Repères - Le classicisme : retrouver l'idéal antique
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Repères art et littérature / Théâtre
Le classicisme : retrouver l'idéal antique
CARTE D'IDENTITÉ
Le classicisme
Origine
Le terme « classique » désignait les auteurs étudiés dans les classes, les auteurs
les plus « respectables » : ceux de l’Antiquité. Puis il a désigné les auteurs du XVIIe siècle
qui les ont imités.
Où ? En France, sous l’influence de Louis XIV.
Quand ?
Essentiellement pendant le règne de Louis XIV.
Le néo-classicisme se répand ensuite en Europe au XVIIIe siècle.
En musique, la période classique correspond plutôt à la deuxième moitié du XVIIIe siècle.
◈ L’imitation de l’Antiquité
◆Contre la profusion baroque, les artistes classiques reviennent aux modèles antiques,
perçus comme un idéal de clarté et de sobriété.
◆ Les personnages mythologiques sont les héros des tragédies de Pierre Corneille ou de Jean
Racine (► voir Chapitre 6) et Molière s’inspire d’une comédie de Plaute pour écrire L’Avare.
◈ Plaire et instruire
◆ Les oeuvres classiques reprennent
le modèle antique d’Aristote : l’art
doit éduquer (docere), émouvoir
(movere) et plaire (placere).
◆ Face aux critiques de la comédie,
considérée comme un simple
divertissement, Molière crée la
grande comédie et reprend l’ancienne
formule castigat ridendo
mores, « [la comédie] châtie les
moeurs par le rire ».
Texte A
Si l’emploi de la comédie est de corriger
les vices des hommes, […] rien ne reprend
mieux la plupart des hommes que la peinture
de leurs défauts. C’est une grande
atteinte aux vices, que de les exposer à la
risée de tout le monde. On souffre1 aisément
des répréhensions2 ; mais on ne souffre point
la raillerie. On veut bien être méchant ; mais
on ne veut point être ridicule.
Molière, Le Tartuffe ou L’Imposteur,
préface de l’auteur, 1664.
1. Supporte.
2. Blâmes, réprimandes.
◈ Le respect des règles strictes
◆ L’écriture des pièces est régie par un système de règles
strictes fixées par l’Art poétique de Nicolas Boileau, qui
reprend celles édictées par Aristote, puis Horace, dans
l’Antiquité : la règle des trois unités (de temps, de lieu
et d’action), la règle de la vraisemblance et celle de la
bienséance.
— Écoutez la lecture d'un extrait de l'Art poétique de Nicolas Boileau.
◆L’Académie française, créée en 1635, a pour mission de
veiller au « bon usage » de la langue. Mais elle juge aussi
si les oeuvres correspondent aux règles classiques : lors
de la Querelle du Cid, en 1636, la pièce de Pierre Corneille
est accusée de ne pas respecter la vraisemblance
ni les trois unités.
— Pour en savoir plus, découvrez une vidéo réalisée par le Grand Palais sur la littérature française au XVIIe siècle.
Texte B
Qu’en un lieu, qu’en un jour, un seul fait accompli
Tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli.
Jamais au spectateur n’offrez rien d’incroyable :
Le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable.
Une merveille absurde est pour moi sans appas1 :
L’esprit n’est point ému de ce qu’il ne croit pas.
Ce qu’on ne doit point voir, qu’un récit nous l’expose.
Nicolas Boileau, Art poétique, chant III, 1674.
1. Sans attraits.
◈ Un idéal de clarté et d’harmonie
◆L’art des proportions et de la perspective : les
peintures sont construites en plans successifs et
utilisent la symétrie, tout comme l’architecture
ou le paysagisme, avec le jardin à la française.
Les lignes droites, verticales et horizontales
permettent de donner une impression de stabilité.
◆ En peinture, les personnages sont souvent
représentés dans des poses statiques ; ils
expriment la noblesse d’âme. Pour répondre à
un idéal de clarté, la lumière est vive et il y a
peu de contrastes.
◆ En littérature et plus tard en musique, les
artistes utilisent des formes très structurées.
◆ L’idéal classique est le triomphe de la raison sur
le désordre des passions.
Voir les réponses
1
Doc.1 a. Qui est Énée ? Faites une recherche pour
comprendre sa place dans l’Antiquité.
b. En quoi ce
tableau correspond-il à l’idéal antique ?
2
Texte A
D’après les pièces de Molière que vous
connaissez, comment la comédie cherche-t-elle à corriger
les moeurs de la société ?
3
Texte B
Quelles règles du classicisme retrouvez-vous
dans ce texte ? Justifiez par des citations précises.
Voir les réponses
Les querelles littéraires
Le XVIIe siècle a été marqué par la Querelle du Cid.
Faites des recherches.
Quelle est son origine ?
Qui
en sont les principaux acteurs ?
Quels sont leurs
arguments ?
Voir les réponses
Ressources complémentaires
Visionnez le film Le Roi danse de Gérard Corbiau (2000).
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1630 - 1715 :<span data-content-md-theme="fr-orange" data-content-md-tag="color" data-temp-content-md-index="19852661" class="sc-ktHwxA hCPIfW lls-viewer-color"><strong data-content-md-tag="b" data-temp-content-md-index="19852660" class="sc-cIShpX dHjfQW lls-viewer-b">◐ LE CLASSICISME EN FRANCE</strong></span> |
1775 - 1825 :<span data-content-md-theme="ses-blue1" data-content-md-tag="color" data-temp-content-md-index="19852663" class="sc-ktHwxA fRusVa lls-viewer-color"><strong data-content-md-tag="b" data-temp-content-md-index="19852662" class="sc-cIShpX bOjUwq lls-viewer-b">◐ LE CLASSICISME DE VIENNE</strong></span> |
1648 - : <span data-content-md-theme="fr-orange" data-content-md-tag="color" data-temp-content-md-index="19852684" class="sc-ktHwxA hCPIfW lls-viewer-color">□ Nicolas Poussin, <i data-content-md-tag="i" data-temp-content-md-index="19852683">Éliézer et Rébecca</i></span> |
1682 - : <span data-content-md-theme="fr-orange" data-content-md-tag="color" data-temp-content-md-index="19852685" class="sc-ktHwxA hCPIfW lls-viewer-color">□ André Le Nôtre, les jardins du château de Versailles</span> |
En musique, la période classique intervient bien plus tard qu’en littérature : on la situe entre les années 1750 et 1820, soit juste avant la période romantique.
En réaction au style baroque, le style classique va privilégier la simplicité, la clarté, l’ordre, la mesure, la régularité. Adressée à un public vaste, elle se veut facilement accessible.
Les principaux représentants de cette période sont viennois : Haydn et Mozart.
Les œuvres sont classées par ordre chronologique.
Joseph Haydn (1732-1809)
Sa longue carrière couvre toute la période classique, entre la fin du baroque et le début du romantisme. Il joue un rôle fondamental dans le développement du style classique en musique et fixe le cadre classique dans la symphonie et le quatuor.
❖Joseph Haydn, Concerto pour violoncelle n°2 en Ré Majeur, 1er mouvement (1783)
Dans cette œuvre dédiée à un violoncelliste de son époque, Haydn exploite toutes les possibilités techniques de cet instrument trop souvent cantonné à un rôle d’accompagnateur.
❖Joseph Haydn, Symphonie n°85 en Si bémol Majeur, « La Reine », 2e mouvement (1786)
Faisant partie d’une série de symphonies dites « parisiennes », car nées d’une commande passée par de riches parisiens, cette symphonie doit son surnom au fait qu’elle était particulièrement appréciée par la reine Marie-Antoinette d’Autriche.
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Mozart a assimilé très tôt les œuvres de ses prédécesseurs et aînés (dont Haydn), et si sa musique s’inscrit dans le style classique, son génie le pousse à dépasser le carcan des règles pour développer un style plus personnel. Passant de la légèreté à la gravité, sa musique savante est néanmoins facile d’accès, ce qui a contribué à rendre son langage universel. Il reste le plus populaire et le plus joué des musiciens classiques.
❖Wolfgang Amadeus Mozart, Trio pour piano, alto et clarinette, (dit « Trio des Quilles »), K498, I - Andante (1786)
L’idée de cette pièce est venue lors d’une partie de quilles chez des amis. C’est pour Mozart l’occasion de valoriser deux instruments qu’il affectionne particulièrement : la clarinette, que venait de faire beaucoup évoluer un virtuose allemand, et l’alto, trop souvent cantonné à des rôles secondaires mais que Mozart prenait volontiers quand il jouait avec des amis.
Toutes les caractéristiques classiques sont rassemblées dans cet extrait : sobriété de la mélodie, clarté, simplicité et régularité dans la construction.
❖Wolfgang Amadeus Mozart, Concerto pour piano n° 23 en La Majeur, K488, Adagio (1786)
Extrait : English Chamber Orchestra / Daniel Baremboim (direction et piano solo)
Un caractère plus mélancolique, une force émotionnelle que l’on retrouvera plus tard dans la musique romantique.
❖Wolfgang Amadeus Mozart, Don Giovanni, opéra, K527, « Fin ch’han dal vino » (1787)
Mozart a consacré une partie importante de son œuvre aux opéras, puisqu’il en a écrit plus d’une vingtaine. Cet extrait de Don Juan, surnommé « l’air du champagne », est vif, joyeux, lumineux.
❖Wolfgang Amadeus Mozart, Symphonie n°40, K550, I - Molto allegro (1788)
Œuvre pleine d’énergie, de clarté, d’élégance.
❖Wolfgang Amadeus Mozart, Requiem en ré mineur, K626, VIII - Lacrimosa (1791)
Le Requiem (messe pour les morts) est la dernière œuvre de Mozart, laissée inachevée.
Sur son lit de mort, Mozart laisse des indications à l’un de ses élèves afin d’en terminer la composition.
Ludwig Van Beethoven (1770-1827)
Né à Bonn en Allemagne, il rejoint Vienne à 17 ans pour bénéficier de l’effervescence musicale que connaît cette ville et se rapprocher des deux modèles que sont Haydn et Mozart. Ses premières œuvres sont fortement influencées par ces deux compositeurs.
❖Ludwig Van Beethoven, Sonate pour piano op. 2 n° 1 en fa mineur, I - Allegro (1795)
Quand il arrive à Vienne, Beethoven devient l’élève de Haydn. À 24 ans, il lui dédie cette sonate, d’une grande rigueur formelle.
❖Ludwig Van Beethoven, Quatuor op. 18 n° 1, I - Allegro con brio (1799)
S’inspirant des quatuors de Haydn et Mozart, c’est après beaucoup d’efforts, comme en témoignent les nombreux remaniements, que Beethoven compose cette œuvre énergique et volontaire.
Joseph Bologne de Saint-Georges (1745-1799)
Né en Guadeloupe, Saint-Georges vient en métropole pour y poursuivre son éducation d’aristocrate. Il y perfectionne aussi bien le maniement de l’épée que celui de l’archet. Il compose notamment pour son instrument : le violon.
❖Joseph Bologne de Saint-Georges, Concerto pour violon n°9 en Sol Majeur, op. 8, Allegro (1776)
Luigi Boccherini (1743-1805)
Violoncelliste et compositeur italien ayant vécu une grande partie de sa vie en Espagne, Boccherini s’illustre dans le style galant, mais compose aussi des œuvres qui préfigurent le romantisme, comme sa Musique nocturne des rues de Madrid, qui évoque l’atmosphère de la ville à la tombée de la nuit, quand s’échappent des accords de guitare.
❖Luigi Boccherini, Quintette en la mineur op. 25 n°6, G300, I - Allegro non molto (1778)
Franz Schubert (1797-1828)
Le jeune Schubert est tout d’abord influencé par la musique classique, comme en témoignent ses premières œuvres. Néanmoins, sa grande sensibilité, sa timidité aussi, qui lui faisait préférer les soirées musicales entre amis aux grandes scènes de concert, l’amènent ensuite à composer des œuvres relevant de la musique romantique, dont il deviendra l’une des figures majeures.
❖Franz Schubert, Symphonie n° 5 en Si bémol Majeur, D485, I - Allegro (1816)
Cette symphonie, parfois surnommée « sans tambours ni trompettes » à cause de son effectif réduit, a été écrite par Schubert alors qu’il avait 19 ans et enseignait à l’école primaire que dirigeait son père. Sa composition a été inspirée par la 40e symphonie de Mozart (voir plus haut dans ce document), qu’il avait entendue en concert.
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