Jean Amrouche (1906-1962) est un écrivain d’origine kabyle, de confession catholique et d’expression française qui a pris parti pour l’indépendance de l’Algérie.
On avait prononcé les plus hautes paroles de fraternité on avait fait les plus saintes promesses.
Algériens, disait-on, à défaut d’une patrie naturelle perdue voici la patrie la plus belle la France chevelue1 de forêts profondes hérissée de cheminées d’usine, lourde de gloire de travaux et de villes de sanctuaires [...]
Mais on leur a pris la patrie de leurs pères on ne les a pas reçus à la table de la France. Longue fut l’épreuve du mensonge et de la promesse non tenue d’une espérance inassouvie longue, amère trempée dans les sueurs de l’attente déçue dans l’enfer de la parole trahie [...]
Alors vint une grande saison de l’histoire portant dans ses flancs une cargaison d’enfants indomptés qui parlèrent un nouveau langage et le tonnerre d’une fureur sacrée : on ne nous trahira plus on ne nous mentira plus on ne nous fera pas prendre des vessies peintes de bleu de blanc et de rouge pour les lanternes2 de la liberté nous voulons habiter notre nom vivre ou mourir sur notre terre mère [...]
Nous voulons la patrie de nos pères la langue de nos pères [...]
Nous ne voulons plus errer en exil dans le présent sans mémoire et sans avenir
Ici et maintenant nous voulons
libres à jamais sous le soleil dans le vent la pluie ou la neige notre patrie : l’Algérie.
JEAN AMROUCHE, « Le Combat algérien », Poèmes algériens (extraits), 1958.
1. Référence à l’appellation « Gaule chevelue » que les Romains utilisaient en raison des nombreuses forêts gauloises. 2. Prendre des vessies pour des lanternes : se faire des illusions.
Le jour de l’épreuve, vous pourrez parfois vous aider du corpus d’histoire-géographie pour comprendre le contexte de l’extrait. Retrouvez dans votre manuel d’histoire-géographie des documents liés à l’indépendance de l’Algérie en corpus de brevet (chapitre 5).
Foule, le jour de l’Indépendance
1ᵉ partie : compréhension, analyse et interprétation (1 h)
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Questions (20 points)
1
Choisissez la phrase la plus pertinente. (1 point)
2
a) Quels sont les différents temps verbaux employés dans le poème ? b) En regroupant ces temps en passé, présent et avenir, repérez trois parties dans le poème et donnez à chacune un titre. (2 points)
3
Dans la deuxième strophe, quel est l’effet produit par les rejets et enjambements ? (1,5 point)
4
a) Expliquez la formation des adjectifs « inassouvie » (v. 15) et « indomptés » (v. 21). b) Quelle image de la colonisation cela donne-t-il ? (2 points)
5
Comment est décrite la France ? Relevez notamment les vers où il est question des symboles de la France (la devise et le drapeau) et commentez-les. (2,5 points)
6
a) À quelle classe grammaticale appartiennent les mots « on » et « nous » ? b) À qui renvoient-ils dans le poème ? c) Comment sont-ils répartis dans le poème et quel est l’effet produit ? (2,5 points)
7
D’après vous, que veut dire le poète dans le vers : « nous voulons habiter notre nom » (v. 29) ? (1,5 point)
8
Comment le dernier mot du poème est-il mis en valeur ? (1,5 point)
9
Relevez une phrase qui résume bien le poème selon vous, et expliquez pourquoi. (3 points)
10
À propos de l’image. a) Quels points communs voyez-vous entre le poème et la photographie ? Appuyez-vous notamment sur le contexte historique. b) Lequel des deux documents est le plus lyrique, selon vous ? Justifiez. (2,5 points)
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2ᵉ partie : rédaction et maitrise de la langue (2 h)
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Dictée et réécriture (10 points)
1
Dictée : KATEB YACINE, Nedjma, 1956.
Je suis parti avec les tracts. Je les enterrés dans la rivière. J’ai tracé sur le sable un plan... Un plan de manifestation future. Qu’on me donne cette rivière, et je me battrai. Je me battrai avec du sable et de l’eau. De l’eau fraiche, du sable chaud. Je me battrai. J’étais décidé. Je voyais donc loin. Très loin. Je voyais un paysan arc-bouté comme une catapulte. Je l’appelai, mais il ne vint pas. Il me fit signe. [...] Moi j’étais en guerre. Je divertissais le paysan. Je voulais qu’il oublie sa faim. Je faisais le fou. Je faisais le fou devant mon père le paysan. Je bombardais la lune dans la rivière.
K. Yacine, Nedjma, 1956.
2
Réécrivez ce passage en remplaçant « Algériens » par « Algérien ».
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Travail d’écriture (20 points)
Vous traiterez au choix l’un des deux sujets suivants. Votre texte aura une longueur minimale de deux pages (sauf mention contraire).
Sujet de réflexion
« Nous ne voulons plus errer en exil / dans le présent sans mémoire et sans avenir ». Selon vous, est-il important de connaitre l’histoire de son pays ? Pourquoi ? Vous répondrez à cette question en vous appuyant sur trois arguments et en prenant soin de les organiser de manière logique. Vous les illustrerez par des exemples précis.
Sujet d'invention
Composez un poème construit sur une répétition de « nous voulons ». Cette formule devra revenir plusieurs fois, à des endroits importants du poème. Vous pouvez choisir une forme classique (strophes régulières, même type de vers) ou irrégulière (strophes et vers inégaux). Votre texte devra être rimé et fera environ une page (25-30 vers environ).
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