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Partie 1 • Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle
Partie 2 • La littérature d’idées du XVIe au XVIIIe siècle
Partie 3 • Le théâtre du XVIIe au XXIe siècle
Partie 4 • La poésie du XIXe au XXIe siècle
Pour aller plus loin
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Chapitre 2.5
Texte 3

Voltaire, Candide ou l'Optimisme (1759)

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Texte

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Crédits : Lelivrescolaire.fr

Le précepteur Pangloss a enseigné à Candide que « tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes ». Après avoir embrassé Cunégonde, la fille du baron qui l'hébergeait, Candide est chassé du château. Diverses aventures l'amènent à Lisbonne, avec Pangloss et Jacques, un bienfaiteur rencontré en Hollande.

Comment on fit un bel autodafé1 pour empêcher les tremblements de terre, et comment Candide fut fessé.

Après le tremblement de terre qui avait détruit les trois quarts de Lisbonne2, les sages du pays n'avaient pas trouvé un moyen plus efficace pour prévenir une ruine totale que de donner au peuple un bel autodafé ; il était décidé par l'université de Coïmbre que le spectacle de quelques personnes brûlées à petit feu, en grande cérémonie, est un secret infaillible pour empêcher la terre de trembler.

On avait en conséquence saisi un Biscayen convaincu d'avoir épousé sa commère3, et deux Portugais qui en mangeant un poulet en avaient arraché le lard4 : on vint lier après le dîner le docteur Pangloss et son disciple Candide, l'un pour avoir parlé, et l'autre pour l'avoir écouté avec un air d'approbation : tous deux furent menés séparément dans des appartements d'une extrême fraîcheur, dans lesquels on n'était jamais incommodé du soleil ; huit jours après ils furent tous deux revêtus d'un san‑benito5, et on orna leurs têtes de mitres6 de papier : la mitre et le san‑benito de Candide étaient peints de flammes renversées, et de diables qui n'avaient ni queues ni griffes ; mais les diables de Pangloss portaient griffes et queues, et les flammes étaient droites. Ils marchèrent en procession ainsi vêtus, et entendirent un sermon très pathétique, suivi d'une belle musique en faux‑bourdon7. Candide fut fessé en cadence, pendant qu'on chantait ; le Biscayen et les deux hommes qui n'avaient point voulu manger de lard furent brûlés, et Pangloss fut pendu, quoique ce ne soit pas la coutume. Le même jour la terre trembla de nouveau avec un fracas épouvantable.

Candide, épouvanté, interdit, éperdu, tout sanglant, tout palpitant, se disait à lui‑même : « Si c'est ici le meilleur des mondes possibles8, que sont donc les autres ? Passe encore si je n'étais que fessé, je l'ai été chez les Bulgares ; mais, ô mon cher Pangloss ! le plus grand des philosophes, faut‑il vous avoir vu pendre, sans que je sache pourquoi ! ô mon cher anabaptiste9, le meilleur des hommes, faut‑il que vous ayez été noyé dans le port ! Ô mademoiselle Cunégonde10, la perle des filles, faut‑il qu'on vous ait fendu le ventre ! »
Chapitre VI, orthographe modernisée.
1. Cérémonie de l'Inquisition religieuse. Si les présumés hérétiques refusaient de faire acte de foi (auto da fé), ils étaient brûlés.
2. Référence à un séisme réel (1755).
3. Un habitant de la Biscaye (Nord de l'Espagne), reconnu coupable d'avoir épousé la marraine (commère) d'un enfant dont il est le parrain, ce qui était interdit.
4. Geste pouvant signifier qu'ils sont musulmans ou juifs.
5. Tenue des condamnés.
6. Chapeau haut porté par les évêques.
7. Chant religieux.
8. Expression qui parodie la pensée de Leibniz et de Pope, philosophes de l'optimisme.
9. Jacques. L'anabaptisme est une branche du protestantisme.
10. Pangloss a appris à Candide que Cunégonde avait été éventrée par des soldats après avoir été violée.
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Doc. 

Placeholder pour Gravure : condamné de l'Inquisition de Goa, samite orné de flammes et diables, tisonnier, supplice.Gravure : condamné de l'Inquisition de Goa, samite orné de flammes et diables, tisonnier, supplice.
Labrousse, « Homme condamné au feu par l'Inquisition de Goa », XVIIIe siècle, gravure, bibliothèque des Arts décoratifs, Paris.
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Éclairage

Par le biais du conte, Voltaire exprime ses convictions. Il critique notamment l'intolérance religieuse, les pratiques barbares des extrémistes religieux. Déiste, il estime néanmoins qu'il existe un Dieu, « grand horloger », créateur du monde.
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Ressource complémentaire

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Questions

1. Comment cet extrait critique-t-il l'intolérance religieuse ?

2. Grammaire Étudiez l'expression de la négation dans le passage souligné.
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