Philosophie Terminale

Rejoignez la communauté !
Co-construisez les ressources dont vous avez besoin et partagez votre expertise pédagogique.
SECTION 1 • Le roseau pensant
Ch. 1
La conscience
Ch. 2
L’inconscient
Ch. 3
Le temps
Ch. 4
La raison
SECTION 2 • Le fils de Prométhée
Ch. 6
La science
Ch. 7
La technique
Ch. 8
L’art
Ch. 9
Le travail
SECTION 3 • L’animal politique
Ch. 10
La nature
Ch. 11
Le langage
Ch. 12
L’État
Ch. 13
Le devoir
SECTION 4 • L’ami de la sagesse
Ch. 14
La justice
Ch. 15
La religion
Ch. 16
La liberté
Ch. 17
Le bonheur
Fiches méthode
Biographies
Annexes
Chapitre 5
Réflexion 1

Pourquoi rechercher la vérité plutôt qu'en rester à l'opinion de chacun ?

18 professeurs ont participé à cette page
Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.

Texte 1
La recherche de la vérité est essentielle pour l'homme

Protarque déclare qu'il consentirait à passer toute sa vie « dans les grandes jouissances » ; Socrate nous montre au contraire que cette vie-là n'est pas désirable.

SOCRATE – Examine bien si tu n'aurais pas besoin de penser, de comprendre, de calculer tes besoins, et de toutes les facultés de ce genre ?

PROTARQUE – En quoi en aurais-je besoin ? J'aurais tout, je pense, si j'avais le plaisir. […]

SOCRATE – Mais, ne possédant ni intelligence, ni mémoire, ni science, ni opinion vraie, il est tout d'abord certain que tu ignorerais forcément si tu as du plaisir ou si tu n'en as pas, puisque tu es dénué de toute intelligence.

PROTARQUE – C'est forcé.

SOCRATE – Et de même, si tu n'avais pas de mémoire, tu ne pourrais même pas te rappeler que tu aies jamais eu du plaisir, ni garder le moindre souvenir du plaisir qui t'arrive dans le moment présent. Si, en outre, tu n'avais pas d'opinion vraie, tu ne pourrais pas penser que tu as du plaisir au moment où tu en as, et, si tu étais privé de raisonnement, tu ne serais même pas capable de calculer que tu auras du plaisir dans l'avenir. Ta vie ne serait pas celle d'un homme, mais d'un poumon marin ou de ces animaux de mer qui vivent dans des coquilles !
Platon
Philèbe, IVe s. av. J.-C., trad E. Chambry.
Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.
Placeholder pour PlatonPlaton
Le zoom est accessible dans la version Premium.

Platon - Antiquité

Retrouvez
Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.

Repères

Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.

Question

La clairvoyance quant à notre existence est-elle une condition du bonheur ?
Afficher la correction
Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.

Texte 2
Cette recherche suppose l'opposition au relativisme

La vérité existe-t-elle ou bien pouvons-nous dire « à chacun sa vérité » ? Socrate montre en quoi la position relativiste est contradictoire.

SOCRATE – Si pour chacun doit être vraie l'opinion qu'il conçoit du fait de la sensation ; si, ce qu'éprouve un tel, tel autre n'en sera pas meilleur juge ; si, s'agissant d'opinion, l'un non plus ne sera pas mieux à même d'examiner si celle d'un autre est juste ou fausse ; si au contraire […] chacun, dans sa solitude, n'aura pour opinionsa que les choses qui lui sont propres, mais, celles-là, toutes justes et vraies : alors pourquoi donc, mon ami, Protagoras était-il un savant, ce qui fait qu'on le tenait pour maître des autres, avec, comme il est juste, un gros salaire ? Et pourquoi étions-nous, nous, moins intelligents, pourquoi nous fallait-il aller apprendre auprès de lui : nous dont chacun est lui-même mesure de son savoir ? Comment ne pas affirmer que Protagoras amuse la galerie, quand il dit cela ? […] Car examiner et mettre à l'épreuve de la réfutation les représentations et les opinions les uns des autres – représentations et opinions qui, du fait qu'elles sont propres à chacun, sont justes – n'est-ce pas du bavardage ?
Platon
Théétète, IVe s. av. J.-C., trad. M. Narcy, © Flammarion, 2016.

Aide à la lecture

a. Le relativiste, comme Protagoras (un sophiste), considère que toutes les opinions se valent. En soutenant cette thèse, Protagoras détruit la valeur et le concept de vérité : si la vérité dépend de chacun, alors ce n'est plus la vérité mais une opinion.
Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.
Placeholder pour PlatonPlaton
Le zoom est accessible dans la version Premium.

Platon - Antiquité

Retrouvez
Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.

Repères

Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.

Question

Si chacun pense ce qu'il veut, comment une pensée vaudrait-elle plus qu'une autre ?
Afficher la correction
Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.

Texte complémentaire

Il peut y avoir plusieurs modes de vérité

Nous avons repéré une quinzaine de modes d'existence : la technique, l'art, le droit, la science, la politique, l'organisation, les affects, mais la liste n'est sûrement pas close… Chaque mode d'existence possède son propre régime de vérité (ou de véridiction) : une déclaration d'amour, une décision de justice ou un ordinateur sont « vrais », mais chacun à sa manière. Prenons l'exemple du droit : la vérité juridique sera le fruit d'une confrontation entre les deux parties. Il n'y a pas de vérité objective en droit et, pourtant, personne ne songerait à dire d'un jugement qu'il contrevient à la vérité : la décision de justice s'impose comme un mode de véridiction légitime. L'art, la religion, la science ou la politique obéissent à leur propre régime de véridiction, chacun ayant sa légitimité.
Interview de Bruno Latour par Éric Aeschimann
« À quoi tenons-nous vraiment, nous les Modernes ? », Le Nouvel Observateur, mai 2014.
Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.

Texte 3
Le relativisme détruit la possibilité même de penser

Dans cet extrait, Putnam montre que le relativisme est non seulement auto-réfutant, mais également une menace pour la pensée.

Il me semble que l'argument de Wittgenstein est un excellent argument contre le relativisme en général. L'argument dit que le relativiste ne peut pas, au bout du compte, donner un sens à la distinction entre avoir raison et penser qu'on a raisona, et cela veut dire qu'en fin de compte il n'y a aucune différence entre, d'une part, le fait d'affirmer quelque chose et de penser, et, d'autre part, le fait d'émettre des bruits (ou de produire des images mentales). Mais alors, si ce point de vue est juste, je ne suis pas un être pensant mais à peine une bête. Défendre un tel point de vue, c'est commettre une sorte de suicide mental.
Hilary Putnam
Raison, vérité et histoire, 1981, trad A. Gerschenfeld, Éditions de Minuit, 1984.

Aide à la lecture

a. Ne pas pouvoir distinguer entre détenir la vérité et prétendre la détenir revient à confondre le possible et le fait, ce qui aboutit à renoncer à penser.
Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.
Placeholder pour PutnamPutnam
Le zoom est accessible dans la version Premium.

Putnam - XXe siècle

Retrouvez
Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.

Question

Pourquoi la parole n'est-elle pas plus qu'un « bruit » si l'on soutient que toutes les opinions se valent ?
Afficher la correction
Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.

Activité

1. Synthétisez les arguments contre le relativisme en vous appuyant sur le texte 1, le texte 2, et le texte 3, qui précèdent.

2. Rédigez un paragraphe qui regroupe ces arguments et nuancez-le en utilisant l'interview de Bruno Latour. Pour rappel, une nuance n'est pas une contradiction .
Afficher la correction
Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.

Texte 4
La vérité est dans les Idées : l'âme doit chercher à s'élever

Texte fondateur

Au livre VII de La République, Socrate discute avec Glaucon et lui demande d'imaginer l'intérieur d'une caverne, où des prisonniers seraient enfermés. Il s'agit d'une allégorie : les différents éléments qui constituent la description de la caverne représentent des idées ou des concepts. L'allégorie de la caverne ne doit pas être lue qu'au premier degré – celui de la critique de l'illusion que constituent nos opinions : elle demande une interprétation. Elle pourrait notamment représenter l'état d'enfermement de notre âme dans le corps et la différence entre le sensible et l'intelligible. Dans cet extrait, nous sommes invités à distinguer l'apparence (les choses telles que nous les percevons) de la vérité (la correspondance entre nos idées et les Idées, qui sont intelligibles).

Maintenant, repris-je, représente-toi de la façon que voici l'état de notre nature relativement à l'instruction et à l'ignorance. Figure-toi des hommes dans une demeure souterraine, en forme de caverne, ayant sur toute sa largeur une entrée ouverte à la lumière ; ces hommes sont là depuis leur enfance, les jambes et le cou enchaînés, de sorte qu'ils ne peuvent bouger ni voir ailleurs que devant eux, la chaîne les empêchant de tourner la tête ; la lumière leur vient d'un feu allumé sur une hauteur, au loin derrière eux ; entre le feu et les prisonniers passe une route élevée : imagine que le long de cette route est construit un petit mur, pareil aux cloisons que les montreurs de marionnettes dressent devant eux, et au-dessus desquelles ils font voir leurs merveilles.
Je vois cela, dit-il.
Figure-toi maintenant le long de ce petit mur des hommes portant des objets de toute sorte, qui dépassent le mur, et des statuettes d'hommes et d'animaux, en pierre, en bois, et en toute espèce de matière ; naturellement, parmi ces porteurs, les uns parlent et les autres se taisent.
Voilà, s'écria-t-il, un étrange tableau et d'étranges prisonniers.
Ils nous ressemblenta, répondis-je ; et d'abord, penses-tu que dans une telle situation ils aient jamais vu autre chose d'eux-mêmes et de leurs voisins que les ombres projetées par le feu sur la paroi de la caverne qui leur fait face ?
Et comment ? observa-t-il, s'ils sont forcés de rester la tête immobile durant toute leur vie ?
Et pour les objets qui défilent, n'en est-il pas de même ?
Sans contredit.
Si donc ils pouvaient s'entretenir ensemble ne penses-tu pas qu'ils prendraient pour des objets réels les ombres qu'ils verraient ?
Il y a nécessité.
Et si la paroi du fond de la prison avait un écho, chaque fois que l'un des porteurs parlerait, croiraient-ils entendre autre chose que l'ombre qui passerait devant eux ?
Nonb, par Zeus, dit-il.
Assurément, repris-je, de tels hommes n'attribueront de réalité qu'aux ombres des objets fabriqués.
Considère maintenant ce qui leur arrivera naturellement si on les délivre de leurs chaînes et qu'on les guérisse de leur ignorance. Qu'on détache l'un de ces prisonniers, qu'on le force à se dresser immédiatement, à tourner le cou, à marcher, à lever les yeux vers la lumière : en faisant tous ces mouvements il souffrira, et l'éblouissement l'empêchera de distinguer ces objets dont tout à l'heure il voyait les ombres. Que crois-tu donc qu'il répondra si quelqu'un lui vient dire qu'il n'a vu jusqu'alors que de vains fantômes, mais qu'à présent, plus près de la réalité et tourné vers des objets plus réels, il voit plus juste ? si, enfin, en lui montrant chacune des choses qui passent, on l'oblige, à force de questions, à dire ce que c'est ? Ne penses-tu pas qu'il sera embarrassé, et que les ombres qu'il voyait tout à l'heure lui paraîtront plus vraies que les objets qu'on lui montre maintenant ?
Beaucoup plus vraies, reconnut-il.
Et si on le force à regarder la lumière elle-même, ses yeux n'en seront-ils pas blessés ?c N'en fuira-t-il pas la vue pour retourner aux choses qu'il peut regarder, et ne croira-t-il pas que ces dernières sont réellement plus distinctes que celles qu'on lui montre ?
Assurément.
Et si, repris-je, on l'arrache de sa caverne par force, qu'on lui fasse gravir la montée rude et escarpée, et qu'on ne le lâche pas avant de l'avoir traîné jusqu'à la lumière du soleil, ne souffrira-t-il pas vivement, et ne se plaindra‑t-il pas de ces violences ? Et lorsqu'il sera parvenu à la lumière pourra-t-il, les yeux tout éblouis par son éclat, distinguer une seule des choses que maintenant nous appelons vraies ?
Il ne le pourra pasd, répondit-il ; du moins dès l'abord.
Il aura, je pense, besoin d'habitude pour voir les objets de la région supérieure. D'abord ce seront les ombres qu'il distinguera le plus facilement, puis les images des hommes et des autres objets qui se reflètent dans les eaux, ensuite les objets eux-mêmes. Après cela, il pourra, affrontant la clarté des astres et de la lune, contempler plus facilement pendant la nuit les corps célestes et le ciel lui-même, que pendant le jour le soleil et sa lumière.
Sans doute.
Platon
La République, IVe s. av. J.-C., Livre VII, trad R. Baccou.

Aide à la lecture

a. En précisant que ces hommes nous ressemblent, Socrate veut souligner que l'histoire qu'il raconte n'est pas seulement un divertissement : c'est une allégorie, c'est-à-dire qu'aux images qu'il décrit correspondent des idées.
b. Ces hommes n'ont accès qu'à la réalité sensible, c'est-à-dire aux informations qu'ils reçoivent par leurs sens. La réalité sensible s'oppose à la réalité intelligible, qui est celle des Idées (le Vrai, le Bien, le Beau), à laquelle seule l'âme peut aspirer s'élever.
c. Que se passe-t-il lorsque nous sommes en voiture et que nous sortons d'un long tunnel sombre ? La lumière du jour nous éblouit et sans lunettes de soleil, nous risquons d'être aveuglés quelques instants.
d. Il ne s'agit pas de procéder par induction : ce n'est pas par les sens que l'on parvient à la vérité, mais seulement par la connaissance rationnelle et la dialectique.
Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.

Question

Quelle(s) interprétation(s) pourriez-vous donner de cette allégorie dans le cadre de votre apprentissage de la philosophie ?
Afficher la correction
Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.

Doc.

Placeholder pour PHI.T.5.Texte2.PlatoShadowPlay_retoucheokPHI.T.5.Texte2.PlatoShadowPlay_retoucheok
Le zoom est accessible dans la version Premium.
Lithographie illustrant l'allégorie de la caverne, tirée de Outline of Modern Belief (1935).

« Figure-toi maintenant le long de ce petit mur des hommes portant des objets de toute sorte, qui dépassent le mur… »
Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.
Placeholder pour PlatonPlaton
Le zoom est accessible dans la version Premium.

Platon - Antiquité

Retrouvez
Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.

Repères

  • Vrai / Probable / Certain

  • Concept / Image / Métaphore

Une erreur sur la page ? Une idée à proposer ?

Nos manuels sont collaboratifs, n'hésitez pas à nous en faire part.

Oups, une coquille

j'ai une idée !

Nous préparons votre pageNous vous offrons 5 essais
collaborateur

collaborateurYolène
collaborateurÉmilie
collaborateurJean-Paul
collaborateurFatima
collaborateurSarah
Utilisation des cookies
Lors de votre navigation sur ce site, des cookies nécessaires au bon fonctionnement et exemptés de consentement sont déposés.