Puis, les Français donnèrent l'assaut. Il y eut un furieux combat
à l'arme blanche. Sous le ciel couleur de rouille, le coupe-gorge de la vallée
s'emplissait de morts. Les larges prairies semblaient farouches, avec leurs
grands arbres isolés, leurs rideaux de peupliers qui les tachaient d'ombre.
À droite et à gauche, les forêts étaient comme les murailles d'un cirque qui
enfermaient les combattants, tandis que les sources, les fontaines et les eaux
courantes prenaient des bruits de sanglots, dans la panique de la campagne.
Sous le hangar, Françoise n'avait pas bougé, accroupie en face du corps
de Dominique. Le père Merlier venait d'être tué raide par une balle perdue.
Alors, comme les Prussiens étaient exterminés et que le moulin brûlait, le
capitaine français entra le premier dans la cour. [...] Et, apercevant Françoise
imbécile entre les cadavres de son mari et de son père, au milieu des ruines
fumantes du moulin, il la salua galamment de son épée, en criant :
– Victoire ! Victoire !