). Par lâcheté, il est entré dans une spirale tragique, mêlant mensonges et escroqueries,
dont l'issue a été l'élimination monstrueuse de ses proches (
Il ne s'agit pas cependant d'une banale double vie car derrière cette façade, il semble qu'il n'y ait rien. Le mensonge
n'a pas chez lui pour fonction de cacher une vérité inavouable (
), Emmanuel Carrère nous donne à lire ses interrogations d'écrivain,
ses doutes quant aux formes possibles du récit, son refus d'une version romancée qui nécessiterait une part
de jugement qu'il s'interdit. C'est ce tâtonnement qui a donné naissance au livre.
L'implication particulière de l'auteur
La fascination qu'exerce sur lui ce fait divers provient d'une obscure et inquiète proximité avec le meurtrier : comme
lui, il transforme la réalité puisqu'il est romancier ; comme lui, il passe de longues journées seul sans rien faire
(
). Mais il parvient à se distinguer du monstre en s'exprimant en son nom propre : le « je » est un gage de
vérité. Il peut alors plonger par l'écriture dans la conscience de Romand (
Ressource affichée de l'autre côté. Faites défiler pour voir la suite.
Une interrogation troublante pour une œuvre en suspens
« C'est ce qui en nous ment »
Par le travail de l'écriture, l'affaire Romand donne corps à un des cauchemars de notre société, résumé ainsi par
Luc Ladmiral : « peur de se perdre lui-même, de découvrir que derrière la façade sociale il n'était rien » (
) : multiplication des regards sur le
drame, propositions d'hypothèses... Il se défend cependant de juger, notamment la conversion mystique finale
du meurtrier. Au terme de l'œuvre, le monstre ne fascine plus