Angélique et Félicien, à genoux, écoutaient dévotement la messe,
qui est la consommation mystérieuse du mariage de Jésus et de
l'Église. On leur avait mis en la main, à chacun, une chandelle
ardente
, symbole de la virginité conservée depuis le baptême. Après
l'oraison dominicale
, ils étaient restés sous le voile, signe de soumission, de pudeur et de modestie, pendant que le prêtre, debout du
côté de l'épître
, lisait les prières prescrites. Ils tenaient toujours les
chandelles ardentes, qui sont aussi un avertissement de songer à la
mort, même dans la joie des justes noces. Et c'était fini, l'offrande
était faite, le célébrant s'en allait, accompagné du cérémoniaire, des thuriféraires et des acolytes
, après avoir prié Dieu de bénir les époux,
afin qu'ils voient croître et multiplier leurs enfants, jusqu'à la troisième et la quatrième génération.
À ce moment, la cathédrale entière exulta. Les orgues entamèrent
la marche triomphale, dans un tel éclat de foudre, que le vieil édifice
en tremblait. Frémissante, la foule était debout, se haussait pour voir ;
des femmes montaient sur les chaises, il y avait des rangs pressés de
têtes, jusqu'au fond des chapelles noires des collatéraux
; et tout ce
peuple souriait, le cœur battant. Les milliers de cierges, en cet adieu
final, semblaient brûler plus haut, allongeant leurs flammes, des
langues de feu dont vacillaient les voûtes. Un dernier hosanna
du
clergé montait, dans les fleurs et les verdures, au milieu du luxe des
ornements et des vases sacrés. Mais, tout d'un coup, la grand-porte,
sous les orgues, ouverte à deux battants, troua le mur sombre d'une
nappe de plein jour. C'était la claire matinée d'avril, le vivant soleil du
printemps, la place du Cloître avec ses gaies maisons blanches ; et là
une autre foule attendait les époux, plus nombreuse encore, d'une
sympathie plus impatiente, agitée déjà de gestes et d'acclamations.
Les cierges avaient pâli, les orgues couvraient de leur tonnerre les
bruits de la rue.
Et, d'une marche lente, entre la double haie des fidèles, Angélique
et Félicien se dirigèrent vers la porte. Après le triomphe, elle sortait
du rêve, elle marchait là-bas, pour entrer dans la réalité. Ce porche
de lumière crue ouvrait sur le monde qu'elle ignorait ; et elle ralentissait le pas, elle regardait les maisons actives, la foule tumultueuse,
tout ce qui la réclamait et la saluait. Sa faiblesse était si grande, que
son mari devait presque la porter. Pourtant, elle souriait toujours,
elle songeait à cet hôtel princier, plein de bijoux et de toilettes de
reine, où l'attendait la chambre des noces, toute de soie blanche.
Une suffocation l'arrêta, puis elle eut la force de faire quelques pas
encore. Son regard avait rencontré l'anneau passé à son doigt, elle
souriait de ce lien éternel. Alors, au seuil de la grand-porte, en haut
des marches qui descendaient sur la place, elle chancela. N'était-elle
pas allée jusqu'au bout du bonheur ? N'était-ce pas là que la joie d'être
finissait ? Elle se haussa d'un dernier effort, elle mit sa bouche sur la
bouche de Félicien. Et, dans ce baiser, elle mourut.
allumée.
la prière chrétienne du Notre-Père.
côté de l'autel d'une église où est lue la lettre d'un apôtre dans le
Nouveau Testament.
personnes chargées de différentes tâches
dans la cérémonie ecclésiastique.
parties latérales de l'église.