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Chapitre 16
Groupement complémentaire

L'éducation des filles

10 professeurs ont participé à cette page
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Texte A
Molière, Les Femmes savantes (1672)

Chrysale, père de famille, s'adresse à sa sœur Bélise, une femme qui veut étudier.

Il n'est pas bien honnête et pour beaucoup de causes,
Qu'une femme étudie et sache tant de choses.
Former aux bonnes mœurs l'esprit de ses enfants,
Faire aller son ménage1, avoir l'œil sur ses gens
Et régler la dépense avec économie
Doit être son étude et sa philosophie.
Nos pères, sur ce point, étaient gens bien sensés,
Qui disaient qu'une femme en sait toujours assez,
Quand la capacité de son esprit se hausse
À connaître un pourpoint2 d'avec un haut de chausse3.
Les leurs ne lisaient point, mais elles vivaient bien
Leurs ménages étaient tout leur docte4 entretien ;
Et leurs livres, un dé, un fil et des aiguilles,
Dont elles travaillaient au trousseau5 de leurs filles ;
Les femmes d'à présent sont bien loin de ces mœurs
Elles veulent écrire et devenir auteurs.
Nulle science n'est pour elles trop profonde,
Et céans6 beaucoup plus qu'en aucun lieu du monde ;
Les secrets les plus hauts s'y laissent concevoir,
Et l'on sait tout chez moi, hors7 ce qu'il faut savoir.
Molière,
Les Femmes savantes, Acte II, scène 7, 1672.
1. S'occuper des tâches domestiques.
2. Sorte de veste.
3. Sorte de pantalon court.
4. Savant.
5. Vêtements et linge de maison qu'une fille reçoit pour son mariage.
6. Ici.
7. Hormis, sauf.
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Texte B
Jean-Jacques Rousseau, Émile ou De l'éducation (1762)

Rousseau, philosophe des Lumières, évoque la question de l'éducation des filles.

Il est nécessaire que les femmes partagent l'instruction donnée aux hommes.

Par la loi même de la nature, les femmes, tant pour elles que pour leurs enfants, sont à la merci des jugements des hommes : il ne suffit pas qu'elles soient estimables, il faut qu'elles soient estimées ; il ne leur suffit pas d'être belles, il faut qu'elles plaisent ; il ne leur suffit pas d'être sages, il faut qu'elles soient reconnues pour telles ; leur honneur n'est pas seulement dans leur conduite, mais dans leur réputation, et il n'est pas possible que celle qui consent à passer pour infâme puisse jamais être honnête.

[...] Ainsi toute l'éducation des femmes doit être relative aux hommes. Leur plaire, leur être utiles, se faire aimer et honorer d'eux, les élever jeunes, les soigner grands, les conseiller, les consoler, leur rendre la vie agréable et douce : voilà les devoirs des femmes dans tous les temps, et ce qu'on doit leur apprendre dès leur enfance. Tant qu'on ne remontera pas à ce principe, on s'écartera du but, et tous les préceptes qu'on leur donnera ne serviront de rien pour leur bonheur ni pour le nôtre.
Jean-Jacques Rousseau,
Émile ou De l'éducation, 1762.
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Texte C
Condorcet, Cinq mémoires sur l'instruction publique (1791)

Homme des Lumières ayant collaboré à l'Encyclopédie, Condorcet participe après la Révolution à la mise en place de la nouvelle école de la République.

Il est nécessaire que les femmes partagent l'instruction donnée aux hommes.

1. Pour qu'elles puissent surveiller celle de leurs enfants. L'instruction publique, pour être digne de ce nom, doit s'étendre à la généralité des citoyens1, et il est impossible que les enfants en profitent si, bornés aux leçons qu'ils reçoivent d'un maître commun, ils n'ont pas un instituteur domestique2 qui puisse veiller sur leurs études dans l'intervalle des leçons, les préparer à les recevoir, leur en faciliter l'intelligence3, suppléer enfin à ce qu'un moment d'absence ou de distraction a pu leur faire perdre. Or, de qui les enfants des citoyens pauvres pourraient-ils recevoir ces secours, si ce n'est de leurs mères qui, vouées aux soins de leur famille, ou livrées à des travaux sédentaires, semblent appelées à remplir ce devoir ; tandis que les travaux des hommes, qui presque toujours les occupent au-dehors, ne leur permettraient pas de s'y consacrer ? Il serait donc impossible d'établir dans l'instruction cette égalité nécessaire au maintien des droits des hommes [...] si, en faisant parcourir aux femmes au moins les premiers degrés de l'instruction commune, on ne les mettait en état de surveiller celle de leurs enfants.

2. Parce que le défaut d'instruction des femmes introduirait dans les familles une inégalité contraire à leur bonheur. D'ailleurs on ne pourrait l'établir pour les hommes seuls sans introduire une inégalité marquée, non seulement entre le mari et la femme mais entre le frère et la soeur et même entre le fils et la mère ; or, rien ne serait plus contraire à la pureté et au bonheur des mœurs domestiques. L'égalité est partout, mais surtout dans les familles, le premier élément de la félicité, de la paix et des vertus. Quelle autorité pourrait avoir la tendresse maternelle, si l'ignorance dévouait4 les mères à devenir pour leurs enfants un objet ridicule ou de mépris ?
Nicolas de Condorcet,
Cinq mémoires sur l'instruction publique, 1791.
1. À l'ensemble des citoyens.
2. À la maison.
3. La compréhension.
4. Conduisait, condamnait à.
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Doc. 1

Placeholder pour Thomas Armstrong, La leçon, XIXe siècleThomas Armstrong, La leçon, XIXe siècle
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Thomas Armstrong, La leçon, XIXe siècle, huile sur toile, coll. privée.
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Questions

1. Texte A.
a. Pourquoi Chrysale n'approuve-t-il pas la volonté de sa sœur ? Résumez chacun de ses arguments.

b. Chrysale exprime-t-il le point de vue de Molière ? Si besoin, faites une recherche pour répondre.

2. Texte B.
a. Quelle différence Rousseau fait-il entre les femmes et les hommes ?

b. Comment justifie-t-il cette différence ?

3. Texte C.
a. Lisez le texte attentivement, puis reformulez à l'oral le point de vue de Condorcet.
b. En quoi son raisonnement peut-il sembler paradoxal ?


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Texte D
George Sand, Lettres à Marcie (1837)

Dans ces lettres fictionnelles, d'inspiration féministe, un mystérieux narrateur échange avec Marcie. Il répond ici à cette dernière qui doute de ses capacités intellectuelles.

On enseigne la philosophie aux jeunes garçons. On devrait nécessairement l'enseigner aux jeunes filles. Je sais que certains préjugés refusent aux femmes le don d'une volonté susceptible d'être éclairée, l'exercice d'une persévérance raisonnée. Beaucoup d'hommes aujourd'hui font profession d'affirmer physiologiquement et philosophiquement que la créature mâle est d'une essence supérieure à celle de la créature femelle. Cette préoccupation me semble assez triste, et, si j'étais femme, je me résignerais difficilement à devenir la compagne ou seulement l'amie d'un homme qui s'intitulerait mon dieu [...].

Non, Marcie, loin de moi, loin de vous cette pensée que vous n'êtes pas apte à concevoir et à pratiquer la plus haute sagesse que les hommes aient pratiquée ou conçue. La précipitation de vos besoins, l'ardeur de vos pensées inquiètes ne prouvent rien sinon que vous avez une âme forte et que vous n'avez pas encore trouvé la nourriture qu'elle réclame. Cherchez-la dans les livres sérieux. Appliquez-vous à les comprendre, et, si vous sentez quelques fois vos facultés rebelles, sachez bien qu'elles sont ainsi par inexpérience et non par impuissance. Les femmes reçoivent une déplorable éducation ; et c'est là le grand crime des hommes envers elles.
George Sand,
Lettres à Marcie, lettre 6, mai 1837.
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Texte E
Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe (1949)

On ne naît pas femme : on le devient. Aucun destin biologique, psychique, économique ne définit la figure que revêt au sein de la société la femelle humaine ; c'est l'ensemble de la civilisation qui élabore ce produit intermédiaire entre le mâle et le castrat1 qu'on qualifie de féminin. […] Ainsi, la passivité qui caractérisera essentiellement la femme « féminine » est un trait qui se développe en elle dès ses premières années. Mais il est faux de prétendre que c'est là une donnée biologique ; en vérité, c'est un destin qui lui est imposé par ses éducateurs et par la société. L'immense chance du garçon, c'est que sa manière d'exister pour autrui l'encourage à se poser pour soi. Il fait l'apprentissage de son existence comme libre mouvement vers le monde ; il rivalise de dureté et d'indépendance avec les autres garçons, il méprise les filles. Grimpant aux arbres, se battant avec des camarades, les affrontant dans des jeux violents, il saisit son corps comme un moyen de dominer la nature et un instrument de combat ; il s'enorgueillit de ses muscles comme de son sexe ; [...] il apprend à encaisser les coups, à mépriser la douleur, à refuser les larmes du premier âge. Il entreprend, il invente, il ose. [Au contraire, on apprend à la femme] que pour plaire il faut chercher à plaire, il faut se faire objet ; elle doit donc renoncer à son autonomie. On la traite comme une poupée vivante et on lui refuse la liberté ; ainsi se noue un cercle vicieux ; car moins elle exercera sa liberté pour comprendre, saisir et découvrir le monde qui l'entoure, moins elle trouvera en lui de ressources, moins elle osera s'affirmer comme sujet.
Simone de Beauvoir,
Le Deuxième Sexe, 1949 © Éditions Gallimard.
1. Homme castré, privé de ses facultés de reproduction.
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Texte F
Colette, La Maison de Claudine (1922)

La Maison de Claudine est une fiction autobiographique dans laquelle Colette revient sur son enfance.

« Votre fille a neuf ans, m'a dit une amie, et elle ne sait pas coudre ? Il faut qu'elle apprenne à coudre. Et par mauvais temps il vaut mieux, pour une enfant de cet âge, un ouvrage de couture qu'un livre romanesque. » [...] J'écrirai la vérité : je n'aime pas beaucoup que ma fille couse.

Quand elle lit, elle revient, toute égarée et le feu aux joues, de l'île au coffre plein de pierreries, du noir château où l'on opprime un enfant blond et orphelin. Elle s'imprègne d'un poison éprouvé, traditionnel, dont les effets sont dès longtemps connus.

[…] Mais Bel-Gazou1 est muette quand elle coud. Muette longuement, et la bouche fermée, cachant − lames à petites dents de scie logées au coeur humide d'un fruit − les incisives larges, toutes neuves. Elle se tait, elle... Écrivons donc le mot qui me fait peur : elle pense.
Colette,
La Maison de Claudine, 1922 © Librairie Arthème Fayard, 2004.
1. Nom de la fille.
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Texte G
Nathalie Sarraute, Enfance (1983)

Enfance est un texte autobiographique.

La maîtresse nous prend nos copies. Elle va les examiner, indiquer les fautes à l'encre rouge dans les marges, puis les compter et mettre une note.

Rien ne peut égaler la justesse de ce signe qu'elle va inscrire sous mon nom. Il est la justice même, il est l'équité. Lui seul fait apparaître cette trace d'approbation sur le visage de la maîtresse quand elle me regarde. Je ne suis rien d'autre que ce que j'ai écrit. Rien que je ne connaisse pas, qu'on projette sur moi, qu'on jette en moi à mon insu comme on le fait constamment là-bas, au-dehors, dans mon autre vie… [...] Ici je suis en sécurité.

Des lois que tous doivent respecter me protègent. Tout ce qui m'arrive ici ne peut dépendre que de moi. C'est moi qui en suis responsable. Et cette sollicitude, ces soins dont je suis entourée n'ont pour but que de me permettre de posséder, d'accomplir ce que moi-même je désire, ce qui me fait, à moi d'abord, un tel plaisir…
Nathalie Sarraute,
Enfance, 1983 © Éditions Gallimard.
1. Nom de la fille.

Éclairage
Jamais dans ce temps-là cela ne me venait à l'esprit, tant cela me paraissait naturel, allant de soi, mais ce qui me frappe maintenant, c'est qu'aussi bien au point de vue moral qu'au point de vue intellectuel, personne ne faisait entre les hommes et les femmes la moindre différence.
Nathalie Sarraute, Enfance.
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Questions

4. Texte D. Quelle est la thèse de George Sand dans cet extrait ?

5. Texte E. Après avoir lu l'extrait, expliquez le sens de la célèbre formule de Beauvoir : « On ne naît pas femme, on le devient. »

6. Texte F. Pourquoi la narratrice préfère-t-elle que sa fille lise plutôt qu'elle couse ?

7. Texte G. Que représente l'école pour la narratrice ?

8. Choisissez l'un des textes de ce groupement et répondez à son locuteur ou à sa locutrice. Cette réponse peut être orale ou écrite.


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