Le maître de ces beaux jardins fit jadis venir de la terre des Sarrazins1 ces plantes si florissantes [lui explique la jeune femme].
Puis j'entrai dans cette terre enchanteresse. Grande alors fut mon allégresse ! Je crus être, je vous le dis, dans le terrestre Paradis. Les oiseaux donnaient un concert si délicieux qu'on aurait dit qu'il venait des Cieux. Les chants étaient si doux, si beaux, qu'ils ne ressemblaient pas à des chants d'oiseaux.
Je m'engage alors à droite dans un sentier tout parfumé, semé de menthe et de fenouil. Ce verger couvrait un espace carré dont chaque immense face formait des angles réguliers. Toutes les espèces d'arbres fruitiers étaient présentes. De tous côtés claires fontaines, sans crapauds ni bêtes vilaines, coulaient sous le feuillage ombreux. Le gazon était si frais que l'on aurait pu y faire coucher son amoureuse. La terre était toute peinte et bariolée de fleurs de diverses couleurs aux délicieuses odeurs.