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Partir à l’aventure !
Rencontrer des monstres : expérience de l’autre, expérience de soi
Créer, recréer le monde : récits des origines
Chanter et enchanter le monde : mots et merveilles
Se masquer, jouer, déjouer : ruses en action
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Chapitre 5
Texte et image 1
Parcours différenciés

Des monstres à combattre

✔ Je découvre des monstres qui incitent le héros à faire preuve de courage

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Texte 1
Un animal épouvantable

Sans Malice, serviteur de la princesse Merveilleuse, et se marraine la fée Graminette contemplent depuis le sommet d'une montagne une ville près d'un lac. Sans Malice remarque que peu de gens s'y promènent et qu'ils semblent terrifiés.

Quelques habitants apparaissaient, il est vrai, de loin en loin, mais leurs habits de deuil1, l'air furtif2 avec lequel ils se coulaient le long des maisons, l'empressement qu'ils mettaient à se calfeutrer3 chez eux, sitôt revenus, témoignaient d'une grande terreur.
[Sans Malice] se toumait déjà vers sa marraine pour lui demander la raison d'une conduite si extraordinaire, lorsque, étendant la main, la fée lui dit :
« Regarde ! »
Alors Sans Malice vit l'eau du lac moutonner4 et bouillir, comme agitée par un volcan sous-marin... Tout à coup, un animal épouvantable sortit d'un flot d'écume5, et s'achemina lentement vers la Ville Rose. Ses griffes puissantes s'incrustaient profondément dans le sol. Son corps, de couleur verdâtre, était couvert d'écailles qui reluisaient comme des plaques de métal. Il fouettait l'air de sa queue longue de dix mètres, et secouait, en soufflant bruyamment, les coquillages attachés à sa carapace. Enfin, pour ajouter encore à l'horreur de sa physionomie6, ce monstre portait sur le haut du front une touffe de crins7 d'un rouge flamboyant ! Quand il fut à l'entrée de la plus belle rue, il s'arrêta et poussa un effroyable sifflement, auquel répondirent de toutes parts des plaintes lamentables...
Sans Malice, glacé d'effroi, le vit se dresser contre une des premières maisons, et plonger son épouvantable tête à travers les vitres d'une fenêtre. Il distingua aussitôt le bruit d'une lutte, des sanglots et des cris, et vit reparaître le monstre qui reprit le chemin de son antre8, tenant dans son énorme gueule cinq petits enfants. Trois d'entre ces infortunés9 étaient déjà morts, et leurs petites têtes bouclées pendaient inertes10 [...]. Les deux autres, à demi écrasés entre les triples mâchoires qui les étreignaient11, appelaient un secours d'une voix déchirante.
« C'est là son premier déjeuner », dit la fée.
N'écoutant que son courage, Sans Malice mesura du regard la hauteur qui le séparait du monstre pour se précipiter, mais Graminette le retint.
« Enfant, dit-elle d'une voix douce, méfie-toi de ces témérités irréfléchies qui compromettraient sans résultat la cause à laquelle tu t'es dévoué12 [...]. Apprends que le vrai courage n'exclut pas la prudence, et souviens-toi de ne jamais te jeter dans une entreprise, sans avoir médité auparavant le meilleur moyen d'en sortir à ton honneur ! »
Marie Régnier, dite Daniel Dar
La Princesse Méduse, 1880.

1. Habits noirs que l'on porte quand un proche est mort.
2. Qui cherche à passer inaperçu.
3. S'enfermer.
4. S'agiter et devenir blanche.
5. Mousse blanche à la surface de l'eau.
6. Apparence.
7. Poils longs et épais.
8. Sa caverne.
9. Malchanceux.
10. Sans vie.
11. Serraient fortement.
12. N'écoute pas ton courage sans réfléchir, car tu pourrais ne pas atteindre ton objectif.
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Marie Régnie

Marie Régnie (1840-1887) est une écrivaine française. Elle signait ses œuvres d'un pseudonyme masculin : Daniel Darc.
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Éclairage

Le merveilleux désigne un univers où des éléments surnaturels s'intègrent naturellement dans le monde réel. Créatures fabuleuses, objets magiques, lieux féeriques, événements impossibles : cet imaginaire particulier suscite l'émerveillement.
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Placeholder pour Image d'un dragon et d'un arbreImage d'un dragon et d'un arbre
Illustration de Leighton Pearce pour Poppyland (détail), 1914.
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Marie-Catherine d'Aulnoy

Placeholder pour Portrait de Marie-Catherine d'AulnoyPortrait de Marie-Catherine d'Aulnoy

Marie-Catherine d'Aulnoy (1652-1705) est l'une des premières autrices de contes merveilleux.
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Texte 2
Le géant Galifron

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Le chevalier Avenant est chargé par son roi d'aller demander, pour lui, la main de la Belle aux cheveux d'or. Celle-ci lui répond qu'il doit d'abord tuer un monstre qui veut lui aussi l'épouser.

« Il y a un prince, qui n'est pas éloigné d'ici, appelé Galifron, lequel s'était mis dans l'esprit de m'épouser. Il me fit déclarer son dessein1 avec des menaces épouvantables, que si je le refusais il désolerait2 mon royaume ; mais jugez si je pouvais l'accepter. C'est un géant qui est plus haut qu'une haute tour : il mange un homme comme un singe mange un marron. Quand il va à la campagne, il porte dans ses poches de petits canons dont il se sert de pistolets, et, lorsqu'il parle bien haut, ceux qui sont près de lui deviennent sourds. Je lui mandai3 que je ne voulais point me marier, et qu'il m'excusât. Cependant il n'a laissé4 de me persécuter. Il tue tous mes sujets, et avant toutes choses il faut vous battre contre lui et m'apporter sa tête. »
Avenant demeura un peu étourdi de cette proposition ; il rêva quelque temps, puis il [...] monta sur son beau cheval […]. Enfin, il arriva près du château de Galifron : tous les chemins étaient couverts d'os et de carcasses5 d'hommes qu'il avait mangés ou mis en pièces. Il ne l'attendit pas longtemps, qu'il le vit venir à travers un bois. Sa tête dépassait les plus grands arbres, et il chantait d'une voix épouvantable [...].
Quand [...] il aperçut Avenant l'épée à la main, qui lui dit deux ou trois injures pour l'irriter [...], il se mit dans une colère effroyable ; et prenant une massue toute de fer, il aurait assommé du premier coup le gentil Avenant sans un corbeau qui vint se mettre sur le haut de sa tête et, avec son bec, lui donna si juste dans les yeux qu'il les creva ; son sang coulait sur son visage, il était comme un désespéré, frappant de tous côtés. Avenant l'évitait et lui portait de grands coups d'épée qu'il enfonçait jusqu'à la garde6 , et qui lui faisaient mille blessures, par où il perdit tant de sang qu'il tomba. Aussitôt Avenant lui coupa la tête, bien ravi d'avoir été si heureux ; et le corbeau, qui s'était perché sur un arbre, lui dit : « Je n'ai pas oublié le service que vous me rendîtes en tuant l'aigle qui me poursuivait7 ; je vous promis de m'en acquitter : je crois l'avoir fait aujourd'hui.
– C'est moi qui vous dois tout, monsieur du corbeau, répliqua Avenant ; je demeure votre serviteur. » Il monta aussitôt à cheval, chargé de l'épouvantable tête de Galifron.
Quand il arriva dans la ville, tout le monde le suivait, et criait : « Voici le brave Avenant qui vient de tuer le monstre », de sorte que la princesse [...] vit entrer Avenant avec la tête du géant, qui ne laissa pas de lui faire encore peur, bien qu'il n'y eût plus rien à craindre. « Madame, lui dit-il, votre ennemi est mort, j'espère que vous ne refuserez plus le roi mon maître ? »
Marie-Catherine d'Aulnoy,
« La Belle aux cheveux d'or », 1697.

1. Souhait, ambition.
2. Ravagerait.
3. Répondis.
4. Il n'a pas cessé.
5. Restes de corps.
6. De toute la longueur de sa lame.
7. Le corbeau fait ici référence à une aventure précédente d'Avenant.
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Parcours différenciés

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Questionnement A
Texte 1

Pour commencer

1. Pourquoi le comportement des habitants de la Ville Rose est-il étrange ?

Comprendre et interpréter

2. Montrez que ce texte est extrait d'un conte « merveilleux » (▸ Éclairage).
3. Comment le monstre est-il décrit ? Relevez les principaux éléments qui font de lui une créature monstrueuse.
4.
Lexique

Montrez que la scène est effrayante aussi à cause de ce que l'on entend, en relevant le champ lexical du bruit (l. 9 à 27).
5.
a) Pourquoi Sans Malice veut-il affronter le monstre ?
b) Que lui conseille Graminette ?
À l'oral
Imaginez deux réponses opposées de Sans Malice aux dernières paroles de Graminette.

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Questionnement B
Texte 2

Pour commencer

1. a) Pourquoi Galifron est-il effrayant ?
b) De quel type de monstre s'agit-il ?

Comprendre et interpréter

2. Montrez que ce texte appartient à l'univers des contes « merveilleux » (▸ Éclairage).
3. a) Pourquoi Avenant est-il « un peu étourdi de cette proposition » (l. 19-20) ? Que ressent-il à votre avis ?
b) Montrez, en citant la suite du texte, que cette émotion était justifiée.
4.
Langue

Donnez la nature et la fonction de « votre serviteur » (l. 52).
5. Quelles qualités d'Avenant sont mises en avant par son combat contre Galifron ?
À l'oral
Quelle pourrait être la morale de ce texte ?

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Bilan commun

a) Dans ces contes, qu'est-ce que les monstres ont de monstrueux ?
b) Quelle(s) qualité(s) des héros mettent-ils en valeur ?
c) Qu'apprennent les héros grâce à leur rencontre avec un monstre ?
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