À mesure que j'approchais, j'entendais gronder derrière moi, se rapprochant aussi, le tonnerre des roues.
J'arrivai au relais1. Je me retournai, et je vis accourir comme une ces trois voitures qui brûlaient le pavé, conduites par des chevaux en sueur, et par des postillons2 en grande tenue, poudrés et enrubannés.
Tout le monde se précipita sur la voiture de l'empereur. Je me trouvai naturellement un des premiers.
Il était assis au fond, à droite, vêtu de l'uniforme vert à revers blancs, et portant la plaque de la Légion d'honneur. Sa tête maladive, qui semblait grassement taillée dans un bloc d'ivoire, retombait légèrement inclinée sur sa poitrine ; à sa gauche, était assis son frère Jérôme ; en face de Jérôme et sur le devant, l'aide de camp Letort. Il leva la tête, regarda autour de lui et demanda :
– Où sommes-nous ?
– À Villers-Cotterêts, sire, dit une voix.
– À six lieues de Soissons, alors ? répondit-il.
– À six lieues de Soissons, oui, sire.