⬥ Hilary Putnam est le grand réconciliateur de la philosophie dite analytique et de la philosophie dite continentale : la première est de tradition anglo-saxonne, la seconde est de tradition européenne. Contre l’empirisme logique, Hilary Putnam propose une théorie du réalisme interne. Bien que formé par des positivistes (Reichenbach et Carnap), Putnam les critique vivement. Il est fortement marqué par l’héritage du pragmatisme, qu’il a contribué à diffuser. Selon Putnam, le pragmatisme nous permet de ne pas tomber dans l’écueil du relativisme. Pour résumer sa pensée, ce qui peut nous poser problème est son souci constant, durant les soixante années passées à philosopher, de remettre en question ses propres positions : si certains thèmes, comme le réalisme, sont présents tout au long de son œuvre, il a infléchi ou précisé ses théories, ce qui rend la synthèse de sa pensée plus difficile.
⬥ Putnam se trouve confronté à deux extrêmes, qui lui semblent, l’un comme l’autre, aussi dangereux pour la philosophie : d’une part, le réalisme métaphysique, et d’autre part, l’idéalisme. Il résume la position du réalisme métaphysique par les trois postulats suivants : « 1) Le monde est constitué d’un ensemble fixe d’objets indépendants de l’esprit. 2) Il n’existe qu’une seule description vraie de comment est fait le monde. 3) La vérité est une sorte de relation de correspondance entre les mots et des symboles de pensée et des choses ou des ensembles de choses extérieures » (Raison, vérité et histoire, 1981). Putnam reconnaît que le positivisme logique a apporté de la clarté à la philosophie mais il reproche aux positivistes de considérer qu’il peut y avoir de pures observations : Putnam conteste l’opposition tranchée entre fait et valeur. Il soutient que les sciences empiriques reposent sur des valeurs, comme la métaphysique ou la morale.
⬥ L’impossibilité de résoudre le conflit entre réalistes et idéalistes réside, selon Putnam, dans l’erreur fondamentale que ceux-ci commettent : ils partent du principe que nous ne pouvons pas percevoir le monde directement. C’est cette hypothèse de départ qui les amène à concevoir des systèmes de perception indirecte du monde, que l’on ne peut démontrer. Putnam, lui, plaide pour un réalisme naïf selon lequel les objets extérieurs sont constitutifs de nos expériences sensorielles.