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Les femmes dans les cercles politiques

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1
Manon Roland

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Texte 1

Brissot1 vint nous visiter […]. Il fut même arrangé que l'on viendrait chez moi quatre fois la semaine dans la soirée, parce que j'étais sédentaire, bien logée, et que mon appartement se trouvait placé de manière à n'être fort éloigné d'aucun de ceux qui composaient ces petits comités.

Cette disposition me convenait parfaitement ; elle me tenait au courant des choses auxquelles je prenais un vif intérêt ; elle favorisait mon gout pour suivre les raisonnements politiques et étudier les hommes. Je savais quel rôle convenait à mon sexe, et je ne le quittai jamais. Les conférences se tenaient en ma présence sans que j'y prisse aucune part ; placée hors du cercle et près d'une table, je travaillais des mains, ou faisais des lettres, tandis que l'on délibérait ; mais eussé‑je expédié dix missives, ce qui m'arrivait quelquefois, je ne perdais pas un mot de ce qui se débitait2, et il m'arrivait de me mordre les lèvres pour ne pas dire le mien3. […] Là, on examinait l'état des choses, celui de l'Assemblée, ce qu'il conviendrait de faire, comment on pourrait le proposer, les intérêts du peuple, la marche de la cour, la tactique des individus. Ces conférences m'intéressaient beaucoup, et je ne les aurais pas manquées, quoique je ne m'écartasse jamais du rôle qui convenait à mon sexe.

[…]

[Mon mari] devint ministre : je ne me mêlai point de l'administration ; mais s'agissait‑il d'une circulaire, d'une instruction, d'un écrit public et important, nous en conférions suivant la confiance dont nous avions l'usage et, pénétrée de ses idées, nourrie des miennes, je prenais la plume que j'avais plus que lui le temps de conduire.

[…]

En vérité, je suis bien ennuyée d'être une femme : il me fallait une autre âme, ou un autre sexe, ou un autre siècle. Je devais naitre femme spartiate ou romaine, ou du moins homme français. [...] Mon esprit et mon cœur trouvent de toute part les entraves de l'opinion, les fers des préjugés, et toute ma force s'épuise à secouer vainement mes chaines. Ô liberté, idole des âmes fortes, aliment des vertus, tu n'es pour moi qu'un nom !
Manon Roland
Mémoires, 1793, publication posthume.

1. Brissot est un député.
2. Disait.
3. De mot (pour ne pas donner mon opinion).
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Question 1
Texte 1
a) Pourquoi ces réunions politiques se tiennent-elles chez Madame Roland ?

b) Apprécie-t-elle ces conférences ?
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Question 2
Texte 1
a) Dans le premier extrait, elle affirme ne pas s'être écartée du « rôle qui convenait à [son] sexe ». En quoi consiste ce rôle ?

b) De quelle manière joue-t-elle un rôle politique ?

c) En quoi être une femme a-t-il été un frein à son engagement ?
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2
Sophie de Condorcet

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Texte 2

Dès 1786, [Sophie de Condorcet] manifesta ses idées de transformation du monde : à l'hôtel des Monnaies, quai Conti, elle forma un cercle ouvert aux littéraires et scientifiques français ou étrangers, également aux juristes dont le fameux Dupaty qui, entre autres causes célèbres, avait défendu trois innocents condamnés à la roue. Elle voulait forger les moyens d'assurer la tolérance en matière politique et religieuse, l'égalité des individus et des peuples, l'amélioration de la condition humaine et l'établissement d'une paix universelle. Dans cette démarche où elle s'inspirait des philosophes et des moralistes de l'époque, elle voulait favoriser la laïcisation des institutions et montrer qu'il n'existait d'autres vérités que celles reposant sur la science et la raison. […] Chez elle, on croisait un certain nombre d'étrangers de marque dont Thomas Paine, héros de l'indépendance américaine, le futur président des États-Unis Jefferson, le neveu de Benjamin Franklin, Adam Smith, économiste distingué dont elle traduisit un traité, ou encore les voltairiens Villette – mari et femme –, Anacharsis Cloots qui collabora avec Condorcet au Journal de Paris et à la Chronique de Paris et de nombreux amis de la liberté qui contribuèrent à faire de ce « salon » un centre de l'Europe éclairée.
Olivier Blanc
« Cercles politiques et “salons” du début de la Révolution (1789‑1793) », Annales historiques de la Révolution française, 2009.
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Question 3
Texte 2 En quoi le salon de Sophie de Condorcet était-il « un centre de l'Europe éclairée »  
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