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Partie 1 • Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle
Partie 2 • La littérature d’idées du XVIe au XVIIIe siècle
Partie 3 • Le théâtre du XVIIe au XXIe siècle
Partie 4 • La poésie du XIXe au XXIe siècle
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Chapitre 3.2
Texte A
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Jean Racine, Britannicus (1669)

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Texte

L'empereur Néron révèle à son confident Narcisse qu'il est amoureux de Junie, la femme qu'il a enlevée.

NÉRON. – Narcisse, c'en est fait. Néron est amoureux.

NARCISSE. – Vous ?

NÉRON. – Depuis un moment, mais pour toute ma vie,
J'aime, que dis-je, aimer ? j'idolâtre Junie !

NARCISSE. – Vous l'aimez ?

NÉRON. – Excité d'un désir curieux,
Cette nuit je l'ai vue arriver en ces lieux,
Triste, levant au ciel ses yeux mouillés de larmes,
Qui brillaient au travers des flambeaux et des armes,
Belle, sans ornements, dans le simple appareil1
D'une beauté qu'on vient d'arracher au sommeil.
Que veux-tu ? Je ne sais si cette négligence2,
Les ombres, les flambeaux, les cris et le silence,
Et le farouche3 aspect de ses fiers ravisseurs
Relevaient de ses yeux les timides douceurs,
Quoi qu'il en soit, ravi4 d'une si belle vue,
J'ai voulu lui parler et ma voix s'est perdue ;
Immobile, saisi d'un long étonnement,
Je l'ai laissé passer dans son appartement.
J'ai passé dans le mien. C'est là que, solitaire,
De son image en vain j'ai voulu me distraire.
Trop présente à mes yeux je croyais lui parler,
J'aimais jusqu'à ses pleurs que je faisais couler.
Quelquefois, mais trop tard, je lui demandais grâce ;
J'employais les soupirs, et même la menace.
Voilà comme, occupé de mon nouvel amour,
Mes yeux sans se fermer ont attendu le jour.
Mais je m'en fais peut-être une trop belle image,
Elle m'est apparue avec trop d'avantage :
Narcisse, qu'en dis-tu ?

NARCISSE. – Quoi, Seigneur ! Croira-t-on
Qu'elle ait pu si longtemps se cacher à Néron ?

NÉRON. – Tu le sais bien, Narcisse. Et soit que sa colère
M'imputât le malheur qui lui ravit son frère,
Soit que son cœur jaloux d'une austère fierté
Enviât à nos yeux sa naissante beauté,
Fidèle à sa douleur, et dans l'ombre enfermée,
Elle se dérobait même à sa renommée ;
Et c'est cette vertu, si nouvelle à la cour,
Dont la persévérance irrite mon amour.
Acte II, scène 2, orthographe modernisée.
1. La simple tenue.
2. Apparence simple, sans apprêt.
3. Féroce.
4. Captivé par.
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Éclairage

Au théâtre, les confidents et confidentes sont un moyen de révéler au public les pensées et sentiments des personnages principaux.

En 1663, l'abbé d'Aubignac, théoricien et critique théâtral, reproche pourtant à Corneille d'avoir abusé du recours aux confidentes dans sa pièce Sophonisbe.

Le jeune Racine prêtera une attention particulière à ces personnages, afin que leur rôle soit vraisemblable et utile au déroulement de l'intrigue.
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Supplément numérique

Regardez une de la pièce.
 
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Questions

1. Quelle image cette scène d'aveu donne-telle de Néron ?

2.
Grammaire
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