1983
Jeudi 1er septembre
43 ans à Venise. Hôtel seulement passable pour le prix. Peut-être suis-je revenue trop vite à Venise, un an seulement depuis mon dernier séjour. Le temps n'a pas eu le temps de couler, la ville ne me renvoie pas la même sensation d'un écart entre moi et moi, je suis à peu près la même que l'an passé. Du moins, je ne sais pas encore en quoi je suis différente. Revenir ici trop souvent, c'est conjurer la vieillesse, l'affolement devant le temps. Je ne reviendrai pas avant des années maintenant. 23 ans -
34 ans - 42 ans, l'écart était suffisant pour m'offrir des images différentes de moi-même, non cette année.
Vingt ans après, j'ai encore revu les Zattere, en face, la Giudecca. C'était le soir, il y avait peu de monde, me dire que c'est peut-être l'endroit de Venise que je préfère. Toujours, comme un double, un couple jeune qui s'embrasse, ici, en pleine rue, non loin de la pension toujours fermée, avec sa plante grimpante, ses volets vert sombre, sur la petite place à arcades. J'écrirai peut-être un jour quelque chose sur ces retours à Venise, si dénués de toute pensée, juste des violences de sentiments, sensations.
J'ai marché tout le matin en me perdant, comme d'habitude. Église San Fantin, Santo Stefano avec un très beau cloître, plus loin, le campanile incliné.
L'après-midi, la Guidecca, pauvre et mélancolique. Église del Redentore, puis l'île de San Giorgio. Très belle église. Ascension du campanile. Je suis restée là très longtemps, il était six heures passées, certaines parties de Venise étaient dans l'ombre. De la brume. Retour aux Zattere, église des Gesuati, il y avait un salut, comme autrefois.