Philosophie Terminale

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SECTION 1 • Le roseau pensant
Ch. 1
La conscience
Ch. 2
L’inconscient
Ch. 3
Le temps
Ch. 4
La raison
SECTION 2 • Le fils de Prométhée
Ch. 6
La science
Ch. 7
La technique
Ch. 8
L’art
Ch. 9
Le travail
SECTION 3 • L’animal politique
Ch. 10
La nature
Ch. 11
Le langage
Ch. 12
L’État
Ch. 13
Le devoir
SECTION 4 • L’ami de la sagesse
Ch. 14
La justice
Ch. 15
La religion
Ch. 16
La liberté
Ch. 17
Le bonheur
Fiches méthode
Biographies
Annexes
Chapitre 5
Réflexion 3

Le doute est-il nécessaire à la connaissance du vrai ?

14 professeurs ont participé à cette page
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Texte 7
Trouver un fondement sûr à nos connaissances

Texte fondateur

Dans un contexte historique où le système géocentrique est remis en cause par Copernic puis Galilée, il est urgent, pour Descartes, de se demander s'il peut trouver une première certitude qui lui servira de fondement. Après avoir entrepris de douter de tout, dans cette deuxième méditation, il émet l'hypothèse d'un malin génie qui le tromperait constamment.

Je suppose donc que toutes les choses que je vois sont fausses ; je me persuade que rien n'a jamais été de tout ce que ma mémoire remplie de mensonges me représente ; je pense n'avoir aucun sens ; je crois que le corps, la figure, l'étendue, le mouvement et le lieu ne sont que des fictions de mon esprita. Qu'est-ce donc qui pourra être estimé véritable ? Peut-être rien autre chose, sinon qu'il n'y a rien au monde de certain.
Mais que sais-je s'il n'y a point quelque autre chose différente de celles que je viens de juger incertaines, de laquelle on ne puisse avoir le moindre doute ? N'y a-t-il point quelque Dieu, ou quelque autre puissance, qui me met en l'esprit ces pensées ? Cela n'est pas nécessaire ; car peut-être que je suis capable de les produire de moi-même. Moi donc à tout le moins ne suis-je pas quelque chose ? Mais j'ai déjà nié que j'eusse aucun sens ni aucun corps. J'hésite néanmoins, car que s'ensuit-il de là ? Suis-je tellement dépendant du corps et des sens, que je ne puisse être sans eux ? Mais je me suis persuadé qu'il n'y avait rien du tout dans le monde, qu'il n'y avait aucun ciel, aucune terre, aucun esprit, ni aucun corps ; ne me suis-je donc pas aussi persuadé que je n'étais point ? Non certes, j'étais sans doute, si je me suis persuadé, ou seulement si j'ai pensé quelque chose. Mais il y a un je ne sais quel trompeur très puissant et très ruséb, qui emploie toute son industrie à me tromper toujours. Il n'y a donc point de doute que je suis, s'il me trompe ; et qu'il me trompe tant qu'il voudra il ne saurait jamais faire que je ne sois rien, tant que je penserai être quelque chose. De sorte qu'après y avoir bien pensé, et avoir soigneusement examiné toutes choses, enfin il faut conclure, et tenir pour constant que cette proposition : Je suis, j'existe, est nécessairement vraie, toutes les fois que je la prononce, ou que je la conçois en mon esprit.
Mais je ne connais pas encore assez clairement ce que je suis, moi qui suis certain que je suis ; de sorte que désormais il faut que je prenne soigneusement garde de ne prendre pas imprudemment quelque autre chose pour moi, et ainsi de ne me point méprendre dans cette connaissance, que je soutiens être plus certaine et plus évidente que toutes celles que j'ai eues auparavant.
René Descartes
Méditations métaphysiques, 1641.

Aide à la lecture

a. Des choses que mon esprit imagine mais qui n'existent pas dans le monde.
b. Descartes fait l'hypothèse d'une « puissance » qui le trompe volontairement, à l'intérieur même de ses pensées.
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Descartes - XVIIe siècle

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Que l'auteur déclare‑t‑il ?





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Repères

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Question

Pourquoi la certitude d'exister peut-elle résister à l'hypothèse d'un dieu trompeur ?
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Texte 8
Les sens ne suffisent pas pour connaître

Après s'être défini comme « une chose qui pense », Descartes se demande ce qu'il peut connaître du monde. Malgré les changements d'état d'un morceau de cire chauffé, et donc son changement d'apparence sensorielle, nous ne doutons pas qu'il s'agisse bel et bien du même morceau de cire. C'est notre jugement qui s'impose à la perception du morceau de cire : nous ne recevons pas passivement des informations des sens, nous jugeons la réalité perçue.

Prenons pour exemple ce morceau de cire : il vient tout fraîchement d'être tiré de la ruche, il n'a pas encore perdu la douceur du miel qu'il contenait, il retient encore quelque chose de l'odeur des fleurs dont il a été recueilli ; sa couleur, sa figure, sa grandeur sont apparentes ; il est dur, il est froid, il est maniable, et si vous frappez dessus, il rendra quelque son. Enfin toutes les choses qui peuvent distinctement faire connaître un corps se rencontrent en celui-ci.
Mais voici que pendant que je parle, on l'approche du feu : ce qui y restait de saveur s'exhale, l'odeur s'évapore, sa couleur se change, sa figure se perd, sa grandeur augmente, il devient liquide, il s'échauffe, à peine peut-on le manier, et quoique l'on frappe dessus, il ne rendra plus aucun son.
La même cire demeure-t-elle encore après ce changement ? Il faut avouer qu'elle demeure ; personne n'en doute, personne ne juge autrement. Qu'est-ce donc que l'on connaissait en ce morceau de cire avec tant de distinction ? Certes ce ne peut être rien de tout ce que j'y ai remarqué par l'entremise des sens, puisque toutes les choses qui tombaient sous le goût, sous l'odorat, sous la vue, sous l'attouchement et sous l'ouïe, se trouvent changées, et que cependant la même cire demeure. [...]
Je dis ce morceau de cire en particulier : car pour la cire en général, il est encore plus évident. Mais quel est ce morceau de cire qui ne peut être compris que par l'entendement ou par l'esprit ? Certes c'est le même que je vois, que je touche, que j'imagine, et enfin, c'est le même que j'ai toujours cru que c'était au commencement.
Or ce qui est ici grandement à remarquer, c'est que sa perception n'est point une vision, ni un attouchement, ni une imagination, et ne l'a jamais été quoiqu'il le semblât ainsi auparavant, mais seulement une inspection de l'esprita, laquelle peut être imparfaite et confuse, comme elle était auparavant, ou bien claire et distincte, comme elle est à présent, selon que mon attention se porte plus ou moins aux choses qui sont en elle, et dont elle est composée.
René Descartes
Méditations métaphysiques, 1641.

Aide à la lecture

a. Cette inspection de l'esprit relève d'une capacité à établir un jugement sur la réalité.
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Descartes - XVIIe siècle

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Jean-Pierre Mongin, Les Petits Platons, 2012. Illustration du propos de Descartes.
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Question

Comment Descartes montre-t-il l'insuffisance des sens pour parvenir au vrai ?
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Activité

Justifiez, en vous appuyant sur le texte 7 et le texte 8 qui précèdent, ces propos de Descartes dans le Discours de la méthode : « Remarquant que cette vérité, je pense, donc je suis, était si ferme et si assurée, que toutes les plus extravagantes suppositions des sceptiques n'étaient pas capables de l'ébranler, je jugeai que je pouvais la recevoir sans scrupule pour le premier principe de la philosophie que je cherchais ».
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Texte 9
Toutes nos certitudes reposent sur des croyances

Dans ce texte, Wittgenstein questionne l'origine de nos connaissances.

158. Enfants, nous apprenons des faits, par exemple que tout homme a un cerveau, et nous y ajoutons foi. Je crois qu'il y a une île, l'Australie, qui a telle forme, etc., je crois que j'ai eu des aïeux, que les gens qui se donnaient pour mes parents étaient réellement mes parents, etc. Cette croyance peut ne jamais avoir été exprimée, et même la pensée qu'il en est ainsi peut ne jamais avoir été pensée. […]
160. L'enfant apprend en croyant l'adulte. Le doute vient après la croyance.
161. J'ai appris une masse de choses, je les ai admises par confiance en l'autorité d'êtres humains, puis au cours de mon expérience personnelle, nombre d'entre elles se sont trouvées confirmées ou infirmées.
162. Ce qui est écrit dans les manuels scolaires, dans le livre de géographie par exemple, je le tiens en général pour vrai. Pourquoi ? Je dis : Tous ces faits ont été confirmés des centaines de fois. Mais comment le sais-je ? Quel témoignage en ai-je ?
Ludwig Wittgenstein
De la certitude, 1951, trad. J. Fauve, © Éditions Gallimard, 1969.
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Wittgenstein - XXe siècle

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Repères

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Question

Quelle limite y a-t-il à la vérification de nos certitudes ?
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Texte 10
La confrontation des opinions, une étape du raisonnement

Par ce texte, Peirce montre que si nous n'accédons pas à la vérité, c'est seulement en raison de nos limites humaines (spatiales et temporelles).

Toute pensée, toute opinion humaine contient un élément arbitraire, accidentel, qui dépend des limitations imposées à l'individu par les circonstances, le pouvoir, ses inclinations, un élément d'erreur, en somme. Mais les opinions humaines tendent universellement, à long terme, vers une forme définitive, qui est la vérité. Qu'un être humain soit suffisamment informé et exerce assez sa réflexion sur n'importe quelle question, le résultat en sera qu'il parviendra à une conclusion certaine et définie, qui est la même que celle à laquelle parviendra n'importe quel autre esprit dans des circonstances suffisamment favorables. [...] il existe une opinion définie vers laquelle, dans l'ensemble et à long terme, tend l'esprit de l'homme.
Charles Sanders Peirce
Pragmatisme et pragmaticisme, 1877-1903, trad. C. Tiercelin, P. Thibaud, Éditions du Cerf, 2002.
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Peirce - XIXe siècle

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Repères

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Question

Quelles sont les « circonstances suffisamment favorables » évoquées ici ?
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Focus

Le doute raisonnable et la justice

Placeholder pour Film : Douze hommes en colèreFilm : Douze hommes en colère
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Dans ce photogramme de Douze hommes en colère (film de Sydney Lumet, 1957), un seul juré demande à débattre avant de condamner à mort un homme suspecté d'avoir tué son père. La question de la vérité n'est pas seulement épistémologique : il en va parfois de la vie d'un homme. La notion de « doute raisonnable » est une notion juridique qui permet à un jury de ne pas déclarer un prévenu « coupable », dès lors qu'il subsiste un doute quant à sa culpabilité. Ici, « raisonnable » est moins fort que « rationnel » ; aucune preuve n'est nécessaire à l'appui de ce doute raisonnable, comme le déclare le juge dans la première réplique du film :

« Vous avez assisté aux débats. Vous savez qu'il s'agit d'un cas assez complexe d'un meurtre avec préméditation. La préméditation en matière d'assassinat est ce que nos cours criminelles ont à juger de plus grave. Vous avez entendu les témoignages, on vous a lu et expliqué les textes de lois qui seront appliqués en ce cas et maintenant votre devoir est de réfléchir afin de séparer les faits et ce qui relève de l'imagination. Un homme a été tué et la vie d'un autre est en jeu. S'il existe dans votre esprit un doute valable sur la question de la culpabilité de l'accusé, un doute valable, vous devez m'apporter un verdict de non‑culpabilité. Si vous n'éprouvez aucun doute valable, vous devez en votre âme et conscience déclarer l'accusé coupable. Quelle que soit votre décision, elle devra être unanime. Dans le cas où vous rendriez un verdict de culpabilité, la cour ne le discutera pas, il sera irrévocable, et entraînera automatiquement la sentence de mort. Vous assumez, Messieurs, une grave responsabilité. Je vous remercie. »
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Texte 11
Il n'y a rien à rechercher au-delà des apparences

Texte fondateur

Selon Nietzsche, les philosophes mystifient le concept de vérité et, ainsi, dévalorisent le sensible. Or, il soutient dans cet extrait que le témoignage des sens est le matériau préalable à toute science.

Le « monde des apparences » est le seul réel : le « monde-vérité » est seulement ajouté par le mensonge…a
3.
Et quels fins instruments d'observation sont pour nous nos sens ! Le nez, par exemple, dont aucun philosophe n'a jamais parlé avec vénération et reconnaissance, le nez est même provisoirement l'instrument le plus délicat que nous ayons à notre service : cet instrument est capable d'enregistrer des différences minimes dans le mouvement, différences que même le spectroscope n'enregistre pas. Aujourd'hui nous ne possédons de science qu'en tant que nous nous sommes décidés à accepter le témoignage des sens, – qu'en tant que nous armons et aiguisons nos sens, leur apprenant à penser jusqu'au bout.
Friedrich Nietzsche
Crépuscule des idoles, 1888, trad. H. Albert.

Aide à la lecture

a. Nietzsche considère la vérité comme une fiction dont on se sert pour soumettre les hommes à la morale. Il cherche à montrer que seules les apparences sont réelles.
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Nietzsche - XIXe siècle

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Question

La vérité peut-elle devenir une forme d'idéologie ?
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Activité

En vous appuyant sur le texte 9, le texte 10 et le texte 11, proposez une problématique et un plan de dissertation pour le sujet : puis-je parvenir seul à la vérité ?
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