Cyclades

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Thème 1 : Se chercher, se construire
Ch. 1
Les grandes découvertes : vers un nouveau monde
Ch. 2
Moby Dick : sur les traces d'une baleine mythique
Ch. 3
Dire toutes les nuances de l'amour
Ch. 4
Roméo et Juliette, une tragédie amoureuse adaptée au cinéma
Ch. 5
Se raconter, se représenter
Ch. 6
Romain Gary, La Promesse de l'aube
Thème 2 : Vivre en société, participer à la société
Ch. 7
Bandes de jeunes !
Ch. 8
En famille : Molière : Le malade imaginaire
Ch. 9
Les valeurs : du dialogue à la confrontation
Ch. 10
Le Cid entre amour, honneur et devoir
Ch. 11
L'habit fait-il le moine ?
Thème 3 : Regarder le monde, inventer des mondes
Ch. 12
La magie des Mille et Une Nuits
Ch. 13
Territoires imaginaires
Ch. 14
Aux frontières du réel
Ch. 15
Germinal, un roman et un film
Ch. 16
Nuits lyriques
Ch. 17
Le monde moderne en poésie
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Ch. 18
Héros d'hier, héros d'aujourd'hui
Ch. 19
L'information, des textes aux médias
Ch. 20
Dénoncer la guerre : Mémoires d'un rat de Pierre Chaine
Ch. 21
Antigone : Une voix face au pouvoir
Ch. 22
Sommes-nous maitres de la nature ?
Ch. 24
D'un étonnement à un autre
La langue au cycle 4
Lexique
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Conjugaison
Orthographe
Méthode
EPI
Chapitre 8
Texte et image

Un vertige à l'envers

Je compare deux visions romanesques de New York.

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Texte 1
Voyage au bout de la nuit

Après les champs de bataille de la Première Guerre mondiale et l'Afrique coloniale, Bardamu, le héros du roman, s'apprête à découvrir un nouveau lieu marquant de ce début du vingtième siècle : New York. Voici la première impression qu'il partage avec les autres immigrants lorsque leur bateau pénètre dans la baie de Manhattan.

Pour une surprise, c'en fut une. À travers la brume, c'était tellement étonnant ce qu'on découvrait soudain que nous nous refusâmes d'abord à y croire et puis tout de même quand nous fûmes en plein devant les choses, tout galérien qu'on était on s'est mis à bien rigoler, en voyant ça, droit devant nous...
Figurez-vous qu'elle était debout leur ville, absolument droite. New York c'est une ville debout. On en avait déjà vu nous des villes bien sûr, et des belles encore, et des ports et des fameux même. Mais chez nous, n'est-ce pas, elles sont couchées les villes, au bord de la mer ou sur les fleuves, elles s'allongent sur le paysage, elles attendent le voyageur, tandis que celle-là l'Américaine, elle ne se pâmait1 pas, non, elle se tenait bien raide, là, pas baisante du tout, raide à faire peur.
On en a donc rigolé comme des cornichons. Ça fait drôle forcément, une ville bâtie en raideur.
[Après de longues semaines, notamment à Ellis Island, point de passage obligatoire pour tous les candidats à l'immigration, Bardamu s'aventure enfin dans les rues de Manhattan2.]
En levant le nez vers toute cette muraille, j'éprouvai une espèce de vertige à l'envers, à cause des fenêtres trop nombreuses vraiment et si pareilles partout que c'en était écœurant.
Précairement vêtu je me hâtai, transi3, vers la fente la plus sombre qu'on puisse repérer dans cette façade géante, espérant que les passants ne me verraient qu'à peine au milieu d'eux. Honte superflue. Je n'avais rien à craindre. Dans la rue que j'avais choisie, vraiment la plus mince de toutes, pas plus épaisse qu'un gros ruisseau de chez nous, et bien crasseuse au fond, bien humide, remplie de ténèbres, il en cheminait déjà tellement d'autres de gens, des petits et des gros, qu'ils m'emmenèrent avec eux comme une ombre. Ils remontaient comme moi dans la ville, au boulot sans doute, le nez en bas. C'était les pauvres de partout.
Comme si j'avais su où j'allais, j'ai eu l'air de choisir encore et j'ai changé de route, j'ai pris sur ma droite une autre rue, mieux éclairée, « Broadway » qu'elle s'appelait. Le nom je l'ai lu sur une plaque. Bien au-dessus des derniers étages, en haut, restait du jour avec des mouettes et des morceaux du ciel. Nous on avançait dans la lueur d'en bas, malade comme celle de la forêt et si grise que la rue en était pleine comme un gros mélange de coton sale. C'était comme une plaie4 triste la rue qui n'en finissait plus, avec nous au fond, nous autres, d'un bord à l'autre, d'une peine à l'autre, vers le bout qu'on ne voit jamais, le bout de toutes les rues du monde. Les voitures ne passaient pas, rien que des gens et des gens encore.
C'était le quartier précieux, qu'on m'a expliqué plus tard, le quartier pour l'or : Manhattan.
Louis-Fernand Céline
Voyage au bout de la nuit, 1932, © Éditions Gallimard, 1972.
1. Tombait évanouie.
2. L'un des cinq districts qui forment la ville de New York, le plus célèbre pour ses buildings.
3. Pas assez habillé je me dépêchai, gelé.
4. Blessure.
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Louis-Fernand Céline

(1894-1961)


Louis-Fernand Céline (1894-1961) est un écrivain au style original, à la fois argotique et poétique. Médecin de formation, il montre la souffrance humaine avec un pessimisme non dénué d'humour, notamment dans Voyage au bout de la nuit.
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Jacques Tardi, illustration de Voyage au bout de la nuit, Futuropolis, © Gallimard, 1988.
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Éclairage

Le vocabulaire de Céline

L'écriture de Céline se caractérise par l'emploi, choquant à l'époque, d'un vocabulaire populaire. Céline utilise l'argot et un niveau de langue familier et revendique un style qui lui permet de dénoncer certains travers de la société d'une façon plus explicite, en faisant ressortir par le lexique la brutalité du monde.
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Arrivée d'immigrants à Ellis Island, New York.
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Texte 2
Manhattan Transfer

Comme Bardamu, Stan, un étudiant new-yorkais, arrive à Manhattan, en bateau. L'action se déroule au petit matin.

De l'autre côté de l'eau zinguée1, les grands murs, les édifices de la basse ville, semblables à des bosquets2 de bouleaux, miroitaient dans le matin rosé, comme une sonnerie de cors3 à travers une brume chocolat. À mesure que le bateau avançait, les édifices s'épaississaient en montagnes de granit fendues de crevasses coupées au couteau. Le bac4 passa près d'un steamer5 massif, à l'ancre. Il était gîté6 du côté de Stan qui pouvait en voir tous les ponts. Un remorqueur d'Ellis Island7 était rangé à côté de lui. Une odeur aigre8 montait des ponts encombrés de têtes tournées vers le ciel comme une cargaison de melons. Trois mouettes tournaient en gémissant. Une mouette s'éleva en spirale ; des ailes blanches saisirent le soleil ; la mouette plana, immobile, dans une lumière d'or clair. Le bord du soleil venait d'apparaître au-dessus de la raie violette des nuages, à l'est de New York. Des milliers de fenêtres s'embrasèrent. […]
Dans la lumière blanchissante, des mouettes en papier d'étain9 décrivaient de grands cercles au-dessus des caisses brisées, des trognons de choux pourris, des pelures d'orange qui flottaient entre les palissades disjointes. […] Des manivelles tournèrent avec un cliquetis de chaînes, des grilles se relevèrent. Stan enjamba la fente et déboucha au milieu des vitres et des bancs ensoleillés de Battery.
Il y avait Babylone et Ninive10. Elles étaient construites en briques. Athènes était toute en colonnes de marbre d'or. Rome reposait sur de grandes voûtes en moellons11. À Constantinople12, les minarets flambent comme de grands cierges tout autour de la Corne d'Or… Oh ! encore une rivière à traverser. L'acier, le vert, les briques, le béton seront les matériaux des gratte-ciel. Entassés dans l'île étroite, les édifices aux mille fenêtres se dresseront, étincelants, pyramides sur pyramides, sommets de nuages blancs au-dessus des orages…
John Dos Passos
Manhattan Transfer, 1925, traduit de Maurice-Edgar Coindreau © Éditions Gallimard, 1928.
1. Le zinc est gris métallique.
2. Petites forêts.
3. Instruments à vent utilisés notamment à la chasse.
4. Bateau qui permet de passer d'une rive à l'autre.
5. Bateau à vapeur.
6. Stationné.
7. Île qui constituait l'entrée des immigrants aux État-Unis.
8. Acide, désagréable ; allusion à l'hygiène des immigrants après plusieurs jours de mer.
9. Feuilles d'aluminium.
10. Villes de Mésopotamie, symboles de la décadence dans l'Ancien Testament.
11. Grosses pierres.
12. Ancien nom d'Istanbul.
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John Dos Passos

(1896-1970)


John Dos Passos (1896-1970) est un écrivain américain connu pour son roman Manhattan Transfer et sa trilogie U.S.A. qui décrivent de manière très cinématographique la société américaine de son époque.
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Placeholder pour Hudson River WaterfrontHudson River Waterfront
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Colin Campbell. Cooper, Hudson River Waterfront, 1916 (New York Historical Society).
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100% Numérique

Retrouvez une chanson de Serge Gainsbourg sur et une des 10 meilleures chansons sur New York.
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Questions

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Les textes

Je comprends un texte en m'appuyant sur mes connaissances d'analyse littéraire



1. a. Quelle est la particularité de New York selon Bardamu ? b. Citez une phrase du deuxième paragraphe qui pourrait être un slogan publicitaire en hommage à New York.

2. Une fois débarqué (l. 21 « En levant le nez vers toute cette muraille » et suivantes), que pense Bardamu de Manhattan ? Justifiez en relevant au moins un champ lexical.

3. a. De quelle manière décrit-il les habitants ? b. Se sent-il très différent d'eux ? Justifiez en commentant notamment l'emploi des pronoms.

4. Commentez la dernière phrase de l'extrait : en quoi est-elle ironique ?




5. a. Relevez les métaphores et comparaisons employées dans les deux premières phrases. b. Quelle image donnent-elles de Manhattan ?

6. a. Trouvez des rapprochements, en terme d'image, entre le texte de Céline (l. 35 « Comme si j'avais su où j'allais » à l. 41 « de coton sale. » ) et celui de Dos Passos. b. Ces images traduisent-elles les mêmes sentiments chez Bardamu et Stan ?

7. Relisez le dernier paragraphe. Quelle place l'évocation des différentes villes donne-t-elle à New York ?

8. Imaginez que Stan et Bardamu se rencontrent. Que se diraient-ils ?
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L'image

De quel texte, celui de Céline ou de Dos Passos, ce tableau pourrait-il être l'illustration ? Pourquoi ?
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