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Avant la lecture
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des mots suivants :
« imposture »,
« charlatan » et
« bonimenteur ».
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Éclairage
Au XVIIe siècle,
pour être médecin,
une longue formation
scientifique n'est pas
nécessaire. Il suffit
de parler latin, d'avoir
un « certificat de
bonnes mœurs »,
d'être catholique et
de savoir raisonner.
Faire de Sganarelle un
faux médecin permet à
Molière de faire la satire
de ce corps de métier
auquel il reproche
son incompétence
et sa cupidité.
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Texte
Sganarelle, déguisé en médecin, se retrouve devant Lucinde et son
père Géronte. Celui-ci explique à Sganarelle que sa fille est récemment
devenue muette.
Acte II, scène 4
LUCINDE, VALÈRE, GÉRONTE, LUCAS, SGANARELLE, JACQUELINE1
SGANARELLE, se tournant vers la malade. – Donnez-moi votre bras. Voilà
un pouls qui marque que votre fille est muette.
GÉRONTE. – Eh oui, Monsieur, c'est là son mal. Vous l'avez trouvé tout
du premier coup.
SGANARELLE. – Ah ! ah !
JACQUELINE. – Voyez comme il a deviné sa maladie !
SGANARELLE. – Nous autres grands médecins, nous connaissons d'abord2
les choses. Un ignorant aurait été embarrassé, et vous eût été dire : « C'est
ceci, c'est cela. » Mais moi, je touche au but du premier coup, et je vous
apprends que votre fille est muette.
GÉRONTE. – Oui, mais je voudrais bien que vous me puissiez dire d'où
cela vient.
SGANARELLE. – Il n'est rien de plus aisé : cela vient de ce qu'elle a perdu
la parole.
GÉRONTE. – Fort bien. Mais la cause, s'il vous plaît, qui fait qu'elle a
perdu la parole ?
SGANARELLE. – Tous nos meilleurs auteurs vous
diront que c'est l'empêchement de l'action de sa
langue.
GÉRONTE. – Mais encore, vos sentiments sur cet
empêchement de l'action de sa langue ?
SGANARELLE. – Aristote3 là-dessus dit... de fort
belles choses.
GÉRONTE. – Je le crois.
SGANARELLE. – Ah ! c'était un grand homme ! [...]
Grand homme tout à fait : un homme qui était plus
grand que moi de tout cela. Pour revenir donc à
notre raisonnement, je tiens que cet empêchement
de l'action de sa langue est causé par certaines humeurs, qu'entre nous
autres savants nous appelons humeurs4 peccantes ; peccantes, c'est-à-dire
humeurs peccantes ; d'autant que les vapeurs formées par les exhalaisons5 des influences, qui s'élèvent dans la région des maladies, venant...
pour ainsi dire... à... Entendez-vous6 le latin ?
GÉRONTE. – En aucune façon.
SGANARELLE, se levant avec étonnement. – Vous n'entendez point le
latin !
GÉRONTE. – Non.
Molière,
Le Médecin malgré lui, acte II, scène 4, 1666. Texte modernisé.
1. Servante de Géronte. 2. Immédiatement. 3. Philosophe très célèbre
de l'Antiquité. 4. Jusqu'au XVIIIe siècle,
la médecine se réfère
beaucoup à la théorie
des « humeurs » selon
laquelle, pour être en
bonne santé, il faut que
les liquides du corps
(les humeurs) soient
bien équilibrés. 5. Gaz. 6. Comprenez-vous.
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Le Médecin malgré lui, mise
en scène de Jean Liermier,
théâtre Nanterre-Amandiers, 2007.
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Parcours différenciés
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Questionnement A
Pour commencer
1. Pourquoi Sganarelle n'est-il pas crédible comme médecin ?
2. Comment les autres personnages réagissent-ils ?
Comprendre et interpréter
3.
Langue
Donnez la nature et la fonction de « muette » (l. 2) (▸ Leçons