Post-vérité
«
Post-truth », en anglais, fut le mot de l’année 2016, selon
l’
Oxford Dictionnary. Il se rapporte, explique la publication britannique, aux «
circonstances dans lesquelles les faits objectifs ont moins d’influence sur l’opinion publique que ceux qui font
appel à l’émotion ou aux croyances personnelles ».
[...] C’est véritablement avec la campagne britannique sur le Brexit et la campagne présidentielle américaine que l’expression s’est démocratisée. Le 12 juillet, la rédactrice en chef du
Guardian explique dans un long édito que «
si les faits étaient une devise1, alors ils viendraient de subir une sérieuse dévaluation2 », dont elle rend la structure même d’Internet responsable : la multiplication des sources et la prolifération des informations contradictoires, et parfois ouvertement mensongères, ont rendu l’exigence de vérité moins urgente qu’autrefois.
L’idée ne va pas sans poser de soucis : elle peut laisser croire que la vérité était auparavant chose acquise, au moins comme valeur. Ce serait faire peu de cas de célèbres exemples de désinformation gouvernementale, comme le trajet du nuage radioactif qui aurait esquivé les frontières françaises en 1986, ou les fausses preuves d’armes de destruction massive ayant servi de justification à l’intervention américaine en Irak en 2003.
« Faits alternatifs, fake news, post‑vérité, petit lexique de la crise de l’information », article de William Audureau dans la rubrique « Les Décodeurs », Le Monde, 25 janvier 2017.