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Et d’étranges rêves Comme des soleils Couchants, sur les grèves, Fantômes vermeils, Défilent sans trêves, Défilent, pareils À de grands soleils Couchants sur les grèves. P. Verlaine, Poèmes saturniens, 1866.
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Et puis il disparaît Bouffé par l’escalier Et elle elle reste là Cœur en croix bouche ouverte Sans un cri sans un mot Elle connaît sa mort Elle vient de la croiser [...] Ses bras vont jusqu’à terre Ça y est elle a mille ans Jacques Brel, « Orly », 1977. |
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Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne, Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends. J’irai par la forêt, j’irai par la montagne. Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps. Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées, Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit, Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées, Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit. Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe, Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur, Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur. Victor Hugo, « Demain dès l’aube », Les Contemplations, 1856. |
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Le vent sonna plus profond ; sa voix s’abaissait puis montait. Des arbres parlèrent ; au-dessus des arbres le vent passa en ronflant sourdement. Il y avait des moments de grand silence, puis les chênes parlaient, puis les saules, puis les aulnes ; les peupliers sifflaient de gauche et de droite comme des queues de chevaux, puis tout d’un coup ils se taisaient tous. Alors la nuit gémissait tout doucement au fond du silence. Il faisait un froid serré. [...] Un frémissement de lumière grise coula sur la cime des arbres depuis le fond du val jusqu’aux abords du grand pic où la forêt finissait. On l’entendait là-haut battre contre le rocher. Le rocher s’éclaira. Il n’y avait pas de lumière dans le ciel, seulement là-bas vers l’est une blessure violette pleine de nuages. La lumière venait de la colline. Sortie la première de la nuit, noire comme une charbonnière, elle lançait une lumière douce vers le ciel plat ; la lumière retombait sur la terre avec un petit gémissement, elle sautait vers le rocher, il la lançait sur des collines rondes qui, tout de suite, sortaient de la nuit avec leurs dos forestiers. L’ombre coulait entre les bosquets et les coteaux, dans les vallons, le long des talus, derrière le grillage des lisières.
Jean Giono, Le Chant du monde, 1934. |
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