Il a bien fallu. Tout le monde l'a dit : l'école, c'est obligatoire.
La Varienne a baissé la tête.
Le jour de la première fois, elle a lissé un froissement qu'elle seule
voyait sur son tablier bleu foncé, longuement. Elle n'a pas regardé Luce
partir.
C'est brusquement, une fois la porte refermée, qu'elle s'est levée.
Elle a suivi sa petite, comme font les chiens dont on ne veut pas,
de loin.
On a vu La Varienne s'arrêter sur la place du village, elle qui n'y
vient jamais sans son panier. Les deux bras ballants, devant l'édifice
qui lui avait dévoré sa petite, plantée devant la grande grille refermée,
elle est restée.
Demeurée, c'est l'autre nom pour l'abrutie qu'elle est.
Demeurée, oui, demeurée, devant la grille close, longtemps, sous la
bruine rousse de septembre, jusqu'à ce qu'une jeune femme, l'institutrice,
sorte et lui dise « Il faut partir maintenant ».