Français 1re

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Repères - Histoire
Partie 1 • Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle
L’épopée antique et la chanson de geste
Récits comiques médiévaux et humanistes
Fictions baroques
Le classicisme
Les romans épistolaires
Le romantisme
Le réalisme
Le naturalisme
Les récits de guerre
L’exploration de la conscience
Interroger l’existence humaine
Le Nouveau Roman
Les récits de vie
Partie 2 • La littérature d’idées du XVIe au XVIIIe siècle
L’humanisme à la Renaissance
Le baroque
Le libertinage
Les moralistes de l’époque classique
Les philosophes des Lumières
Partie 3 • Le théâtre du XVIIe au XXIe siècle
Le théâtre baroque
La tragédie classique
La comédie classique
Le théâtre au siècle des Lumières
Le drame romantique et le théâtre de boulevard
Les réécritures des mythes antiques
Du théâtre de la cruauté au théâtre de l’absurde
Le théâtre engagé
Les nouvelles formes de théâtre
Partie 4 • La poésie du XIXe au XXIe siècle
La poésie romantique
Le Parnasse
Les poètes maudits
Le symbolisme
Le surréalisme et l’OuLiPo
La poésie engagée : Résistance, négritude, créolité
La poésie contemporaine
Pour aller plus loin
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Chapitre 1.2
Texte 4

Guillaume de Lorris, Le Roman de la Rose (1230-1235)

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Texte

La première partie du roman raconte les aventures d'un jeune homme pour séduire un bouton de rose, métaphore de la femme aimée. Dans ce passage, le dieu Amour lui enseigne les règles de la fin'amor.

Je veux maintenant te résumer ce que je t'ai dit, car la parole est plus facile à retenir quand elle est brève. Celui qui veut faire d'Amour son maître doit être courtois et sans orgueil, qu'il soit toujours élégant et gai, et réputé pour sa largesse1. Ensuite, je te donne cette pénitence2 : que nuit et jour, sans regret, l'amour occupe tes pensées. Penses‑y toujours et sans cesse, et rappelle‑toi l'heure délicieuse dont la joie tarde tant pour toi. Pour que tu sois un parfait amant, je veux et commande que tu aies mis tout ton cœur en un seul lieu si bien qu'il n'y soit pas à moitié, mais entièrement, sans tricher car je n'aime pas partager. Quand on disperse son cœur en de nombreux endroits, on n'en donne partout qu'une petite part ; mais je ne redoute rien de celui qui en un seul lieu met tout son cœur. Pour cette raison, je veux que tu le mettes en un seul lieu, mais gardetoi bien de le prêter, car si tu l'avais prêté, ce serait à mes yeux une infamie3. Donne‑le au contraire sans restriction, ton mérite en sera plus grand : l'avantage qu'on retire d'une chose prêtée est vite rendu et acquitté, mais pour une chose qu'on a donnée, grande doit être la récompense. Donne‑le donc totalement, et fais‑le de bonne grâce : l'on doit faire grand cas de ce qu'on donne avec le sourire, et je n'accorde pas la moindre valeur à ce qu'on donne à contrecœur. Dès que tu auras donné ton cœur comme je te l'ai dit dans mon prêche4, ce sera alors pour toi le temps des aventures qui pour les amants sont douloureuses et dures. Souvent, quand tu te souviendras de ton amour, tu seras contraint de t'éloigner des gens pour qu'ils ne puissent remarquer les maux qui te serrent le cœur. Tu t'en iras tout seul de ton côté. Ce sera alors le temps des soupirs et des plaintes, des frissons et d'autres douleurs en grand nombre. De plusieurs manières tu seras tourmenté, tantôt brûlant et tantôt glacé, tout rouge un moment et à un autre livide. Jamais tu n'eus d'aussi mauvaises fièvres, ni quotidiennes, ni quartes5. Tu auras, avant de t'en aller, éprouvé toutes les douleurs de l'amour. Il t'arrivera aussi, et plus d'une fois, que, tout à tes pensées, tu sois absent à toi‑même et qu'un long moment tu sois comme une statue muette qui ne bouge ni ne remue, sans bouger ni pieds ni mains ni doigt, sans te déplacer et sans parler. Au bout d'un moment, tu recouvreras tes esprits et, en revenant à toi, tu sursauteras de frayeur ; […] tu soupireras du fond du cœur, car sache bien que c'est ce que font ceux qui ont éprouvé les maux qui te bouleversent en ce moment. Ensuite, il est naturel que tu te souviennes que ton amie est bien loin ; et tu diras alors : « Mon Dieu, comme je suis abject de ne pas aller là où se trouve mon cœur ! Pourquoi n'y envoyer que mon cœur ? Toujours je pense à elle et d'elle je ne vois rien ! […] J'irai donc, je ne le supporterai plus, jamais je ne serai heureux avant d'en avoir quelque trace. »
Vers 2225 à 2317, traduit de l'ancien français par Jean Dufournet, © Éditions Flammarion, 1999.
1. Générosité.
2. Châtiment.
3. Déshonneur.
4. Discours.
5. Fièvres chroniques dont les accès reviennent tous les quatre jours.
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Éclairage

Le Roman de la Rose connut un immense succès puisqu'il fut l'œuvre profane la plus lue au Moyen Âge, avec la Divine Comédie de Dante. C'est l'œuvre médiévale en français dont on a conservé le plus de manuscrits : environ trois cents ! Il suscita de plus une célèbre querelle. Rendez vous du manuel pour en savoir plus.
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Ressource complémentaire

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Questions

1. En quoi ce discours est-il une leçon d'amour ?

2.
Grammaire
Analysez l'interrogation dans la phrase soulignée. Reformulez en commençant par « Il se demanda » et expliquez les modifications opérées.
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