. Ce fut le premier Noël où l'on trouvait tous les types de produits que l'on pouvait désirer. Les Français ont surtout acheté de la bonne chère. [...]

Le Journal du voleur de Jean Genet a récemment été publié pour la première fois dans une édition relativement bon marché [...]. Cette nouvelle édition de l'un de ses écrits majeurs le met à la portée de la critique plus générale. [...]

Edwige Feuillère apparaît au théâtre Sarah Bernhardt dans une reprise majeure de La Dame aux camélias. C'est une production somptueuse, qui aurait coûté huit millions de francs et qui, sans aucun doute, offre à la vue 45 magnifiques costumes féminins [...].

Un film intitulé Les Rendez-vous de Juillet¹, après avoir reçu de bonnes critiques au Festival de Cinéma de Cannes cet été, a tout juste remporté, après avoir été remanié, le Prix de Cinéma de Paris Delluc. Il est censé avoir un rôle social significatif et montre la moderne jeunesse française des beaux quartiers danser le swing dans des boîtes de nuit de Saint-Germain-des-Prés, rêvant d'échapper à tout cela. Le public semble vouloir y échapper aussi, et une partie le fait souvent en plein milieu du film.

Une culture, c'est d'abord l'attitude fondamentale d'un peuple en face de l'univers. Mais ici, aujourd'hui, ce mot a deux significations différentes, et d'ailleurs complémentaires. D'une part, nous parlons du patrimoine artistique de l'Afrique ; d'autre part, nous parlons de sa création vivante. Donc, d'une part, nous parlons d'un passé ; et d'autre part, d'un avenir. [...]

C'est pour cela que chaque pays d'Afrique a besoin de son propre patrimoine, du patrimoine de l'Afrique et de créer son propre patrimoine mondial. [...] L'Afrique est assez forte pour créer son propre domaine culturel, celui du présent et celui du passé, à la seule condition qu'elle ose le tenter. Il ne s'agit pas d'autre chose. Mon pays a été deux ou trois fois assez grand : c'était quand il essayait d'enseigner la liberté. Mesdames et Messieurs, permettez-moi de terminer en reprenant son vieux message dans le domaine de l'esprit : puisse l'Afrique conquérir sa liberté !