En 1983, Nouredine Hagoug participe à la Marche pour l'égalité et contre le racisme. Il raconte l'histoire de ses parents immigrés et son enfance à Marseille.

Avec un de ses cousins, mon père a été un des premiers à débarquer ici, à Marseille, en 1953 – il avait 17 ans. [...] Fin 1961, il est retourné en Algérie pour se marier et ramener ma mère ici, directement au bidonville de la Timone. Je suis né à Marseille, un peu plus d'un an après, en février 1963. [...]

Mon père était l'aîné des fils. Il est d'abord parti parce que sa famille avait du mal à vivre. [...] De ses premières années en France, je sais très peu. [...] Il nous a fait comprendre, simplement, que la vie avait été dure. [...] [La] première victoire [de ma mère], [...] c'est d'avoir obtenu un HLM. [...] On s'est installé dans du dur en 1965, dans une cité qui s'appelait la Sauvagère. [...] À la Sauvagère, on était des gosses d'origine algérienne, italienne, espagnole, ce qu'on veut, mais surtout des enfants d'immigrés.

Le recensement de 1954 trouve 210 000 Algériens en France, celui de 1962 fait état de 350 000 […] dont 24 000 femmes ou jeunes filles et 80 000 enfants. […] L'examen des zones géographiques en France vers lesquelles se dirigent l'ensemble des travailleurs venant des diverses régions d'Algérie [...] indique très nettement une destination industrielle :[…] les départements de la Seine,[…] de l'Est, du Rhône, des Bouches du Rhône, et du Nord. […]

Dans la région parisienne, les deux secteurs majoritaires sont celui des industries mécaniques et ceux des travaux publics qui englobent les entreprises de construction. […] Depuis que la main-d'œuvre française répugne aux travaux accomplis par poste de huit heures, l'ouvrier algérien s'impose.