Olympe de Gouges - Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne

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Contraction et essai
Contraction de texte 1

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Introduction
Vous ne savez plus comment repérer les marques de l'énonciation ? identifier la tonalité dominante ? mettre au jour la structure du texte ? travailler au brouillon ?
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Exercice 1

Question 1
Après avoir lu le texte 1() et le texte 2(), complétez le tableau ci‑dessous :

Texte 1Texte 2
SimilitudesThème
(en un groupe nominal)
Thèse (en une phrase)
DifférencesMarques de l'énonciation
Marques du jugement
Tonalité dominante


Question 2
Réécrivez ces textes en enlevant des éléments pour les contracter : citations, répétitions, exemple illustratifs.


Question 3
Reformulez en une seule phrase de 20 mots environ le deuxième paragraphe de chaque extrait.
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Texte 1
Le silence est l'ordinaire des femmes. Il convient à leur position seconde et subordonnée. Il sied à leur visage lisse, souriant à peine, non déformé par l'impertinence du rire bruyant et viril. Bouche fermée, lèvres closes, paupières baissées, les femmes ne peuvent que pleurer, laisser les larmes couler comme l'eau d'une inépuisable douleur, dont, selon Michelet1, elles « ont le sacerdoce ».

Le silence est un commandement réitéré à travers les siècles par les religions, les systèmes politiques et les manuels de savoir‑vivre. Silence des femmes à l'église ou au temple, plus encore à la synagogue, ou à la mosquée où elles ne peuvent pas même pénétrer à l'heure de la prière. Silence dans les assemblées politiques peuplées d'hommes qui font assaut d'une mâle éloquence. Silence dans l'espace public où leur intervention collective est assimilée à l'hystérie d'un cri et une attitude trop bruyante à la « mauvaise vie ».
Michelle Perrot
Les femmes ou les silences de l'Histoire, © Flammarion, 1998.

1. Écrivain et historien du XIXe siècle, il est notamment l'auteur d'un essai intitulé La Femme (1860).
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Texte 2
Qui parle ici ? Qui a jamais parlé ? Assourdissant tumulte des grandes voix ; pas une n'est de femme. Je n'ai pas oublié le nom des grands parleurs. Platon et Aristote et Montaigne, et Marx et Freud et Nietzsche... Je les connais pour avoir vécu parmi eux et seulement parmi eux. Ces plus fortes voix sont aussi celles qui m'ont le plus réduite au silence. Ce sont ces superbes parleurs qui mieux que tout autre m'ont forcée à me taire.

Qui parle dans les gros livres sages des bibliothèques ? Qui parle au Capitole ? Qui parle au temple ? Qui parle à la tribune et qui parle dans les lois ? Les hommes ont la parole. Le monde est la parole de l'homme. Les paroles des hommes ont l'air de se faire la guerre. C'est pour faire oublier qu'elles disent toutes la même chose : notre parole d'homme décide. Le monde est la parole de l'homme. L'homme est la parole du monde.
Annie Leclerc
Parole de femme, © Grasset, 1974.
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Retrouvez ci‑dessous des versions plus longues de ces textes :

Texte 1 : version longue
Certes, l'irruption d'une présence et d'une parole féminines en des lieux qui leur étaient jusque‑là interdits, ou peu familiers, est une innovation du dernier demi‑siècle qui change l'horizon sonore. Il subsiste pourtant bien des zones muettes et, en ce qui concerne le passé, un océan de silence, lié au partage inégal des traces, de la mémoire et, plus encore, de l'Histoire, ce récit qui si longtemps a « oublié » les femmes, comme si, vouées à l'obscurité de la reproduction inénarrable1, elles étaient hors du temps, du moins hors événement.

[...] Le silence est l'ordinaire des femmes. Il convient à leur position seconde et subordonnée. Il sied à leur visage lisse, souriant à peine, non déformé par l'impertinence du rire bruyant et viril. Bouche fermée, lèvres closes, paupières baissées, les femmes ne peuvent que pleurer, laisser les larmes couler comme l'eau d'une inépuisable douleur dont, selon Michelet2, elles « ont le sacerdoce ».

Le silence est un commandement réitéré à travers les siècles par les religions, les systèmes politiques et les manuels de savoir‑vivre. Silence des femmes à l'église ou au temple, plus encore à la synagogue, ou à la mosquée où elles ne peuvent pas même pénétrer à l'heure de la prière. Silence dans les assemblées politiques peuplées d'hommes qui font assaut d'une mâle éloquence. Silence dans l'espace public où leur intervention collective est assimilée à l'hystérie d'un cri et une attitude trop bruyante à la « mauvaise vie ». Silence, même, dans le privé, qu'il s'agisse du salon du XIXe siècle où s'est tue la conversation plus égalitaire de l'élite des Lumières, refoulée par les obligations mondaines qui ordonnent aux femmes d'éviter les sujets brûlants – la politique au premier chef – susceptibles de troubler la convivialité, et de se limiter aux convenances de la politesse. « Sois‑belle et tais‑toi », conseille‑t‑on aux jeunes filles à marier, pour leur éviter de dire des sottises ou de commettre des impairs. Certes, les femmes n'ont guère respecté ces injonctions. Leurs chuchotements et leurs murmures courent dans la maison, s'insinuent dans les villages, faiseurs des bonnes et mauvaises réputations, circulent dans la ville, mêlés aux bruits du marché ou de la boutique, enflés parfois dans ces troubles et insidieuses rumeurs qui flottent aux marges de l'opinion. On redoute leurs caquets3 et leurs bavardages, forme pourtant dévaluée de la parole. Les dominés peuvent toujours se dérober, tourner les interdits, remplir les vides du pouvoir, les blancs de l'Histoire. Les femmes, on l'imagine, on le sait, n'y ont pas manqué. Souvent, aussi, elles ont fait de leur silence une arme.

Pourtant, leur posture normale est l'écoute, l'attente, le repli des mots au fond d'elles‑mêmes. Accepter, se conformer, obéir, se soumettre et se taire. Car ce silence, imposé par l'ordre symbolique, n'est pas seulement celui de la parole, mais aussi celui de l'expression, gestuelle ou scripturaire4. [...] « Les femmes sont faites pour cacher leur vie », dans l'ombre du gynécée5, du couvent ou de la maison. Et l'accès au livre et à l'écriture, mode de communication distanciée et serpentine6, susceptible de déjouer les clôtures et de pénétrer dans l'intimité la mieux gardée, de troubler un imaginaire toujours prêt aux tentations du rêve, leur fut longtemps refusé, ou parcimonieusement7 accordé, comme une porte entr'ouverte vers l'infini du désir.

Car le silence était à la fois discipline du monde, des familles et des corps, règle politique, sociale, familiale – les murs de la maison étouffent les cris des femmes et des enfants battus –, personnelle. Une femme convenable ne se plaint pas, ne se confie pas, excepté chez les catholiques à son confesseur, ne se livre pas. La pudeur est sa vertu, le silence, son honneur, au point de devenir une seconde nature, l'impossibilité de parler d'elle finissant par abolir son être même, ou du moins ce qu'on en peut savoir. Telles ces vieilles femmes murées dans un mutisme d'outre‑tombe, dont on ne discerne plus s'il est volonté de se taire, incapacité à communiquer ou absence d'une pensée dissoute à force de ne pouvoir s'exprimer. (707 mots)
Michelle Perrot
Les femmes ou les silences de l'Histoire,© Flammarion, 1998

1. Que l'on ne peut pas raconter.
2. Écrivain et historien du XIXe siècle, il est notamment l'auteur d'un essai intitulé La Femme (1860).
3. Gloussements (au sens propre, c'est le bruit que font les poules).
4. Qui concerne l'écriture.
5. Dans l'Antiquité, partie de l'habitation réservée aux femmes.
6. Sinueuse et flexible comme un serpent.
7. De manière très limitée.

Texte 2 : version longue
Rien n'existe qui ne soit le fait de l'homme, ni pensée, ni parole, ni mot. Rien n'existe encore qui ne soit le fait de l'homme ; pas même moi, surtout pas moi. Tout est à inventer. Les choses de l'homme ne sont pas seulement bêtes, mensongères et oppressives. Elles sont tristes surtout, tristes à en mourir d'ennui et de désespoir.

Inventer une parole de femme. Mais pas de femme comme il est dit dans la parole de l'homme ; car celle‑là peut bien se fâcher, elle répète. Toute femme qui veut tenir un discours qui lui soit propre ne peut se dérober à cette urgence extraordinaire : inventer la femme. C'est une folie, j'en conviens. Mais c'est la seule raison qui me reste.

Qui parle ici ? Qui a jamais parlé ? Assourdissant tumulte des grandes voix ; pas une n'est de femme. Je n'ai pas oublié le nom des grands parleurs. Platon et Aristote et Montaigne, et Marx et Freud et Nietzsche… Je les connais pour avoir vécu parmi eux et seulement parmi eux. Ces plus fortes voix sont aussi celles qui m'ont le plus réduite au silence. Ce sont ces superbes parleurs qui mieux que tout autre m'ont forcée à me taire.

Qui parle dans les gros livres sages des bibliothèques ? Qui parle au Capitole ? Qui parle au temple ? Qui parle à la tribune et qui parle dans les lois ? Les hommes ont la parole. Le monde est la parole de l'homme. Les paroles des hommes ont l'air de se faire la guerre. C'est pour faire oublier qu'elles disent toutes la même chose : notre parole d'homme décide. Le monde est la parole de l'homme. L'homme est la parole du monde.

[…] Une honnête femme ne saurait être un honnête homme. Une grande femme ne saurait être un grand homme, la grandeur est chez elle affaire de centimètres. […] Et je me dis : l'Homme ? Qu'est‑ce que c'est, l'Homme ? L'Homme, c'est ce dont l'homme a accouché. Nous avons fait les enfants, et eux, ils ont fait l'Homme. Ils ont fait naître l'universel du particulier. Et l'universel a porté le visage du particulier. L'universalité fut désormais leur tour favori. Le décret parut légitime et la loi parut bonne : une parole pour tous.

[…] Toute bancale qu'elle fut, la machine fonctionna incomparablement mieux qu'aucune machine jamais conçue. Le monde entier, Blancs, Noirs, Jaunes, femmes et enfants, fut nourri, gavé, de son produit de base, la vérité et ses sous‑produits, âme, raison, valeurs… Le tout toujours garanti, estampillé Universel. Ils ont dit que la vérité n'avait pas de sexe. Ils ont dit que l'art, la science et la philosophie étaient vérités pour tous. […] Pourquoi la Vérité sortirait‑elle de la bouche des hommes ? La Vérité peut sortir de n'importe où. Pourvu que certains parlent et d'autres se taisent. La Vérité n'existe que parce qu'elle opprime et réduit au silence ceux qui n'ont pas la parole.

Inventer une parole qui ne soit pas oppressive. Une parole qui ne couperait pas la parole mais délierait les langues.

[…] Inventer, est‑ce possible ?

[…] Je voudrais que la femme apprenne à naître, à manger, et à boire, à regarder le jour et à porter la nuit… (563 mots)
Annie Leclerc
Parole de femme, © Grasset & Fasquelle, 1974
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Exercice 2

Question 1
Pour contracter ce texte, quel passage peut‑on facilement supprimer ? Pourquoi ?


Question 2
Quelle expression du texte résume ce passage ?


Question 3
Reformulez la phrase qui contient cette expression de manière à englober les idées contenues dans le passage supprimé.


Question 4
Repérez les verbes conjugués à la première personne. Quel sens commun ces verbes partagent‑ils ?


Question 5
Quels connecteurs logiques ajouteriez‑vous à la place des  ?


Question 6
Proposez une contraction de ce texte en 50 mots environ.
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Texte 3
Marcher dans la rue. Prendre le métro le soir. Mettre une minijupe, un décolleté et de hauts talons. Danser seule au milieu de la piste. Me maquiller comme un camion volé. Prendre un taxi en étant un peu ivre. M'allonger dans l'herbe à moitié dénudée. Faire du stop. Monter dans un Noctambus. Voyager seule. Boire seule un verre en terrasse. Courir sur un chemin désert. Attendre sur un banc. Draguer un homme, changer d'avis et passer mon chemin. Me fondre dans la foule du RER. Travailler la nuit. Allaiter mon enfant en public. Réclamer une augmentation. Dans ces moments de la vie, quotidiens et banals, je réclame le droit de ne pas être importunée. Le droit de ne même pas y penser. Je revendique ma liberté à ce qu'on ne commente pas mon attitude, mes vêtements, ma démarche, la forme de mes fesses, la taille de mes seins. Je revendique mon droit à la tranquillité, à la solitude, le droit de m'avancer sans avoir peur. Je ne veux pas seulement d'une liberté intérieure. Je veux la liberté de vivre dehors, à l'air libre, dans un monde qui est aussi un peu à moi. (200 mots)
Leïla Slimani
« Un porc, tu nais ? », Libération, 12 janvier 2018.
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Retrouvez ci‑dessous une version plus longue du texte de Leïla Slimani en 600 mots environ.

Texte 3 : version longue
Marcher dans la rue. Prendre le métro le soir. Mettre une minijupe, un décolleté et de hauts talons. Danser seule au milieu de la piste. Me maquiller comme un camion volé. Prendre un taxi en étant un peu ivre. M'allonger dans l'herbe à moitié dénudée. Faire du stop. Monter dans un Noctambus. Voyager seule. Boire seule un verre en terrasse. Courir sur un chemin désert. Attendre sur un banc. Draguer un homme, changer d'avis et passer mon chemin. Me fondre dans la foule du RER. Travailler la nuit. Allaiter mon enfant en public. Réclamer une augmentation. Dans ces moments de la vie, quotidiens et banals, je réclame le droit de ne pas être importunée. Le droit de ne même pas y penser. Je revendique ma liberté à ce qu'on ne commente pas mon attitude, mes vêtements, ma démarche, la forme de mes fesses, la taille de mes seins. Je revendique mon droit à la tranquillité, à la solitude, le droit de m'avancer sans avoir peur. Je ne veux pas seulement d'une liberté intérieure. Je veux la liberté de vivre dehors, à l'air libre, dans un monde qui est aussi un peu à moi.

Je ne suis pas une petite chose fragile. Je ne réclame pas d'être protégée mais de faire valoir mes droits à la sécurité et au respect. Et les hommes ne sont pas, loin s'en faut, tous des porcs. Combien sont‑ils, ces dernières semaines, à m'avoir éblouie, étonnée, ravie, par leur capacité à comprendre ce qui est en train de se jouer ? À m'avoir bouleversée par leur volonté de ne plus être complice, de changer le monde, de se libérer, eux aussi, de ces comportements ? Car au fond se cache, derrière cette soi‑disant liberté d'importuner, une vision terriblement déterministe du masculin1 : « un porc, tu nais ». Les hommes qui m'entourent rougissent et s'insurgent de ceux qui m'insultent. [...] Les hommes que je connais sont écœurés par cette vision rétrograde de la virilité. Mon fils sera, je l'espère, un homme libre. Libre, non pas d'importuner, mais libre de se définir autrement que comme un prédateur habité par des pulsions incontrôlables. Un homme qui sait séduire par les mille façons merveilleuses qu'ont les hommes de nous séduire.

Je ne suis pas une victime. Mais des millions de femmes le sont. C'est un fait et non un jugement moral ou une essentialisation2 des femmes. Et en moi, palpite la peur de toutes celles qui, dans les rues de milliers de villes du monde, marchent la tête baissée. Celles qu'on suit, qu'on harcèle, qu'on viole, qu'on insulte, qu'on traite comme des intruses dans les espaces publics. En moi résonne le cri de celles qui se terrent, qui ont honte, des parias qu'on jette à la rue parce qu'elles sont déshonorées. De celles qu'on cache sous de longs voiles noirs parce que leurs corps seraient une invitation à être importunée. Dans les rues du Caire, de New Delhi, de Lima, de Mossoul, de Kinshasa, de Casablanca, les femmes qui marchent s'inquiètent‑elles de la disparition de la séduction et de la galanterie ? Ont‑elles le droit, elles, de séduire, de choisir, d'importuner ?

J'espère qu'un jour ma fille marchera la nuit dans la rue, en minijupe et en décolleté, qu'elle fera seule le tour du monde, qu'elle prendra le métro à minuit sans avoir peur, sans même y penser. Le monde dans lequel elle vivra alors ne sera pas un monde puritain. Ce sera, j'en suis certaine, un monde plus juste, où l'espace de l'amour, de la jouissance, des jeux de la séduction ne seront que plus beaux et plus amples. À un point qu'on n'imagine même pas encore. (593 mots)
Leïla Slimani
« Un porc, tu nais ? », © Libération, 12 janvier 2018.

1. Qui pense qu'il est dans la « nature » de l'homme d'agir de telle ou telle manière.
2. Fait de réduire un individu (ou un groupe d'individus : ici, les femmes) à une seule de ses dimensions.
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Exercice 3

Question 1
Quel est le thème de l'extrait ci‑dessous ?


Question 2
Reformulez, en les contractant, les passages surlignés dans le premier paragraphe.


Question 3
a) Dans le second paragraphe, indiquez la thèse et reformulez‑la avec concision.

b) À quoi correspondent les autres passages ?


Question 4
Établissez le schéma argumentatif du texte en suivant ces étapes :
a) Indiquez les différentes idées et numérotez‑les.
b) Repérez les connecteurs logiques et précisez leur sens.
c) Relevez les liens logiques.


Question 5
Proposez une contraction de ce texte en 65 mots environ, en respectant le nombre de paragraphes, l'énonciation et la tonalité.
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Texte 4
[L]'égalité est un des trois éléments de la grande formule républicaine inscrite aux frontons de nombreux établissements de la République : « Liberté, Égalité, Fraternité ». Cette formule est tellement connue qu'elle s'est banalisée. On ne lui prête plus une attention suffisante... Pourtant, quand on veut tuer la République, on la supprime. Tel fut le cas en 1940 quand Pétain remplaça la belle formule par une autre : « Travail, Famille, Patrie ». Il le fit pour faire de la hiérarchie le fondement de son idéologie : le modèle du père remplace la référence au frère, à l'égal : à cette époque, le travail, c'est la sujétion au patron, la famille la sujétion au père et la patrie propose une même étymologie. Le citoyen doit toujours être soumis à plus fort que lui. Bien sûr, même aujourd'hui, personne ne s'oppose violemment aux valeurs du travail, de la famille ou de la patrie prises une par une. Mais c'est l'association des trois valeurs pour remplacer les trois références républicaines qui lui donne ce sens antirépublicain et dictatorial.

Autrement dit, l'égalité est, dans la formule républicaine, indissociable des deux autres termes, liberté et fraternité. Il n'y a pas de véritable liberté sans égalité, il n'y a pas de fraternité possible sans égalité. Et réciproquement : l'égalité ne doit contredire ni la liberté, ni la fraternité. Par exemple, une liberté n'a de sens que si chaque citoyen peut effectivement l'exercer. Que vaut la liberté, pour tous, de voyager, si seuls quelques‑uns ont les moyens financiers de voyager ? Que vaut la liberté, pour tous, d'aller au cinéma, si seuls des privilégiés peuvent se payer le ticket nécessaire ? (260 mots)
Alain Etchegoyen
article « Égalité », Guide républicain : l'idée républicaine aujourd'hui, 2004 © SCÉRÉN‑CNDP, Ministère de l'Éducation nationale, Delagrave.
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Retrouvez ci‑dessous une version plus longue du texte d'Alain Etchegoyen en 600 mots environ.

Texte 4 : version longue
Évidemment, nous ne sommes pas égaux naturellement : nous avons des tailles inégales, des poids inégaux, des talents inégaux, des forces physiques inégales. Nous ne pouvons pas tous être champion olympique ou prix Nobel. Une des merveilles de l'humanité réside dans les différences qui font que nous reconnaissons chaque femme et chaque homme comme une personne différente de toutes les autres personnes. La République ne nie pas cette réalité, ni ne veut supprimer les différences entre chaque homme et chaque femme. Mais elle leur reconnaît la même dignité et veut organiser la société pour que chacun ait les mêmes droits c'est‑à‑dire des droits égaux quelles que soient sa taille, sa force ou son intelligence. C'est le rôle de la Loi qui s'applique de façon égale à toutes les femmes et à tous les hommes de la République.

C'est pourquoi l'égalité est un des trois éléments de la grande formule républicaine inscrite aux frontons de nombreux établissements de la République : « Liberté, Égalité, Fraternité ». Cette formule est tellement connue qu'elle s'est banalisée. On ne lui prête plus une attention suffisante… Pourtant, quand on veut tuer la République, on la supprime. Tel fut le cas en 1940 quand Pétain remplaça la belle formule par une autre : « Travail, Famille, Patrie ». Il le fit pour faire de la hiérarchie le fondement de son idéologie : le modèle du père remplace la référence au frère, à l'égal : à cette époque, le travail c'est la sujétion au patron, la famille la sujétion au père et la patrie propose une même étymologie. Le citoyen doit toujours être soumis à plus fort que lui. Bien sûr, même aujourd'hui, personne ne s'oppose violemment aux valeurs du travail, de la famille ou de la patrie prises une par une. Mais c'est l'association des trois valeurs pour remplacer les trois références républicaines qui lui donne ce sens antirépublicain et dictatorial.

Autrement dit, l'égalité est, dans la formule républicaine, indissociable des deux autres termes, liberté et fraternité. Il n'y a pas de véritable liberté sans égalité, il n'y a pas de fraternité possible sans égalité. Et réciproquement : l'égalité ne doit contredire ni la liberté, ni la fraternité. Par exemple une liberté n'a de sens que si chaque citoyen peut effectivement l'exercer. Que vaut la liberté, pour tous, de voyager, si seuls quelques‑uns ont les moyens financiers de voyager ? Que vaut la liberté, pour tous, d'aller au cinéma, si seuls des privilégiés peuvent se payer le ticket nécessaire ?

C'est pourquoi, la République essaie de réduire les inégalités naturelles en prenant par exemple des mesures spéciales pour que les handicapés physiques aient le même accès aux lieux qu'ils ont envie de fréquenter. L'égalité est un idéal et un programme : elle n'est jamais acquise. Elle signifie que la République doit toujours progresser dans le sens de l'égalité. Elle doit par exemple faire en sorte que les hommes ne dominent pas les femmes, que les forts n'écrasent pas les faibles, que les dirigeants respectent les dirigés. Elle doit lutter contre les égoïsmes qui poussent certaines personnes à profiter des inégalités naturelles. En même temps, elle doit ne pas brimer la liberté de ceux qui travaillent ou se dépensent plus que les autres à l'école ou dans leur profession. Dans la République, les femmes et les hommes doivent avoir des droits égaux, quelles que soient leurs inégalités naturelles. Mais le sens de l'égalité implique que soient reconnus les efforts inégaux que font les uns et les autres. (578 mots)
Alain Etchegoyen
article « Égalité », Guide républicain : l'idée républicaine aujourd'hui, © SCÉRÉN‑CNDP, Ministère de l'Éducation nationale, Delagrave, 2004,
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Exercice 4

Question 1
Indiquez les idées principales de ce texte.


Question 2
Une contraction () en est proposée ci‑dessous. Complétez la grille d'évaluation puis réécrivez la contraction pour la rendre plus conforme aux attentes de l'exercice.
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Texte 5
Mais un des changements les plus importants dans la condition des femmes et un des facteurs les plus décisifs de la transformation de cette condition est sans nul doute l'accroissement de l'accès des filles à l'enseignement secondaire et supérieur qui, en relation avec les transformations des structures productives (notamment le développement des grandes administrations publiques ou privées et des nouvelles technologies sociales d'encadrement), a entraîné une modification très importante de la position des femmes dans la division du travail : on observe ainsi un fort accroissement de la représentation des femmes dans les professions intellectuelles ou l'administration et dans les différentes formes de vente de services symboliques – journalisme, télévision, cinéma, radio, relations publiques, publicité, décoration –, et aussi une intensification de leur participation aux professions proches de la définition traditionnelle des activités féminines (enseignement, assistance sociale, activités paramédicales). Cela dit, les diplômées ont trouvé leur principal débouché dans les professions intermédiaires moyennes (cadres administratifs moyens, techniciens, membres du personnel médical et social, etc.), mais elles restent pratiquement exclues des postes d'autorité et de responsabilité, notamment dans l'économie, les finances et la politique.

Les changements visibles des conditions cachent en effet des permanences dans les positions relatives : l'égalisation des chances d'accès et des taux de représentation ne doit pas masquer les inégalités qui subsistent dans la répartition entre les différentes filières scolaires et, du même coup, entre les carrières possibles. Plus nombreuses que les garçons à obtenir le baccalauréat et à faire des études universitaires, les filles sont beaucoup moins représentées dans les sections les plus cotées, leur représentation restant très inférieure dans les sections scientifiques alors qu'elle va croissant dans les sections littéraires. De même, dans les lycées professionnels, elles restent vouées aux spécialités traditionnellement considérées comme « féminines » et peu qualifiées (celles d'employé de collectivité ou de commerce, le secrétariat et les professions de santé), certaines spécialités (mécanique, électricité, électronique) étant pratiquement réservées aux garçons. Même permanence des inégalités dans les classes préparatoires aux grandes écoles scientifiques et dans ces écoles mêmes. Dans les facultés de médecine, la part des femmes décroît quand on s'élève dans la hiérarchie des spécialités, dont certaines, comme la chirurgie, leur sont pratiquement interdites, tandis que d'autres, comme la pédiatrie ou la gynécologie, leur sont en fait réservées. Comme on le voit, la structure se perpétue dans des couples d'oppositions homologues des divisions traditionnelles, telle l'opposition entre les grandes écoles et les facultés ou, à l'intérieur de celles‑ci, entre les facultés de droit et de médecine et les facultés de lettres, ou, à l'intérieur de ces dernières, entre la philosophie ou la sociologie et la psychologie et l'histoire de l'art. Et l'on sait que le même principe de division s'applique encore, au sein de chaque discipline, assignant aux hommes le plus noble, le plus synthétique, le plus théorique, et aux femmes, le plus analytique, le plus pratique, le moins prestigieux. (494 mots)
Pierre Bourdieu
La Domination masculine, © Éditions du Seuil, 1998.
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Affiche pour la campagne Beyond Curie

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Amanda Phingbodhipakkiya, affiche pour la campagne Beyond Curie (« Au‑delà de [Marie] Curie »), mettant en lumière les femmes scientifiques.
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Retrouvez ci‑dessous une version plus longue du texte de Pierre Bourdieu en 651 mots.

Texte 5 : version longue
De tous les facteurs de changement, les plus importants sont ceux qui sont liés à la transformation décisive de la fonction de l'institution scolaire dans la reproduction de la différence entre les genres, comme l'accroissement de l'accès des femmes à l'instruction et, corrélativement, à l'indépendance économique, et la transformation des structures familiales (conséquence notamment de l'élévation des taux de divorce) [...] De même, et plus banalement, l'accroissement du nombre des femmes qui travaillent n'a pas pu ne pas affecter la division des tâches domestiques et, du même coup, les modèles traditionnels masculins et féminins, avec, sans doute, des conséquences dans l'acquisition des dispositions sexuellement différenciées au sein de la famille : on a ainsi pu observer que les filles de mères qui travaillent ont des aspirations de carrière plus élevées et sont moins attachées au modèle traditionnel de la condition féminine.

Mais un des changements les plus importants dans la condition des femmes et un des facteurs les plus décisifs de la transformation de cette condition est sans nul doute l'accroissement de l'accès des filles à l'enseignement secondaire et supérieur qui, en relation avec les transformations des structures productives (notamment le développement des grandes administrations publiques ou privées et des nouvelles technologies sociales d'encadrement), a entraîné une modification très importante de la position des femmes dans la division du travail : on observe ainsi un fort accroissement de la représentation des femmes dans les professions intellectuelles ou l'administration et dans les différentes formes de vente de services symboliques – journalisme, télévision, cinéma, radio, relations publiques, publicité, décoration –, et aussi une intensification de leur participation aux professions proches de la définition traditionnelle des activités féminines (enseignement, assistance sociale, activités paramédicales). Cela dit, les diplômées ont trouvé leur principal débouché dans les professions intermédiaires moyennes (cadres administratifs moyens, techniciens, membres du personnel médical et social, etc.), mais elles restent pratiquement exclues des postes d'autorité et de responsabilité, notamment dans l'économie, les finances et la politique.

Les changements visibles des conditions cachent en effet des permanences dans les positions relatives : l'égalisation des chances d'accès et des taux de représentation ne doit pas masquer les inégalités qui subsistent dans la répartition entre les différentes filières scolaires et, du même coup, entre les carrières possibles. Plus nombreuses que les garçons à obtenir le baccalauréat et à faire des études universitaires, les filles sont beaucoup moins représentées dans les sections les plus cotées, leur représentation restant très inférieure dans les sections scientifiques alors qu'elle va croissant dans les sections littéraires. De même, dans les lycées professionnels, elles restent vouées aux spécialités traditionnellement considérées comme « féminines » et peu qualifiées (celles d'employé de collectivité ou de commerce, le secrétariat et les professions de santé), certaines spécialités (mécanique, électricité, électronique) étant pratiquement réservées aux garçons. Même permanence des inégalités dans les classes préparatoires aux grandes écoles scientifiques et dans ces écoles mêmes. Dans les facultés de médecine, la part des femmes décroît quand on s'élève dans la hiérarchie des spécialités, dont certaines, comme la chirurgie, leur sont pratiquement interdites, tandis que d'autres, comme la pédiatrie ou la gynécologie, leur sont en fait réservées. Comme on le voit, la structure se perpétue dans des couples d'oppositions homologues des divisions traditionnelles, telle l'opposition entre les grandes écoles et les facultés ou, à l'intérieur de celles‑ci, entre les facultés de droit et de médecine et les facultés de lettres, ou, à l'intérieur de ces dernières, entre la philosophie ou la sociologie et la psychologie et l'histoire de l'art. Et l'on sait que le même principe de division s'applique encore, au sein de chaque discipline, assignant aux hommes le plus noble, le plus synthétique, le plus théorique, et aux femmes, le plus analytique, le plus pratique, le moins prestigieux. [...]

Ainsi, à chaque niveau, malgré les effets de la sur‑sélection, l'égalité formelle entre les hommes et les femmes tend à dissimuler que, toutes choses étant égales par ailleurs, les femmes occupent toujours des positions moins favorisées. (651 mots)
Pierre Bourdieu
La Domination masculine, © Éditions du Seuil, 1998
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Contraction proposée

Le fait que les filles puissent faire des études au lycée puis à l'université a considérablement bouleversé la vie des femmes en modifiant leur place dans l'organisation et la répartition de l'activité économique : leur nombre est plus important dans les professions intellectuelles ou l'administration et dans les différentes formes de vente de services symboliques comme le journalisme, la télévision, le cinéma ou la publicité, mais les femmes sont également toujours majoritaires dans les professions traditionnellement féminines (enseignement, assistance sociale, activités paramédicales). Elles accèdent encore trop peu aux postes de direction, dans notre économie, les finances ou la politique.

L'auteur affirme que l'orientation scolaire des garçons et des filles dévoile un déséquilibre : quel que soit le type d'études suivies, du lycée professionnel à la faculté de médecine, les filières les plus prestigieuses ou qualifiantes sont moins choisies par les femmes, pourtant davantage diplômées. Partout, les activités les plus valorisées restent attribuées aux hommes. (156 mots)


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