Pour Buck tout était un plaisir infini : cette chasse, cette pêche, l'errance1 illimitée dans des endroits inconnus. Pendant des semaines entières,
ils progressaient régulièrement, jour après jour ; et pendant d'autres
semaines ils campaient çà et là ; les chiens paressaient, les hommes creusaient des trous en faisant fondre la boue et le gravier glacés et lavaient
d'innombrables batées2 à la chaleur du feu. Tantôt ils avaient faim, tantôt ils faisaient bruyamment la fête, selon l'abondance du gibier et leur
chance à la chasse. L'été arriva ; les chiens et les hommes, avec leurs
paquets sur le dos, traversèrent en radeau des lacs de montagne bleus,
et descendirent ou remontèrent le cours de rivières inconnues sur des
bateaux étroits taillés dans la forêt environnante.
Les mois s'écoulaient, et ils erraient et multipliaient les allées et venues
à travers l'immensité inconnue des cartes, où ne vivait aucun homme et
où pourtant des hommes avaient vécu, si l'histoire de la hutte3 perdue
était vraie.
1. Action de marcher
longtemps, sans
but précis.
2. Sorte de grande
assiette utilisée pour
séparer l'or de la boue
et des graviers.
3. Cabane.