Il acquit des muscles d'acier, une résistance accrue1 à toutes les agressions du
quotidien. [...] Sa vue, son odorat s'aiguisèrent de façon remarquable, son ouïe devint si fine qu'il percevait le moindre
bruit dans son sommeil et savait s'il annonçait paix ou danger. [...] Il ne se contentait
pas d'apprendre par l'expérience : des
instincts longtemps assoupis2 revivaient
dans son être, tandis que les générations
domestiquées s'en effaçaient3 . D'une
manière confuse, il retrouvait le souvenir
de la jeunesse de la race, au temps où des
chiens sauvages rodaient en meutes à travers les forêts des premiers âges et tuaient
la proie qu'ils capturaient.
Ce ne fut pas difficile pour lui d'apprendre à se battre à coups d'entailles, de
balafres et de morsures rapides comme celles du loup. C'était de cette façon que
s'étaient battus ses ancêtres oubliés. Ils
ranimaient en lui la vie des temps anciens,
et les vieilles ruses qu'ils avaient imprimées
dans l'hérédité de la race4 devenaient les siennes. Elles lui revenaient sans effort,
sans qu'il eût à les découvrir, comme si
elles lui avaient toujours appartenu.
1. Plus grande.
2. Endormis.
3. Les avaient oubliés (car ils n'étaient plus utiles pour des chiens domestiques).
4. Que ses ancêtres avaient inscrites dans les gènes de sa race.