Nous, les femmes de France [...], avons dès l'armistice pris notre place dans ce combat. Notre foyer disloqué, nos enfants mal chaussés, mal vêtus, mal nourris ont fait de notre vie depuis 1940 une bataille de chaque instant contre les Allemands. [...] Maintenant que tout le pays est un grand champ de bataille, les femmes de France assurent la relève des héros de la Résistance. Dans la grande armée sans uniforme du peuple français, la mobilisation des femmes les place à tous les échelons de la lutte : [...] messagères, agents de liaison, volontaires même dans les rangs des [...] francs‑tireurs [...].
Vous n'êtes qu'un prénom, Jeannette ou Cécile, mais arrêtées, torturées, déportées, exécutées, vous restez dures et pures, sans confidence pour le bourreau. N'est‑ce pas vous, héroïne anonyme qui, arrêtée par la Gestapo1, frappée au visage, défigurée, un œil perdu, vous évanouissant aux terribles coups de cravaches [...], êtes restée silencieuse ? [...]
Battues, méprisées, toutes seules devant la souffrance et la mort, [...] nous savons, nous, femmes de France, nous qui connaissons le prix de la vie, qu'il faut nos pleurs, nos souffrances et notre sang pour que naisse le beau monde de demain.
Police politique de l'Allemagne nazie.