Français 4e - 2022

Rejoignez la communauté !
Co-construisez les ressources dont vous avez besoin et partagez votre expertise pédagogique.
Questionnement 1 : Dire l'amour
Ch. 1
Comment dire les nuances de l'amour ?
Ch. 2
Roméo et Juliette : une histoire d’amour mythique ?
Questionnement 2 : Individu et société : confrontations de valeurs ?
Ch. 3
Des valeurs en confrontation ?
Ch. 4
Le Cid entre amour, honneur et devoir ?
Ch. 5
Les Misérables : un roman réaliste ?
Questionnement 3 : La fiction pour interroger le réel
Ch. 6
« Un parricide » : le récit d’un drame social ?
Ch. 7
« Magie » : un récit aux frontières du réel ?
Questionnement 4 : Informer, s’informer, déformer ?
Ch. 8
Comment mieux informer et s’informer ?
Questionnement complémentaire : La ville, lieu de tous les possibles ?
Ch. 10
Comment la science-fiction imagine-t-elle la ville ?
Étude de la langue
Ch. 11
Lexique
Ch. 12
Grammaire
Ch. 13
Conjugaison
Ch. 14
Orthographe
Fiches méthode
Livret Brevet
Annexes
Chapitre 9
Texte et image 1

« Cette monstrueuse merveille »

10 professeurs ont participé à cette page
Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.
En 1800, Paris compte environ 500 000 habitants. Cent ans plus tard, près de 4 millions de personnes vivent dans l'agglomération parisienne et nombreux sont les romanciers du XIXe siècle à s'intéresser aux transformations de Paris. L'extrait suivant correspond au début du roman.

Il est dans Paris certaines rues déshonorées autant que peut l'être un homme coupable d'infamie 1; puis il existe des rues nobles, puis des rues simplement honnêtes, puis de jeunes rues sur la moralité desquelles le public ne s'est pas encore formé d'opinion ; puis des rues assassines, des rues plus vieilles que de vieilles douairières2 ne sont vieilles, des rues estimables, des rues toujours propres, des rues toujours sales, des rues ouvrières, travailleuses, mercantiles3. Enfin, les rues de Paris ont des qualités humaines, et nous impriment4 par leur physionomie5 certaines idées contre lesquelles nous sommes sans défense. Il y a des rues de mauvaise compagnie où vous ne voudriez pas demeurer, et des rues où vous placeriez volontiers votre séjour. [...] Ces observations, incompréhensibles au delà de Paris, seront sans doute saisies par ces hommes d'étude et de pensée, de poésie et de plaisir qui savent récolter, en flânant dans Paris, la masse de jouissances flottantes, à toute heure, entre ses murailles ; par ceux pour lesquels Paris est le plus délicieux des monstres : là, jolie femme ; plus loin, vieux et pauvre ; ici, tout neuf comme la monnaie d'un nouveau règne ; dans ce coin, élégant comme une femme à la mode. Monstre complet d'ailleurs ! Ses greniers, espèce de tête pleine de science et de génie ; ses premiers étages, estomacs heureux ; ses boutiques, véritables pieds ; de là partent tous les trotteurs, tous les affairés6. Eh ! quelle vie toujours active a le monstre ? À peine le dernier frétillement des dernières voitures de bal cesse-t-il au cœur que déjà ses bras se remuent aux Barrières7, et il se secoue lentement. Toutes les portes bâillent, tournent sur leurs gonds, comme les membranes d'un grand homard, invisiblement manœuvrées par trente mille hommes ou femmes, dont chacune ou chacun vit dans six pieds carrés8, y possède une cuisine, un atelier, un lit, des enfants, un jardin, n'y voit pas clair, et doit tout voir. Insensiblement les articulations craquent, le mouvement se communique, la rue parle. À midi, tout est vivant, les cheminées fument, le monstre mange ; puis il rugit, puis ses mille pattes s'agitent. Beau spectacle !
Mais, ô Paris ! qui n'a pas admiré tes sombres paysages, tes échappées de lumière, tes culs-de-sac profonds et silencieux ; qui n'a pas entendu tes murmures, entre minuit et deux heures du matin, ne connaît encore rien de ta vraie poésie, ni de tes bizarres et larges contrastes. Il est un petit nombre d'amateurs, de gens qui ne marchent jamais en écervelés9, qui dégustent leur Paris, qui en possèdent si bien la physionomie10 qu'ils y voient une verrue, un bouton, une rougeur. Pour les autres, Paris est toujours cette monstrueuse merveille, étonnant assemblage de mouvements, de machines et de pensées, la ville aux cent mille romans, la tête du monde. Mais, pour ceux-là, Paris est triste ou gai, laid ou beau, vivant ou mort ; pour eux, Paris est une créature ; chaque homme, chaque fraction de maison est un lobe11 du tissu cellulaire de cette grande courtisane de laquelle ils connaissent parfaitement la tête, le cœur et les mœurs fantasques. Aussi ceux-là sont-ils les amants de Paris.
Honoré de Balzac
Ferragus, chef des Dévorants, 1833.

1. D'une action honteuse.
2. Vieille femme riche.
3. Qui ne sont préoccupées que par leur désir de gagner plus d'argent.
4. Gravent, fixent dans notre esprit.
5. Apparence (se dit notamment pour les traits du visage).
6. Gens pressés, occupés par de nombreuses tâches.
7. Frontières de Paris.
8. Environ deux mètres carrés.
9. Individus dépourvus de bon sens, de jugement.
10. Qui en connaissent si bien l'apparence.
11. Une partie.

Lecture du texte

Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.

Honoré de Balzac 

(1799-1850)
Honoré de Balzac est journaliste et écrivain. Travailleur acharné, il a publié près de cent ouvrages rassemblés sous le titre La Comédie humaine, vaste étude de la société de son temps. Le roman Illusions perdues est l'un des plus célèbres.
Placeholder pour Portrait de Honoré de BalzacPortrait de Honoré de Balzac
Le zoom est accessible dans la version Premium.
Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.

Ressource numérique

Découvrez une autre description balzacienne de Paris

Cette ville à diadème est une reine qui, toujours grosse, a des envies irrésistiblement furieuses. Paris est la tête du globe, un cerveau qui crève de génie et conduit la civilisation humaine, un grand homme, un artiste incessamment créateur, un politique à seconde vue qui doit nécessairement avoir les rides du cerveau, les vices du grand homme, les fantaisies de l'artiste et les blasements du politique. Sa physionomie sous-entend la germination du bien et du mal, le combat et la victoire  la bataille morale de 89 dont les trompettes retentissent encore dans tous les coins du monde  et aussi l'abattement de 1814. Cette ville ne peut donc pas être plus morale, ni plus cordiale, ni plus propre que ne l'est la chaudière motrice de ces magnifiques pyroscaphes que vous admirez fendant les ondes ! Paris n'est-il pas un sublime vaisseau chargé d'intelligence ? Oui, ses armes sont un de ces oracles que se permet quelquefois la fatalité. La Ville de Paris a son grand mât tout de bronze, sculpté de victoires, et pour vigie Napoléon. Cette nauf a bien son tangage et son roulis  mais elle sillonne le monde, y fait feu par les cent bouches de ses tribunes, laboure les mers scientifiques, y vogue à pleines voiles, crie du haut de ses huniers par la voix de ses savants et de ses artistes : — « En avant, marchez ! suivez-moi ! »
Honoré de Balzac
La Fille aux yeux d'or, 1835.
Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.
Placeholder pour Ardif, Gargouille de Notre-Dame, 2018, collage peint (Paris).Ardif, Gargouille de Notre-Dame, 2018, collage peint (Paris).
Le zoom est accessible dans la version Premium.
Ardif, Chimère de Notre-Dame, 2018, collage peint (Paris).
Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.
Questions

Compréhension

1. Caractérisez cette description de Paris. Est-elle plutôt élogieuse ? péjorative ? neutre ? contrastée ? Justifiez votre réponse par des citations du texte.

Analyse et interprétation

2. a) Dans le premier paragraphe, en quoi les adjectifs choisis pour qualifier les rues de Paris peuvent-ils sembler surprenants ?
2. b) Comment appelle-t-on cette figure de style ?
3. À quelle figure de style correspondent les expressions « le plus délicieux des monstres » et « cette monstrueuse merveille » ?
4. Comment comprenez-vous l'expression « la tête du monde » ?
5. À partir de vos réponses aux questions précédentes, résumez la manière dont la ville de Paris est présentée dans cet extrait
6. Le dernier paragraphe oppose deux groupes de personnes. a) Formulez cette opposition.
6. b) Selon vous, dans quel groupe le narrateur se place-t-il ?
6. c) Quelle promesse nous fait-il ainsi au début de son récit ?
7. Image a) Décrivez ce collage.
7. Image b) Selon vous, Associez la ville de Paris à la figure de la chimère en proposant deux phrases, l'une comprenant une métaphore, l'autre, une personnification (voir ).

Écriture

8. En vous inspirant de cet extrait, décrivez votre ville ou votre collège en un paragraphe d'une vingtaine de lignes. Vous en ferez un personnage vivant, fascinant et plein de contrastes.
Afficher la correction

Une erreur sur la page ? Une idée à proposer ?

Nos manuels sont collaboratifs, n'hésitez pas à nous en faire part.

Oups, une coquille

j'ai une idée !

Nous préparons votre pageNous vous offrons 5 essais
collaborateur

collaborateurYolène
collaborateurÉmilie
collaborateurJean-Paul
collaborateurFatima
collaborateurSarah
Utilisation des cookies
Lors de votre navigation sur ce site, des cookies nécessaires au bon fonctionnement et exemptés de consentement sont déposés.