Pénélope fit ce discours aux prétendants qui l'entouraient :
– Écoutez-moi, orgueilleux prétendants ! Vous occupez cette maison nuit et jour pour manger et pour boire, tandis que le maître est absent depuis des années. La seule excuse que vous avez pu alléguer2 à votre conduite, c'est le désir de m'épouser et de faire de moi votre femme. Eh bien venez, prétendants, la lutte est ouverte et le prix du concours est devant vous ! Je vais vous donner l'arc du divin Ulysse. Celui dont les mains tendront l'arc sans effort et dont la flèche traversera les douze haches, cet homme-là je le suivrai […].
[Ulysse]
tendit l'arc avec une facilité extrême. Puis, le prenant dans sa main droite, il essaya la corde, qui rendit un beau son, semblable au cri de l'hirondelle. Les prétendants éprouvèrent une vive douleur et tous changèrent de couleur. Zeus tonna3 violemment ; ses signes étaient clairs. Le divin Ulysse qui avait enduré mille souffrances se réjouit qu'enfin le fils de Cronos4 aux conseils tortueux5 lui ait envoyé un présage6. Il saisit une flèche rapide, posée près de lui sur la table […] puis, visant tout droit et sans quitter son siège, il la décocha. Elle ne manqua aucune des haches, du premier trou jusqu'au dernier, et ressortit après les avoir traversées toutes.