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Partie 1 • Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle
Partie 2 • La littérature d’idées du XVIe au XVIIIe siècle
Partie 3 • Le théâtre du XVIIe au XXIe siècle
Partie 4 • La poésie du XIXe au XXIe siècle
Pour aller plus loin
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Chapitre 3.4
Texte 2

Denis Diderot, Le Père de famille (1758)

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Texte

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Crédits : Lelivrescolaire.fr

Inquiet pour son fils Saint‑Albin qui désire épouser une femme sans fortune, le Père de famille a chargé le Commandeur, son beau‑frère, de l'en dissuader.

SAINT‑ALBIN. – […] Sophie sera ma femme.

LE COMMANDEUR. – Ta femme ?

SAINT‑ALBIN. – Oui, ma femme.

LE COMMANDEUR. – Une fille de rien !

SAINT‑ALBIN. – Qui m'a appris à mépriser tout ce qui vous enchaîne et vous avilit1.

LE COMMANDEUR. – N'as‑tu point de honte ?

SAINT‑ALBIN. – De la honte ?

LE COMMANDEUR. – Toi, fils de Monsieur d'Orbesson ! Neveu du commandeur d'Auvilé !

SAINT‑ALBIN. – Moi, fils de Monsieur d'Orbesson, et votre neveu.

LE COMMANDEUR. – Voilà donc les fruits de cette éducation merveilleuse dont ton père était si vain ? Le voilà ce modèle de tous les jeunes gens de la cour et de la ville ?… Mais tu te crois riche peut‑être ? […] Sais‑tu ce qui te revient du bien de ta mère ?

SAINT‑ALBIN. – Je n'y ai jamais pensé ; et je ne veux pas le savoir.

LE COMMANDEUR. – Écoute. C'était la plus jeune de six enfants que nous étions ; et cela dans une province où l'on ne donne rien aux filles. Ton père, qui ne fut pas plus sensé que toi, s'en entêta et la prit2. Mille écus de rente à partager avec ta sœur, c'est quinze cents francs pour chacun ; voilà toute votre fortune.

SAINT‑ALBIN. – J'ai quinze cents livres de rente ?

LE COMMANDEUR. – Tant qu'elles peuvent s'étendre.

SAINT‑ALBIN. – Ah, Sophie ! Vous n'habiterez plus sous un toit3 ! Vous ne sentirez plus les atteintes de la misère. J'ai quinze cents livres de rente !

LE COMMANDEUR. – Mais tu peux en attendre vingt‑cinq mille de ton père, et presque le double de moi. Saint‑Albin, on fait des folies ; mais on n'en fait pas de plus chères.

SAINT‑ALBIN. Et que m'importe la richesse, si je n'ai pas celle avec qui je la voudrais partager ?

LE COMMANDEUR. – Insensé !

SAINT‑ALBIN. – Je sais. C'est ainsi qu'on appelle ceux qui préfèrent à tout une femme jeune, vertueuse et belle ; et je fais gloire d'être à la tête de ces fous‑là.
Acte II, scène 8.
1. Abaisse, dégrade.
2. Pour épouse.
3. Dans une chambre sous les toits.
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Doc.

Placeholder pour Peinture de Greuze, La Malédiction du père: scène dramatique où un père frappe son fils, entouré d'une famille horrifiée. Détails émotionnels intenses.Peinture de Greuze, La Malédiction du père: scène dramatique où un père frappe son fils, entouré d'une famille horrifiée. Détails émotionnels intenses.
Jean‑Baptiste Greuze, La Malédiction du père, le fils puni, 1777, huile sur toile, 130 x 163 cm, musée du Louvre, Paris.
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Ressource complémentaire

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Questions

1. Comment ce dialogue met‑il en lumière deux conceptions du mariage ?

2.
Grammaire
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