Jusqu'à ce qu'on ait terminé cette opération, sachez que celle-ci est absolument secrète, un secret d'État. Quand je vous présenterai le Plan attribué à notre région, les chiffres que vous entendrez, vous devrez les faire disparaître de votre tête. Ceux qui ne parviendront pas à extirper ces chiffres de leur tête devront se faire violence et les chasser d'une manière ou d'une autre, car la moindre diffusion de ces chiffres, la moindre mention de ces chiffres vous conduirait sur-le-champ devant un tribunal militaire [...]. Maintenant, quelques aspects techniques. Prenons, par exemple, le secteur de Tomsk, ou d'autres secteurs. Pour chacun d'entre eux, en moyenne, il faudra exécuter 1 000 individus et, dans certains cas,
jusqu'à 2 000. Que devra faire le responsable opérationnel du secteur quand il viendra sur place ? Trouver un lieu pour les exécutions et un lieu pour les inhumations. Si l'on enterre les cadavres dans un bois, par exemple, il faut au préalable découper la mousse, puis en recouvrir la terre fraîchement retournée pour masquer le lieu [...]. Notre appareil même ne doit absolument pas savoir où les individus ont été exécutés, personne ne doit rien savoir, car c'est de notre propre appareil qu'un jour ces informations pourraient bien sortir.