Terre de granit, pauvre et rude, le Morvan a, dès longtemps, été incapable de faire vivre ses habitants des seules ressources agricoles. Les Morvandiaux s'efforcèrent donc d'ajouter d'autres activités au travail de la terre, et, dès le début du XIX^e siècle, au moins, l'industrie des nourrices leur apporta un complément de ressources. Il s'agissait surtout alors d'enfants de la ville, parisiens notamment, placés chez l'habitant. [...] Mais le pays était éloigné de près de 300 km de la capitale, d'accès difficile, faute de bonnes routes, et l'industrie nourricière n'avait pu prendre un bien grand développement. Les choses changèrent dans le deuxième quart du XIX^e siècle. [...] Des routes carrossables furent ouvertes à travers le massif [...]. De 1830 à 1850, la longueur totale des routes [...] du Morvan tripla, à la fin du siècle elle était décuplée [...]. Et surtout, la construction de voies ferrées passant à faible distance du Morvan [...] facilita et multiplia les relations avec la capitale. [...] Très vite, l'industrie nourricière prit de l'ampleur et s'augmenta d'une forme nouvelle. [...] L'émigration des nourrices, naguère exceptionnelle, et pratiquée seulement par les femmes les plus pauvres, prit un grand développement. Ce changement fut encouragé par de plus grandes possibilités de placement : au lieu que dans la première moitié du siècle, seules les Parisiennes riches ou malades prenaient des nourrices chez elles, sous le Second Empire « presque toutes les familles un peu aisées » voulurent avoir une nourrice à domicile.