Phèdre
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Étude thématique 2
La culpabilité
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Question 1
En classe entière
Constituez un tribunal qui débattra pour savoir si Phèdre est coupable ou non de la mort de son beau-fils Hippolyte. Un groupe envisagera les raisons qui condamnent Phèdre, un autre prendra sa défense et un troisième délibérera après avoir écouté le compte-rendu de chacun des précédents groupes. Pour tous les arguments, appuyez-vous sur des références précises du texte et justifiez vos choix.
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Texte écho 1Sophocle, Œdipe roi, Ve siècle av. J.-C., trad. Paul
Mazon, © Les Belles Lettres, 1998.
Œdipe apprend que la malédiction dont il faisait l'objet, à laquelle il
avait tout fait pour échapper, s'est réalisée : il a tué son père et épousé
sa mère, Jocaste, avec qui il a eu des enfants. Désespéré, il se crève les
yeux pour ne plus voir la noirceur de son monde.
Et de quels yeux, descendu aux Enfers, eussé-je pu, si j'y voyais, regarder mon père et ma pauvre mère, alors que j'ai sur tous les deux commis des forfaits plus atroces que ceux pour lesquels on se pend ? Est-ce la vue de mes enfants qui aurait pu m'être agréable ? – des enfants nés 5 comme ceux-ci sont nés ! Mes yeux, à moi, du moins ne les reverront pas, non plus que cette ville, ces murs, ces images sacrées de nos dieux, dont je me suis exclu moi-même, infortuné, moi, le plus glorieux des enfants de Thèbes1, le jour où j'ai donné l'ordre formel à tous de repousser le sacrilège, celui que les dieux mêmes ont révélé impur, l'enfant de Laïos2 !
Et après avoir de la sorte dénoncé ma propre souillure, j'aurais pu les voir sans baisser les yeux ?
Non, non ! Si même il m'était possible de barrer au flot des sons la route de mes oreilles, rien ne m'empêcherait alors de verrouiller mon pauvre corps, en le rendant aveugle et sourd tout à la fois.
1. Thèbes : ville d'origine d'Œdipe.Et de quels yeux, descendu aux Enfers, eussé-je pu, si j'y voyais, regarder mon père et ma pauvre mère, alors que j'ai sur tous les deux commis des forfaits plus atroces que ceux pour lesquels on se pend ? Est-ce la vue de mes enfants qui aurait pu m'être agréable ? – des enfants nés 5 comme ceux-ci sont nés ! Mes yeux, à moi, du moins ne les reverront pas, non plus que cette ville, ces murs, ces images sacrées de nos dieux, dont je me suis exclu moi-même, infortuné, moi, le plus glorieux des enfants de Thèbes1, le jour où j'ai donné l'ordre formel à tous de repousser le sacrilège, celui que les dieux mêmes ont révélé impur, l'enfant de Laïos2 !
Et après avoir de la sorte dénoncé ma propre souillure, j'aurais pu les voir sans baisser les yeux ?
Non, non ! Si même il m'était possible de barrer au flot des sons la route de mes oreilles, rien ne m'empêcherait alors de verrouiller mon pauvre corps, en le rendant aveugle et sourd tout à la fois.
2. Laïos : père d'Œdipe.
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Texte écho 2Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, deuxième
partie, scène 3, 1990, © Les Solitaires intempestifs, 2000.
Antoine.
Et nous1, nous nous sommes fait du mal à notre tour,chacun n'avait rien à se reprocher
et ce ne pouvait être que les autres qui te nuisaient et nous
rendaient responsables tous ensemble,
moi, eux,
et peu à peu, c'était de ma faute, ce ne pouvait être que de ma faute.
On devait m'aimer trop puisque on ne t'aimait pas assez et on voulut
me reprendre alors ce qu'on ne me donnait pas, et ne me donna plus rien,
et j'étais là, couvert de bonté sans intérêt à ne jamais devoir me plaindre,
à sourire, à jouer,
à être satisfait, comblé,
tiens, le mot, comblé,
alors que toi, toujours, inexplicablement, tu suais le malheur
dont rien ni personne, malgré tous ces efforts, n'aurait su te distraire
et te sauver.
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Texte écho 3Joël Pommerat, Cendrillon, première partie,
scène 13, © Actes Sud, 2011.
La Très Jeune Fille a perdu sa mère. Elle croit avoir compris que, lors de
ses derniers instants, celle-ci lui a fait promettre de penser à elle toutes
les cinq minutes pour ne pas mourir totalement. Elle vit donc avec cette
obligation et estime être une mauvaise fille car elle ne pense jamais
suffisamment à sa mère. Elle discute ici avec la Fée, sa marraine.
La Fée. – C'est quoi que tu dois faire ?
La Très Jeune Fille. – J'ai dit que j'avais plus envie de vous écouter ni de vous parler !
(Petit temps.)
Ce qui est important, c'est que je dois penser à ma mère, parce qu'elle me l'a demandé et que c'est important.
(La montre de la très jeune fille se met à sonner.)
Voilà ce que je dois faire.
La Fée. – Même la nuit elle sonne ta montre ?
La Très Jeune Fille. – Oui !
Un temps.
La Fée. – Pas gaie ta vie !
La Très Jeune Fille. – Qu'est-ce que j'ai dit !
La Fée. – Pardon !
La Très Jeune Fille. – Merci.
La Fée. – C'est vrai, elle est chiante ta vie, tu te marres jamais, y a pas de distractions dans ta vie. Pendant ce temps, les autres, i'se marrent, tu sais ça ?!
La Très Jeune Fille. – Je m'en fous des autres, j'ai pas besoin de m'amuser, c'est pour les petits de s'amuser. Moi, j'ai autre chose à faire de plus important et de plus adulte que de me distraire. Et de toute façon, pour se distraire, faut l'avoir mérité et moi, je mérite pas, voilà c'est dit ! Maintenant ciao.
La Fée. – C'est quoi que tu dois faire ?
La Très Jeune Fille. – J'ai dit que j'avais plus envie de vous écouter ni de vous parler !
(Petit temps.)
Ce qui est important, c'est que je dois penser à ma mère, parce qu'elle me l'a demandé et que c'est important.
(La montre de la très jeune fille se met à sonner.)
Voilà ce que je dois faire.
La Fée. – Même la nuit elle sonne ta montre ?
La Très Jeune Fille. – Oui !
Un temps.
La Fée. – Pas gaie ta vie !
La Très Jeune Fille. – Qu'est-ce que j'ai dit !
La Fée. – Pardon !
La Très Jeune Fille. – Merci.
La Fée. – C'est vrai, elle est chiante ta vie, tu te marres jamais, y a pas de distractions dans ta vie. Pendant ce temps, les autres, i'se marrent, tu sais ça ?!
La Très Jeune Fille. – Je m'en fous des autres, j'ai pas besoin de m'amuser, c'est pour les petits de s'amuser. Moi, j'ai autre chose à faire de plus important et de plus adulte que de me distraire. Et de toute façon, pour se distraire, faut l'avoir mérité et moi, je mérite pas, voilà c'est dit ! Maintenant ciao.
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1. Texte écho 1
2. Texte écho 2
3. Texte écho 3
- a) Relevez les mots du champ lexical du regard.
- b) Montrez que cette thématique fait écho à celle de la lumière
dans Phèdre et expliquez pourquoi ce thème est lié à la culpabilité.
2. Texte écho 2
- a) Analysez les pronoms du texte et montrez
le glissement de la forme plurielle « nous » à celle du singulier
« je ».
- b) Pourquoi peut-on y voir une illustration de la culpabilité
d'Antoine ?
- c) Quelles expressions de cet extrait font écho
aux paroles de Phèdre ?
3. Texte écho 3
- Comment la culpabilité de la Très Jeune Fille se
traduit-elle ?
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Vers la dissertation
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En vous appuyant sur les textes écho
et sur votre lecture de Phèdre, trouvez deux exemples qui peuvent
illustrer l'idée que, dans les tragédies, les personnages se font du
mal pour expier une faute, réelle ou imaginaire.
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