Ce droit, que le général de Gaulle t'a accordé et qui fait de toi une vraie citoyenne, on ne t'en parle pas beaucoup. Peut-être as‑tu négligé de t'inscrire sur les listes électorales. Tu as ton métier, tes enfants, tes soucis, et tu ne crois pas que voter puisse changer ton sort. Mais pour la première fois depuis cinq ans, la France va choisir ses représentants et tu ne peux pas rester en dehors de ce choix. En effet, nous, les femmes, nous formons 62 % des électeurs. C'est une grosse majorité qui nous rend presque seules responsables du sort de notre pays. Et c'est bien ce qui effraie quelques hommes. Ils disent que nous ne connaissons rien à la politique et que nous voterons pour [...] le plus élégant. [...] Tu es seule, ton mari, ton fils ne sont pas encore revenus. [...] Ce n'est pas ta seule voix que tu apportes, mais aussi celle de ton mari prisonnier, de ton frère déporté ou de ton fils qui se bat sur le Rhin.