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Partir à l’aventure !
Rencontrer des monstres : expérience de l’autre, expérience de soi
Créer, recréer le monde : récits des origines
Chanter et enchanter le monde : mots et merveilles
Se masquer, jouer, déjouer : ruses en action
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Chapitre 4
Texte et image 1
Parcours différenciés

Il arrache de son œil le pieu sanglant

✔ Je découvre l'aventure d'Ulysse contre le Cyclope, à l'origine de ses dix années d'errance

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Texte

Ulysse et ses compagnons rentrent chez eux en bateau après avoir fait la guerre pendant dix ans, à Troie. Alors qu'ils se sont arrêtés sur une île, le Cyclope Polyphème, un berger géant, les enferme dans sa grotte et dévore plusieurs d'entre eux. Ulysse tente une ruse : il enivre le monstre pour l'endormir et lui fait croire que son nom est « Personne ». Quelques années plus tard, il raconte cet épisode.

Le sommeil gagne le Cyclope. Du vin ainsi que des morceaux de chair humaine jaillissent de sa gorge. Il rote, l'ivrogne ! J'enfouis alors le pieu1 sous la cendre pour le chauffer. J'encourage mes compagnons, afin qu'aucun ne s'évanouisse de peur. Quand le pieu d'olivier commence à devenir rouge, je le retire du feu. Mes compagnons sont autour de moi. Soulevant le pieu pointu, ils l'enfoncent dans l'œil du Cyclope. Moi, appuyant dessus de tout mon poids, je le fais tourner […]. Polyphème pousse un rugissement, la roche en tremble, nous nous enfuyons apeurés. Alors, il arrache de son œil le pieu sanglant, le jette loin de lui, affolé, et appelle à grands cris les Cyclopes qui habitent dans les grottes alentour, sur les montagnes balayées par les vents.
En entendant ses cris, ces derniers accourent de partout et, debout devant la grotte, lui demandant la cause de sa peine :
« Quel mal t'accable, Polyphème, pour que tu cries ainsi dans la nuit immortelle et nous empêches de dormir ? Serait-ce qu'on te tue par la ruse ou la force ? »
Du fond de la grotte, le grand Polyphème s'écrie : « On me tue par la ruse, et non par la force, amis ! C'est Personne qui me tue ! »
 Les autres répondent : « Si tu es seul et que personne ne te fait violence, c'est donc un mal qui vient du grand Zeus, et nous n'y pouvons rien : demande plutôt de l'aide à ton père, Poséidon2 ! »
À ces mots ils s'en vont et je ris tout bas : lui dire que je m'appelais Personne l'avait bien trompé, j'avais été habile.
Gémissant de douleur, le Cyclope, en tâtonnant, va pousser le rocher qui sert de porte. Puis il s'assoit en travers de l'entrée, les deux mains tendues pour nous attraper au passage si nous voulions sortir […]. Je réfléchis donc à la façon dont nous pouvions quitter la grotte. Les béliers étaient là, des mâles bien nourris, à l'épaisse toison. Sans bruit, avec l'osier qui servait de lit au monstre infernal, je tresse des cordes. J'attache les béliers ensemble, trois par trois : chacun de mes compagnons s'accrochera sous le ventre de la bête du milieu ; et nous pourrons ainsi sortir cachés parmi le troupeau.

Ulysse et ses compagnons parviennent à s'échapper grâce à cette ruse. Une fois à bord de son navire, Ulysse crie à Polyphème :

« Cyclope, si jamais quelqu'un te demande qui t'a crevé l'œil, dis-lui que c'est Ulysse, le pilleur de Troie, le fils de Laërte, qui a sa demeure en Ithaque. »

Alors Polyphème, furieux, appelle son père :

« Exauce-moi, Poséidon, dieu à la chevelure d'azur. Si je suis vraiment ton fils et si tu prétends être mon père, accorde-moi que jamais il ne revienne en sa maison, cet Ulysse, le pilleur de Troie, le fils de Laërte qui a sa demeure en Ithaque. »
Homère,
Odyssée, chant IX, trad. Victor Bérard, 1931, adaptée par Cécile Bouché et Stanislaw Eon du Val.

1. Bâton de bois taillé en pointe.
2. Poséidon est le dieu de la mer.
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Homère

Placeholder pour Portrait d'HomèrePortrait d'Homère
Homère serait un aède (poète chanteur), pauvre et aveugle, qui aurait vécu au VIIIe siècle av. J.‑C. Il serait l'auteur de l'Iliade et de l'Odyssée.
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Placeholder pour Ulysse et ses compagnons aveuglant PolyphèmeUlysse et ses compagnons aveuglant Polyphème

Ulysse et ses compagnons aveuglant Polyphème, coupe laconienne à figures noires, vers 565-560 av. J.‑C.
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Parcours différenciés

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Questionnement : Texte 1

Pour commencer

1. Pourquoi peut-on dire que le Cyclope est un monstre ?

Comprendre et interpréter

2. Remettez dans l'ordre les différentes étapes de cet épisode :
1.

2.

3.

4.

5.

3. Pourquoi les autres cyclopes ne viennent-ils pas en aide à Polyphème lorsqu'ils l'entendent hurler de douleur ? Expliquez la ruse d'Ulysse.
4. a) À votre avis, pourquoi Ulysse donne-t-il son vrai nom au Cyclope ?
b) Pourquoi est-ce une terrible erreur ?
5.
Bilan

Quelles sont les qualités et les défauts d'Ulysse dans cet extrait ? Justifiez par deux exemples précis.
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