Identités et échanges
Quel rôle joue la mondialisation dans le dynamisme de la vie sociale, culturelle et économique dans chaque aire géographique ? Favorise‑t‑elle la diversité ou la menace‑t‑elle ? Entraîne‑t‑elle une affirmation de la particularité ? Modifie‑t‑elle la particularité locale ou individuelle au profit d’une « citoyenneté mondiale » ? La mobilité (intellectuelle, physique...) caractérise le monde actuel et implique la multiplication des contacts, des échanges, des partenariats tout en posant les questions de l’acculturation, de l’intégration, de l’adaptation, de l’inclusion, etc. Cette mobilité suppose le franchissement de frontières géographiques et politiques. Les questions liées à l’ouverture et à la fermeture des frontières sont à la source de nombreuses tensions qui sont traitées différemment selon l’histoire et la culture des zones géographiques concernées. Le terme de frontière est appréhendé dans ses différentes acceptions (frontière historique, culturelle, linguistique, etc.). Les élèves réfléchissent en particulier aux frontières qui existent au sein d’une société entre des groupes différents (entre générations, groupes sociaux, quartiers, clans...).
Espace privé et espace public
Comment la frontière entre espace public et espace privé est‑elle tracée en fonction des cultures, des croyances, des traditions et comment
évolue‑t‑elle dans le temps dans chaque aire géographique étudiée ? L’espace privé (l’habitation) prend des formes et des dimensions variables et s’ouvre sur l’extérieur (la rue, les regards, les invités...) selon des modalités multiples. Par exemple, les femmes ont longtemps été, ou sont encore, cantonnées à la sphère privée ; leur accès à la sphère publique (politique, professionnelle, médiatique, sociale) est un mouvement général qui reste d’actualité. La redistribution des rôles au sein de la famille est une conséquence de cette émancipation. Comment s’opèrent les mutations au sein de ces deux espaces privé et public (famille, espaces de sociabilité, travail...) ?
Art et pouvoir
Comment le rapport entre art et pouvoir définit‑il les caractéristiques de chaque aire géographique étudiée à différentes époques ? Le
pouvoir s’est toujours appuyé sur l’art et les artistes pour être célébré, légitimé ou renforcé. Lorsque l’artiste dépend du pouvoir politique ou économique, son œuvre peut‑elle prendre la forme d’une contestation de celui‑ci ? Le rapport entre art et pouvoir donne lieu à diverses interrogations : l’art est‑il au service du pouvoir ? Le pouvoir sert‑il l’art ? L’art peut‑il être un contre‑pouvoir ? L’art est‑il une forme d’expression politique ? Peut‑on concilier liberté de création et contraintes diverses ? Il conviendra d’étudier comment ce rapport à l’art a évolué dans l’histoire pour chaque culture étudiée.
Citoyenneté et mondes virtuels
Comment les rapports du citoyen au pouvoir sont‑ils organisés et comment ces relations sont‑elles modifiées par le développement du numérique ? Dans un monde numérisé et ultra‑connecté qui a profondément changé la nature des rapports humains, comment évoluent les relations entre le citoyen et le pouvoir ? Restent‑elles identiques quelle que soit l’aire culturelle portée par la langue étudiée ? Les nouveaux espaces virtuels semblent représenter un progrès dans le partage de l’information, l’accès au savoir et la libre expression de chacun. Le recours massif aux médias numériques conduit cependant à s’interroger sur ses conséquences, tantôt sur le plan individuel (difficulté
à hiérarchiser l’information et à démêler le vrai du faux, réduction de l’engagement réel au profit de l’engagement virtuel, permanence
des traces numériques avec atteinte éventuelle à la vie privée, repli sur soi, nouveaux repères sociaux), tantôt sur le plan collectif : les intelligences collectives développent des espaces collaboratifs (encyclopédies collaboratives, wikis, moocs, webinaires, réseaux sociaux...) qui refondent, au moins en apparence, la nature des relations sociales.
Fictions et réalités
Quels sont les modèles historiques, sociaux ou artistiques dont chaque population a hérité et quels sont ceux qu’elle recherche ? Pourquoi se reconnaît‑on dans une telle représentation et comment reconstruit‑on son propre modèle éthique, esthétique, politique ? Les récits, qu’ils soient réels ou fictifs, écrits ou oraux, sont à la base du patrimoine culturel des individus et nourrissent l’imaginaire collectif. Comment sont véhiculés les croyances, mythes, légendes qui constituent le fondement des civilisations et transcendent parfois les cultures ? Les figures du passé demeurent‑elles des sources d’inspiration et de création ? Comment les icônes modernes deviennent‑elles l’incarnation de nouvelles valeurs ? Les mondes imaginaires offrent à chacun l’occasion de s’évader de la réalité tout en invitant à une réflexion sur le monde réel : comment la réalité nourrit‑elle la fiction et comment, à son tour, la fiction éclaire‑t‑elle ou fait‑elle évoluer la réalité dans une aire culturelle donnée ?
Innovations scientitifiques et responsabilité
Quelles réponses chaque aire géographique étudiée apporte‑t‑elle aux bouleversements technologiques et scientifiques actuels ? Le progrès scientifique est à l’origine d’avancées très positives pour l’humanité, mais donne également lieu à de nombreuses interrogations sur certains effets induits concernant, en particulier, le réchauffement climatique, la réduction de la biodiversité, ou encore l’épuisement des ressources naturelles dans de nombreuses zones de la planète. La prise de conscience des dangers éventuels liés à ces innovations scientifiques nourrit une réflexion sur l’éthique du progrès dans une aire culturelle donnée. Le savant est‑il responsable des usages de ses découvertes ? Doit‑il s’impliquer dans la sphère publique pour peser sur les décisions politiques ? Quelle marge de manœuvre possède le citoyen pour faire entendre sa voix ? Comment les sociétés peuvent‑elles prévenir les dérives liées aux innovations technologiques ? L’axe invite à observer ces aspects de la question dans l’aire culturelle concernée et d’explorer les similitudes ou les singularités avec d’autres cultures.
Diversité et inclusion
Quelles sont les réponses apportées aux questions posées par l’évolution des sociétés de plus en plus diverses et ouvertes ? Les langues
vivantes jouent un rôle fondamental pour l’insertion et la cohésion sociales dans des sociétés de plus en plus cosmopolites. L’étude de la diversité culturelle au sein d’une aire linguistique donnée ou de la variété linguistique au sein d’une aire culturelle favorise une réflexion sur le rapport à l’Autre et permet la mise en place de projets interculturels et plurilingues. D’autres formes de diversité peuvent être explorées : comment évoluent les relations intergénérationnelles ? L’inclusion de personnes handicapées est‑elle effective ? Quels éléments culturels conditionnent les relations entre les catégories sociales ? Les questions de la diversité et de l’inclusion gagnent à être abordées ensemble,
à travers les arts, les sciences, le droit, la géopolitique, la sociologie, etc.
Territoire et mémoire
Comment s’est construit et se transmet l’héritage collectif dans une aire géographique donnée ? Les espaces régionaux, nationaux et transnationaux offrent des repères marquants (dates, périodes, lieux, événements, espaces saisis dans leur évolution temporelle, figures emblématiques, personnages historiques, etc.) et permettent de s’interroger sur la manière dont se construit et se transmet un héritage collectif. Les commémorations traduisent un besoin d’élaborer et d’exprimer des mémoires individuelles et collectives. La multiplication des lieux de mémoire pose la question de la relation complexe entre histoire et mémoires. À travers la notion d’héritage, les histoires individuelles se confondent avec le destin collectif ; ces points de rencontre et de tension entre les histoires personnelles et la histoire sont à l’origine de nombreux récits (du témoignage au roman historique).