Français 1re

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Repères - Histoire
Partie 1 • Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle
L’épopée antique et la chanson de geste
La fin’amor et les romans de chevalerie
Récits comiques médiévaux et humanistes
Fictions baroques
Le classicisme
Les romans épistolaires
Le romantisme
Le réalisme
Le naturalisme
Les récits de guerre
L’exploration de la conscience
Interroger l’existence humaine
Le Nouveau Roman
Les récits de vie
Partie 2 • La littérature d’idées du XVIe au XVIIIe siècle
L’humanisme à la Renaissance
Le baroque
Le libertinage
Les moralistes de l’époque classique
Les philosophes des Lumières
Partie 3 • Le théâtre du XVIIe au XXIe siècle
Le théâtre baroque
La tragédie classique
La comédie classique
Le théâtre au siècle des Lumières
Le drame romantique et le théâtre de boulevard
Les réécritures des mythes antiques
Du théâtre de la cruauté au théâtre de l’absurde
Le théâtre engagé
Les nouvelles formes de théâtre
Partie 4 • La poésie du XIXe au XXIe siècle
La poésie romantique
Le Parnasse
Les poètes maudits
Le symbolisme
Le surréalisme et l’OuLiPo
La poésie engagée : Résistance, négritude, créolité
La poésie contemporaine
Pour aller plus loin
Langue
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Annexes
Révisions
Méthode
Contraction

Relire sa contraction de texte

8 professeurs ont participé à cette page
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À l'occasion de la relecture de votre copie ou de celle d'un(e) camarade, vérifiez que les critères suivants sont respecté :

Comprendre les enjeux du texte‑support
OuiNon
Le thème général du texte est identifié.
L'objectif général du texte, autrement dit la thèse soutenue par l'auteur(trice), est compris et reformulé.
La progression de l'argumentation est comprise.
Les différents arguments développés par l'auteur(trice) sont repérés.
Les idées principales ont été sélectionnées alors que les éléments secondaires (digressions, répétitions, citations annexes, etc. ) ne figurent pas dans la contraction proposée.
Les exemples ont été analysés en vue de leur suppression ou de leur maintien.

Proposer une contraction efficace
OuiNon
Cohérence de la contraction :
  • L'ordre du texte est conservé et la progression argumentative est restituée.
  • Des connecteurs logiques ou une ponctuation signifiante sont employés à bon escient pour rendre apparentes les étapes du raisonnement de l'auteur(trice).
Fidélité au texte initial :
  • L'énonciation choisie par l'auteur(trice) est respectée.
  • La tonalité dominante du texte est identifiée et restituée.

Principes rédactionnels :
  • Les idées de l'auteur(trice) sont reformulées avec soin ; la contraction n'est pas un montage de citations du texte initial.
  • Les principaux procédés d'écriture ou types de phrases dominants sont reproduits.
  • La contraction ne présente aucune intervention ni aucun commentaire personnel.

Esprit de synthèse :
  • Le texte de l'auteur(trice) est contracté au quart de sa longueur.
  • L'écart toléré de 10 % en plus ou en moins est respecté.
  • Le décompte final exact des mots est noté en fin de devoir.

Soigner l'expression écrite (orthographe, syntaxe, ponctuation)
OuiNon
Le vocabulaire employé est précis et approprié.
L'orthographe grammaticale et lexicale est vérifiée et exacte.
Les phrases sont formulées correctement.

Respecter les conventions d'écriture
OuiNon
La présentation du texte est reproduite (même nombre de paragraphes).
La contraction de texte est intégralement rédigée : elle ne comporte aucune abréviation.
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Supplément numérique

Voici deux moyens mnémotechniques pour retenir plus facilement les principaux critères d'évaluation de la contraction de texte.

ICLOUD
I ➜ IDENTIFIER le thème, la thèse et les arguments du texte.
C ➜ CONSERVER l'ordre et la progression argumentative du texte.
L ➜ LIER les étapes du raisonnement par des connecteurs.
O ➜ OPTER pour une reformulation soignée des principales idées.
U ➜ UTILISER une langue correcte et claire.
D ➜ DÉCOMPTER les mots.

TIERCE
T ➜ TEXTE traité dans son intégralité.
I ➜ IDÉES PRINCIPALES relevées et idées secondaires laissées de côté.
E ➜ ÉNONCIATION du texte initial respectée.
R ➜ REFORMULATIONS précises et travaillées.
C ➜ COMPTAGE des mots à ne pas oublier !
E ➜ EXPRESSION soignée.

À vous de jouer ! En binôme, inventez le vôtre, proposez‑le à la classe et votez pour le plus pertinent !
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Vérifier

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1

Choisissez la bonne réponse.

1. Vous devez conserver le plan du texte et ses choix énonciatifs.


2. Vous pouvez exprimer votre opinion sur le texte à contracter.


3. La maitrise de la langue est importante mais seule l'orthographe est évaluée.


4. Vous ne risquez aucune pénalité en cas de dépassement du nombre de mots.


5. Pour conserver le sens du texte, vous devez reformuler tous les exemples.


6. C'est le correcteur ou la correctrice qui compte le nombre de mots de votre contraction.
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S'exercer

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2

Lisez attentivement le texte‑support extrait de L'Aventure de Roger Mathé (226 mots) puis l'extrait de la copie ci‑dessous.

Le mot « aventurier » fait naître des sentiments ambigus : admiration pour l'homme qui ose et fait bon marché de sa vie, méfiance à l'égard d'un individu en marge dont l'action, même louable, heurte l'opinion publique. Il est indéniable que l'aventurier, dans l'ordre de l'action ou dans le domaine de la pensée, porte en lui des virtualités héroïques. Le Grand Larousse Encyclopédique le définit : « Qui cherche la gloire par les armes ». Définition désuète et restreinte : il est, depuis longtemps, d'autres aventures que les hasards des combats.
Il existe, en effet, une autre catégorie d'aventuriers, hommes d'action, hommes de science ou de foi. Eux aussi, à leur manière, s'engagent dans des entreprises hasardeuses. L'amour du risque les exalte, les incite à se surpasser. À la différence des précédents, ils sont désintéressés, le désir de servir les anime, même s'ils usent de violence. Au Moyen‑Âge, il y eut des chevaliers errants – Don Quichotte est leur parodie littéraire –, en toute période troublée, des conspirateurs. Certes, ils font bon marché de leur vie, de la vie des autres ; mais le mobile qui les voue à l'aventure, si discutable soit‑il, reste noble : ils servent une cause qu'ils croient juste, ils assouvissent une vengeance qu'ils jugent légitime. Ils jouent un jeu dangereux pour le triomphe d'un parti. (226 mots)
Roger Mathé
L'Aventure, Bordas, 1972.
Copie : Un aventurier peut être admiré mais aussi détesté par l'opinion publique, le plus souvent adoré. Tout de même, il existe bien d'autres types d'aventuriers dans le monde comme les hommes de science ou même les hommes de foi, qui sans être mobiles vivent une vie d'aventures et de découvertes.
(53  mots)
a. À l'appui de la , annotez cette copie avec des remarques précises.

b. À votre tour, proposez une contraction de ce même texte.
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3

Lisez cet autre extrait de L'Aventure de Roger Mathé (272 mots).

D'abord [l'aventure] nous divertit, en faisant craquer le cercle de nos habitudes. Après l'aventure, nous avons des chances de vivre dans des conditions tout autres que précédemment. Pendant l'aventure, nous sommes affranchis de nos soucis routiniers, nous vivons à un rythme exaltant ; l'ennui, le chagrin, la peur du lendemain s'estompent. Nous avons, en vivant l'aventure, un sentiment de libération : du fait que nos habitudes, notre mode de vie sont bouleversés, nous sentons se relâcher nos liens avec le passé et les contraintes sociales, légales. Nous devenons disponibles, prêts à une existence vierge, — impression enivrante qui nous donne l'illusion que nous ne pesons plus sur terre de notre poids d'homme. Mirage, sans doute, dans la plupart des cas. Seules les grandes aventures, celles qui mettent la vie en jeu, guerre, complot, révolution libèrent intégralement ceux qui les vivent.
En outre, confrontés à un état de choses inattendu, nous sommes obligés de faire un effort sur nous-mêmes pour nous adapter à des circonstances inconnues. Si banale soit‑elle — simple incident de voyage — l'aventure nous contraint à nous dépasser, en montrant présence d'esprit, souplesse, parfois courage et endurance. Bref ce qu'il y a de meilleur en nous est sollicité, mis à profit. Une fois le cap franchi, nous risquons d'être meilleurs : peut‑être avons‑nous été débarrassés de préventions, de craintes futiles. Nos vertus, mises à l'épreuve, se seront épanouies. Les caprices du sort ont pu nous ménager de bénéfiques contacts. En un mot l'aventure est enrichissante. Nous faisons peau neuve et notre nouvelle enveloppe est de matière plus rare. (272 mots)
Roger Mathé
L'Aventure, Bordas, 1972.
a. Par groupe de trois, relevez ensemble les défauts des six copies suivantes.

Copie 1 : L'aventure bouleverse notre quotidien. Notre vie change durant celle‑ci. Nous vivons à 100 km/h sans penser au quotidien. Nous éprouvons des sentiments jamais ressentis auparavant comme la liberté et cette impression d'être prêts pour une nouvelle existence. Elle est tout d'abord un dépassement de soi, dépasser nos propres limites et d'acquérir les compétences d'aventurier. Cela permet de faire ressortir le meilleur de nous et peut‑être même de découvrir une nouvelle personne. (80  mots)

Copie 2 : D'abord elle nous divertit en cassant nos habitudes. Pendant l'aventure vivant à un rythme exaltant, l'ennui s'estompe. Nous avons un sentiment de libération, notre mode de vie est bouleversé, nous sentons nos liens avec le passé et les contraintes sociales se relâcher. Nous devenons disponibles, prêts à une nouvelle vie. Seules les aventures qui mettent la vie en jeu libèrent ceux qui les vivent.
En outre, confrontés à des choses inattendues, nous nous adaptons à des circonstances inconnues. L'aventure nous contraint à nous dépasser et ressort ce qu'il y a de meilleur en nous à long terme en nous débarrassant de préventions, et en épanouissant nos vertus. En un mot, l'aventure est enrichissante. (120  mots)

Copie 3 : Dans un premier temps, elle nous occupe, change totalement notre façon de vivre mais aussi d'oublier tout souci habituel de nos vies.
Puis elle peut nous obliger à changer nos façons de penser, nos comportements. Elle nous fait nous surpasser, on devient de meilleures personnes. Nous avons tous besoin de changer d'avis et de s'évader pour nous vider l'esprit. (63 mots)

Copie 4 : Pour commencer, expérimenter l'aventure peut être un soulagement grâce à cette occupation qui nous diffère de la vie. Néanmoins, ce n'est pas une tâche facile. Elle nous attend à des péripéties qui nous forcent à nous surmonter.(34 mots)

Copie 5 : Premièrement, nous divertit, en changeant nos habitudes. Pendant l'aventure, nous sommes affranchis de nos problèmes routiniers, nous vivons à un rythme exaltant. Cette sensation de l'échec du lendemain disparaît. L'aventure nous rend plus légers, plus libérables, malgré nos rituels déréglés. Le passé s'éloigne de nous. Nous nous engageons dans une nouvelle vie. Seules les grandes aventures, celles qui changent le cours de plusieurs vies sont totalement libérables.
Entre outre, confronté à un tas de choses imprévisibles. L'aventure met en avant ce qu'il y a de meilleur en nous. L'expérience réalisée nous rendra meilleurs ou plus mauvais.
En un seul mot l'aventure est : Bénéfique.(111 mots)

Copie 6 : Premièrement, elle nous fait contourner le quotidien, elle nous donne la possibilité de changer notre façon de vivre.
Elle permet de nous faire oublier le lendemain, de nous sentir nouveau, mais les aventures les plus conséquentes sont les plus dangereuses.
De ce fait, il faudra se surpasser mentalement et peut‑être même physiquement car l'aventurier cherche en nous le meilleur.
En un seul mot l'aventure est : Bénéfique. (61 mots)

b. Individuellement, proposez les corrections qui s'imposent en rédigeant votre propre contraction de ce texte.

c. À tour de rôle, lisez votre contraction et notez les passages qui paraissent encore confus ou inexacts. Corrigez‑vous ensemble.
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Vers le bac

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4

Entrainez‑vous individuellement ou en binôme sur les textes de votre porte‑vues collectif (voir ) ou sur les textes de longueur variable proposés ci‑dessous.
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Texte 1
349 mots.

Contractez ce texte en 87 mots, +/- 10 % : votre contraction fera entre 78 et 96 mots.

L'homme forme avec la nature un très vieux couple, indissolublement uni, bien qu'assez orageux. Au commencement, l'homme démuni de tout, menacé de toutes parts, n'était que le plus faible et le moins adapté des animaux. C'est que sa vocation – ce qui le distingue parmi les autres vivants – consiste à adapter la nature à ses besoins au lieu de s'adapter à elle. Contre le froid l'animal a sa fourrure. L'homme construit sa maison et la dote d'un chauffage. Il crée ainsi un minuscule microclimat où il s'épanouit de bien‑être.

Mais à mesure que sa puissance augmente et conjure la menace des éléments naturels, une nostalgie immémoriale lui fait regretter les temps héroïques de sa nudité et de sa faiblesse. À force de s'entourer de décors et de nourritures artificiels, il lui vient une nausée de l'humain, et il se prend à rêver d'intempéries et de météores qui sont comme autant d'incursions du ciel dans sa vie. Certains sports – que l'on pourrait qualifier d'élémentaires – n'ont pas d'autre raison d'être. La nage en mer et le voilier, le ski, l'alpinisme, le vol à voile nous retrempent aux sources originelles de notre histoire, voire de notre préhistoire, et il n'est pas jusqu'à l'équitation qui nous restitue le chaud contact de l'animal hors duquel nos ancêtres n'auraient pas pu survivre.

Les éléments sont tous nourriciers. La terre donne ses récoltes et ses minerais, la mer ses poissons, le feu cuit la soupe, et l'air emplit nos poumons.

Mais ces rassurantes fonctions pèsent de peu de poids en regard des forces colossales qu'ils peuvent déchaîner. Il y a dans l'orage ou la tempête une majesté cosmique [...] qui leur donne une dimension sacrée. Les « héros élémentaires » de notre temps – Éric Tabarly, Paul‑Emile Victor, Haroun Tazieff – font figure d'intercesseurs entre le commun des hommes, parmi lesquels ils ont un pied, et l'empire redoutable des mers, des glaces ou des volcans où ils ont l'autre pied.
Michel Tournier
Des clefs et des serrures, Éditions du Chêne, 1979.
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Texte 2
415 mots.

Contractez ce texte en 104 mots, +/- 10 % : votre contraction fera entre 94 et 114 mots.

Les super et hypermarchés ne sont pas réductibles à leur usage d'économie domestique, à la « corvée des courses ». Ils suscitent des pensées, fixent en souvenirs des sensations et des émotions. On pourrait certainement écrire des récits de vie au travers des grandes surfaces commerciales fréquentées. Elles font partie du paysage d'enfance de tous ceux qui ont moins de cinquante ans. Si on excepte une catégorie restreinte de la population – habitants du centre de Paris et des grandes villes anciennes –, l'hypermarché est pour tout le monde un espace familier dont la pratique est incorporée à l'existence, mais dont on ne mesure pas l'importance sur notre relation aux autres, notre façon de « faire société » avec nos contemporains au XXIe siècle. Or, quand on y songe, il n'y a pas d'espace, public ou privé, où évoluent et se côtoient autant d'individus différents : par l'âge, les revenus, la culture, l'origine géographique et ethnique, le look. Pas d'espace fermé où chacun, des dizaines de fois par an, se trouve mis davantage en présence de ses semblables, où chacun a l'occasion d'avoir un aperçu sur la façon d'être et de vivre des autres. Les femmes et les hommes politiques, les journalistes, les « experts », tous ceux qui n'ont jamais mis les pieds dans un hypermarché ne connaissent pas la réalité sociale de la France d'aujourd'hui.

L'hypermarché comme grand rendez‑vous humain, comme spectacle, je l'ai éprouvé à plusieurs reprises. La première fois, de façon aiguë, avec une vague honte. Pour écrire, je m'étais isolée hors saison dans un village de la Nièvre et je n'y arrivais pas. Aller « au Leclerc » à 5 km était un soulagement. Celui, en me mêlant à des inconnus, en « voyant du monde », de retrouver, justement, le monde. La présence nécessaire du monde. Découvrant par là que j'étais pareille à tous ceux qui vont faire un tour au centre commercial pour se distraire ou échapper à la solitude. Très spontanément, je me suis mise à décrire des choses vues dans les grandes surfaces.

Pour « raconter la vie », la nôtre, aujourd'hui, c'est donc sans hésiter que j'ai choisi comme objet les hypermarchés. J'y ai vu l'occasion de rendre compte d'une pratique réelle de leur fréquentation, loin des discours convenus et souvent teintés d'aversion que ces prétendus non‑lieux suscitent et qui ne correspondent en rien à l'expérience que j'en ai.
Annie Ernaux
Regarde les lumières mon amour, Éditions du Seuil, 2014.
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Texte 3
493 mots.

Contractez ce texte en 123 mots, +/- 10 % : votre contraction fera entre 111 et 135 mots.

Il n'est pas déconseillé à un écrivain, au contraire, de se sentir partie liée avec tous les hommes, c'est‑à‑dire de travailler et de rire, d'aimer et de pêcher la truite, de faire la guerre quand il croit que c'est juste, et d'aider à changer la société quand il pense que c'est nécessaire (et c'est toujours nécessaire). Il y a une grande littérature qui est une littérature de combat, de dénonciation des abus ou des injustices, une littérature de révolte et de polémique, une littérature d'intervention et de révolution. Mais cette littérature‑là n'est jamais l'œuvre d'écrivains qui ont besoin de se faire excuser de n'être que des écrivains qui, en un mot, ont un « complexe d'infériorité ». Pascal écrit Les Provinciales et Fénelon Les Remontrances au roi, Voltaire écrit l'Essai sur la tolérance et Hugo Les Châtiments, Maïakovski écrit ses poèmes sur Lénine et la Révolution, et Bernanos Les Grands Cimetières sous la lune, non parce qu'ils sentent la nécessité de se faire décerner un certificat d'utilité publique, mais parce que c'est plus fort qu'eux, qu'il leur faut dire ce qu'ils ont à dire. Ils ne sont pas engagés dans le sens où le militaire et le policier sont engagés, c'est‑à‑dire ont pris l'engagement d'obéir aux ordres de leur supérieur, sans les discuter et au besoin sans chercher à les comprendre, ils ne se sont pas engagés d'avance à dire ce qu'on attendait d'eux, ils ne sont pas engagés comme le sont la recrue, l'homme à gages ou le domestique, ils ne sont pas engagés comme un train est engagé sur des rails. Ils n'ont pas pris du service, mais ils ont pris feu et ils ont pris parti. Dans ce sens du mot engagement, la question à se poser n'est plus « Un écrivain doit‑il s'engager ? », mais plutôt : « Comment un écrivain pourrait‑il accepter d'être un homme diminué et un citoyen incomplet, à ne pas s'engager de toute son âme et toutes ses forces ? » Comment peut‑on, si un ennemi envahit notre pays, humilie les nôtres, proscrit, persécute ou extermine nos voisins, comment peut‑on ne pas réagir ? Comment peut‑on empêcher son sang de ne faire qu'un tour quand on est le témoin d'une injustice ? Comment peut‑on supporter paisiblement, en jouant aux quilles, de voir à côté de soi des hommes pauvres et exploités, d'entendre prononcer des mensonges ? Il n'y a qu'une façon de n'être pas engagé, c'est de ne pas être vivant, c'est de se faire pierre parmi les pierres ou plume au gré du vent. L'engagement vrai, c'est celui qui consiste à laisser parler sa raison et son cœur quand ils sont blessés par le malheur général et par la déraison des choses.
Claude Roy
Défense de la littérature, © Éditions Gallimard, 1968.
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Texte 4
650 mots.

Contractez ce texte en 162 mots, +/- 10 % : votre contraction fera entre 146 et 178 mots.

Pour dire d'un homme qu'il est civilisé, on dit souvent « cultivé ». Pourquoi ? Qu'est‑ce que cette culture ? Souvent, trop souvent, cela veut dire que cet homme sait le grec ou le latin, qu'il est capable de réciter des vers par cœur, qu'il connaît les noms des peintres hollandais et des musiciens allemands. La culture sert alors à briller dans un monde où la futilité est de mise. Cette culture n'est que l'envers d'une ignorance. Cultivé pour celui‑ci, inculte pour celui‑là. Étant relative, la culture est un phénomène infini ; elle ne peut jamais être accomplie. Qu'est‑il donc, cet homme cultivé que l'on veut nous donner pour modèle ?

Trop souvent aussi on réduit cette notion de culture au seul fait des arts. Pourquoi serait‑ce là la culture ? Dans cette vie, tout est important. Plutôt que de dire d'un homme qu'il est cultivé, je voudrais qu'on me dise : c'est un homme...

La culture n'est rien ; c'est l'homme qui est tout. Dans sa vérité contradictoire, dans sa vérité multiforme et changeante. Ceux qui se croient cultivés parce qu'ils connaissent la mythologie grecque, la botanique, ou la poésie portugaise se dupent eux‑mêmes. Méconnaissant le domaine infini de la culture, ils ne savent pas ce qu'ils portent de vraiment grand en eux : la vie.

Ces noms bizarres et insolites qu'ils lancent dans leurs conversations m'irritent. Croient‑ils m'impressionner vraiment avec leurs citations, leurs références aux philosophes présocratiques ? Leur prétendue richesse n'est que pauvreté qui se masque. La vérité est à un autre prix. Savoir ce qu'un homme comprend de misère, de faiblesse, de banalité, voilà la vraie culture. Avoir lu, avoir appris n'est pas important. L'art, respectable entité bourgeoise, signe de l'homme cultivé, civilisé, de l'homme du monde ; de l' « honnête homme » : mensonge, jeu de société, perméabilité, futilité. Être vivant est une chose sérieuse. Je la prends à cœur. Je ne veux pas qu'on déguise, qu'on affabule. Si l'on fait ce voyage, il ne faut pas que ce soit en « touriste » qui passe vite et se dépêche de ne retenir que l'essentiel, ce pauvre essentiel qui permet de briller à peu de frais, en parlant du « Japon » ou du « mythe tauromachique dans l'œuvre d'Hemingway ». Les détails de la vie sont bien plus enivrants.

Certes, le produit des hommes n'est pas négligeable. Lire Shakespeare, connaître l'œuvre de Mizogushi est aussi important. Mais que celui qui lit Shakespeare ou qui regarde Mizogushi le fasse de toute son âme, et pas seulement pour sacrifier au snobisme de la culture. Qu'il le fasse en sachant que s'il lit Shakespeare, il ne lira pas Balzac, Joyce, ou Faulkner. Et que s'il regarde Mizogushi, il ne verra pas Eisenstein, Donskoï, Renoir, Welles. Qu'il sache qu'il sacrifie des milliers d'autres choses à celle‑là ; qu'il soit conscient en toute humilité qu'il ne connaîtra qu'une bribe infime, dérisoire, de l'âme humaine, imparfaitement.

La culture n'est pas une fin. La culture est une nourriture, parmi d'autres, une richesse malléable qui n'existe qu'à travers l'homme. L'homme doit se servir d'elle pour se former, non pour s'oublier. Surtout, il ne doit jamais perdre de vue que, bien plus important que l'art et la philosophie, il y a le monde où il vit. Un monde précis, ingénieux, où chaque seconde qui passe lui apporte quelque chose, le transforme, le fabrique. Où l'angle d'une table a plus de réalité que l'histoire d'une civilisation, où la rue, avec ses mouvements, ses visages familiers, hostiles, ses séries de petits drames rapides et burlesques, a mille fois plus de secret et de pénétrabilité que l'art qui pourrait l'exprimer.
Jean‑Marie-Gustave Le Clézio
L'Extase matérielle, © Éditions Gallimard, 1967.
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Texte 5
744 mots.

Contractez ce texte en 186 mots, +/- 10 % : votre contraction fera entre 167 et 205 mots.

Tout ce qui a constitué le visage lumineux de la civilisation occidentale présente aujourd'hui un envers de plus en plus sombre. Ainsi, l'individualisme, qui est l'une des grandes conquêtes de la civilisation occidentale, s'accompagne de plus en plus de phénomènes d'atomisation, de solitude, d'égocentrisme, de dégradation des solidarités. Autre produit ambivalent de notre civilisation, la technique, qui a libéré l'homme d'énormes dépenses énergétiques pour les confier aux machines, a dans le même temps asservi la société à la logique quantitative de ces machines.

L'industrie, qui satisfait les besoins d'un large nombre de personnes, est à l'origine des pollutions et des dégradations qui menacent notre biosphère. La voiture apparaît, à cet égard, au carrefour des vertus et des vices de notre civilisation. La science elle‑même, dont on pensait qu'elle répandait uniquement des bienfaits, a révélé un aspect inquiétant avec la menace atomique ou celle de manipulations génétiques.

Ainsi, on peut dire que le mythe du progrès, qui est au fondement de notre civilisation, qui voulait que, nécessairement, demain serait meilleur qu'aujourd'hui, et qui était commun au monde de l'Ouest et au monde de l'Est, puisque le communisme promettait un avenir radieux, s'est effondré en tant que mythe. Cela ne signifie pas que tout progrès soit impossible, mais qu'il ne peut plus être considéré comme automatique et qu'il renferme des régressions de tous ordres. Il nous faut reconnaître aujourd'hui que la civilisation industrielle, technique et scientifique crée autant de problèmes qu'elle en résout.

Cette crise ne concerne‑t‑elle que les sociétés occidentales ?

Cette situation est celle du monde dans la mesure où la civilisation occidentale s'est mondialisée ainsi que son idéal, qu'elle avait appelé le « développement ». Ce dernier a été conçu comme une sorte de machine, dont la locomotive serait technique et économique et qui conduirait par elle‑même les wagons, c'est‑à‑dire le développement social et humain.

Or, nous nous rendons compte que le développement, envisagé uniquement sous un angle économique, n'interdit pas, au contraire, un sous‑développement humain et moral. D'abord dans nos sociétés riches et développées, et ensuite dans des sociétés traditionnelles.

L'ensemble de nos anciennes solutions sont aujourd'hui, ainsi, remises en question, ce qui provoque des défis gigantesques pour nous et la planète notamment face à la menace venant de l'économie dite mondialisée, dont on ignore encore si les bienfaits qu'elle promet sous la forme d'élévation du niveau de vie ne vont pas être payés par des dégradations de la qualité même de la vie.

Cette dégradation de la qualité par rapport à la quantité est la marque de notre crise de civilisation car nous vivons dans un monde dominé par une logique technique, économique et scientifique. N'est réel que ce qui est quantifiable, tout ce qui ne l'est pas est évacué, de la pensée politique en particulier. Or, malheureusement, ni l'amour, ni la souffrance, ni le plaisir, ni l'enthousiasme, ni la poésie n'entrent dans la quantification.

Je crains que la voie de la compétition économique accélérée et amplifiée ne nous conduise qu'à un accroissement du chômage. La tragédie, c'est que nous n'avons pas de clé pour en sortir. Nos outils de pensée, nos idéologies, comme le marxisme, qui pensait malheureusement à tort qu'en supprimant la classe dirigeante on supprimerait l'exploitation de l'homme par l'homme, ont fait la preuve de leur échec. Nous sommes donc un peu perdus.

La mondialisation a évidemment un aspect très destructeur, d'anonymisation, de ratissage des cultures, d'homogénéisation des identités. Mais, elle représente aussi une chance unique de faire communiquer et se comprendre les hommes des différentes cultures de la planète, et de favoriser les métissages.

Cette étape nouvelle ne pourra venir que si nous enracinons dans notre conscience le fait que nous sommes des citoyens de la Terre tout en étant Européens, Français, Africains, Américains..., qu'elle est notre patrie, ce qui ne nie pas les autres patries. Cette prise de conscience de la communauté de destin terrestre est la condition nécessaire de ce changement qui nous permettrait de copiloter la planète, dont les problèmes sont devenus inextricablement mêlés. Faute de quoi, on connaîtra l'essor des phénomènes de repli défensif et violent sur des identités particulières, ethniques, religieuses, qui est le négatif de ce processus d'unification et de solidarisation de la planète.
Edgar Morin
Entretien avec Anne Rapin au sujet de son essai Pour une politique de civilisation, Label France, n°28, Ministère des Affaires Etrangères, Juillet 1997.

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