Il y avait avant que toutes les choses soient, sur la Terre et dans le ciel,
deux créatures très puissantes : le Guéla d'en haut et le Guéla d'en bas.
Un jour, un jour de silence, un jour de longue paix dans l'univers, le Guéla
d'en bas s'ennuya, et se mit à bâiller. Alors une motte d'argile sortit de sa bouche. Voyant cela, le Guéla d'en bas dit :
– Oh, je vais faire des hommes, des femmes, des poissons, des animaux
et des plantes avec cette argile.
[...] Le Guéla d'en bas versa du sang dans le corps des hommes, des
femmes, des poissons, des animaux, mais la vie ne vint pas en eux, ils restèrent froids comme des statues. [...]
Je vous parle d'un temps très lointain. En ce temps-là, la nuit opaque1 régnait sur la Terre, et le Guéla d'en bas devait à toute heure faire du
feu pour s'éclairer. La nuit habitait sur Terre mais le jour habitait au ciel.
Le temps était immobile. Or, voici que le Guéla d'en haut se penchant au bord du ciel vit que le Guéla d'en bas avait de beaux jouets d'argile.
Il lui dit :
– Eh, Guéla d'en bas, donne-moi quelques-uns de tes hommes, de
tes femmes, de tes poissons, de tes animaux, de tes plantes d'argile.
J'allumerai la vie en eux, et à toi, je te donnerai la lumière de mon soleil.
Le Guéla d'en bas répondit :
– D'accord, mais donne la vie d'abord.
Le Guéla d'en haut souffla la vie dans le corps des hommes, des
femmes, des poissons, des animaux, des plantes et il fit descendre sur
Terre la lumière du soleil. [...]
Et le Guéla d'en haut dit :
– Maintenant, Guéla d'en bas, tiens ta promesse. J'ai donné la vie à tes créatures d'argile,
je t'ai donné la lumière du soleil. En échange
donne-moi quelques-uns de tes hommes, de tes femmes, de tes poissons, de tes animaux,
de tes plantes.
Mais le Guéla d'en bas ne voulut rien entendre, il refusa de tenir sa
promesse et les deux Guéla se disputèrent.
Ils se disputeront jusqu'à la fin des temps, je vous le dis, et c'est un grand malheur. Car depuis le premier jour de leur dispute, le Guéla d'en
haut cherche à reprendre la vie qu'il a soufflée dans les corps terrestres.
Et à chaque fois que le Guéla d'en haut parvient à reprendre la vie dans le
corps des hommes, des femmes, des poissons, des animaux, des plantes,
un homme, une femme, un poisson, un animal ou une plante meurt. [...]
Ainsi va la vie.