L'étymologie enseigne que la philosophie, du grec
philô, « aimer », et sophia, la « sagesse » est « amour
de la sagesse » ; ce n'est donc pas sa possession, mais
son désir qui définit le philosophe. L'ami, ou l'amoureux
de la sagesse, se propose donc un objectif
et non un statut. Le philosophe ne sait pas, il s'efforce
de savoir ; sa discipline est une enquête.
Quelle est cette sagesse qu'il s'agit d'aimer pour
être philosophe ?
Le philosophe cherche à comprendre la condition
humaine. Il doit donc statuer sur le possible créateur
de l'humanité : Dieu. S'il affirme sa présence,
il souhaite exister dans sa lumière et cherche sa
justice. S'il prononce sa mort, il reprend en main la
totale liberté de son existence et doit définir une
justice humaine. Dans les deux cas, il se confronte
à la religion, car elle est l'une des plus anciennes
formes de notre espoir.
Quelle finalité l'homme poursuit‑il ? Que lui est‑il
permis d'espérer ?
L'espérance la plus commune est probablement
le bonheur, mais c'est aussi un concept très largement
indéterminé, comme le démontre Kant. Or,
les chemins de la philosophie sont pavés d'incertitudes : les questions ne trouvent pas toujours de
réponses. La philosophie semble donc bien incapable
de procurer le bonheur convoité, à moins que
la sagesse ne consiste précisément à trouver une
satisfaction morale et intellectuelle dans l'effort de
penser et dans l'espoir de réussir. L'incertitude du
philosophe serait alors l'essentiel de sa méthode :
questionner le dogmatisme pour élever son esprit,
douter pour s'ouvrir aux possibles, trouver la paix
dans la contemplation de l'univers.