On voit la petite fille qui frappe à la porte devant la maison de la grand-mère. Noir. Quelques instants plus tard, la petite fille est entrée. Le loup
est dans le lit de la grand-mère, caché sous le drap.
LA PETITE FILLE (effrayée). – Je peux, je voulais te dire que ça ne sent pas non plus très bon chez toi mémé, ça sent un peu le renfermé, tu devrais
ouvrir un peu plus souvent ta porte quand il fait beau dehors, l'air est
vraiment meilleur à l'extérieur.
LE LOUP (toujours sous le drap). – Oui c'est vrai, mais viens, j'ai hâte que
tu m'embrasses, nous sommes tellement tranquilles ici tous les deux.
LA PETITE FILLE. – Oui c'est vrai, mais je vais poser mon flan d'abord, c'est
un flan que j'ai fait pour toi tu sais parce que ma mère me l'a demandé.
LE LOUP. – Ah bon.
LA PETITE FILLE. – Oui je m'assois un peu quand même sur le tabouret là.
LE LOUP. – On dirait que tu n'as pas envie de t'approcher de ta
grand-mère.
LA PETITE FILLE. – Oh non, c'est seulement que je suis un peu fatiguée
alors je fais seulement une petite pause à cause de mes jambes qui ont
trop marché dehors pour venir jusqu'ici.
LE LOUP. – Tu pourrais mieux te reposer les jambes en t'asseyant là sur le lit à côté de moi.
LA PETITE FILLE. – C'est ma mère qui m'a demandé de faire
ce flan pour toi, j'espère que tu vas en manger et que tu
vas l'aimer, ma mère ne croyait pas que je serais capable
de faire toute seule un flan, elle me croit encore vraiment petite, et finalement je crois qu'elle ne me croit pas encore
capable d'avoir des responsabilités dans la vie, les mères
c'est toujours comme ça non ? C'est pénible.
LE LOUP (impatient). – Oui, viens plus près de moi.
LA PETITE FILLE (de plus en plus effrayée). – Ma mère et moi, on s'entend bien mais des fois c'est vrai j'ai un petit
peu du mal à la supporter, elle s'inquiète de tout, alors elle
en devient vraiment pénible, elle me prend pour une enfant.
LE LOUP (de plus en plus impatient). – Nous les mamans
on s'inquiète beaucoup oui c'est vrai, viens plus près de moi.
LA PETITE FILLE. – Quand elle était petite fille aussi et que tu étais déjà sa
maman, toi aussi tu t'inquiétais quand elle partait de la maison ?
LE LOUP (s'énervant). – Oh oui, mais viens.
LA PETITE FILLE. – Quand je serai grande moi je ne m'inquiéterai pas
pour rien.
LE LOUP. – Viens.
LA PETITE FILLE. – Est-ce que tu veux que je vienne m'asseoir sur le lit là
à côté de toi ?
LE LOUP. – Oui parce que sinon je crois que je vais m'endormir tellement
je suis fatiguée et je ne t'aurais pas vraiment vue tellement tu es loin de
moi on dirait.
LA PETITE FILLE. – Alors oui j'arrive.
La petite fille se lève mais ne bouge pas.
LE LOUP (s'énervant de plus en plus). – Qu'est-ce que tu fais ?
LA PETITE FILLE. – Je pense encore à ma mère.
LE LOUP. – C'est pas possible !