Au XVIIIe siècle, l'exotisme est à la mode. Le siècle des Lumières s'empare
du roman de voyage pour le mettre au service de ses combats : la
condamnation de l'intolérance, de la tyrannie et de l'injustice, la défense
de la liberté, de l'égalité et la quête d'une société meilleure. Au sein de ces
récits, des personnages étrangers témoignent de leur étonnement ou de
leur indignation face au nouveau monde qu'ils découvrent : Jonathan Swift
utilise des mondes fantaisistes pour camoufler une violente satire contre
son temps dans Les Voyages de Gulliver (1726) ; Candide, Zadig, l'Ingénu
et Micromégas sont des voyageurs qui permettent à Voltaire de faire de
même dans ses œuvres des mêmes noms. Montesquieu (Lettres persanes,
1721), Diderot (Supplément au voyage de Bougainville, 1772) et Graffigny,
avec ses Lettres d'une Péruvienne, donnent eux aussi la parole aux étrangers
pour faire entendre les absurdités du comportement européen.