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Thème 1 : Se chercher, se construire
Ch. 1
Les grandes découvertes : vers un nouveau monde
Ch. 2
Moby Dick : sur les traces d'une baleine mythique
Ch. 3
Dire toutes les nuances de l'amour
Ch. 4
Roméo et Juliette, une tragédie amoureuse adaptée au cinéma
Ch. 5
Se raconter, se représenter
Ch. 6
Romain Gary, La Promesse de l'aube
Thème 2 : Vivre en société, participer à la société
Ch. 7
Bandes de jeunes !
Ch. 8
En famille : Molière : Le malade imaginaire
Ch. 9
Les valeurs : du dialogue à la confrontation
Ch. 10
Le Cid entre amour, honneur et devoir
Ch. 11
L'habit fait-il le moine ?
Thème 3 : Regarder le monde, inventer des mondes
Ch. 12
La magie des Mille et Une Nuits
Ch. 13
Territoires imaginaires
Ch. 14
Aux frontières du réel
Ch. 15
Germinal, un roman et un film
Ch. 16
Nuits lyriques
Ch. 17
Le monde moderne en poésie
Thème 4 : Agir sur le monde
Ch. 18
Héros d'hier, héros d'aujourd'hui
Ch. 19
L'information, des textes aux médias
Ch. 20
Dénoncer la guerre : Mémoires d'un rat de Pierre Chaine
Ch. 21
Antigone : Une voix face au pouvoir
Ch. 22
Sommes-nous maitres de la nature ?
Ch. 23
La ville entre chien et loup
Ch. 24
D'un étonnement à un autre
La langue au cycle 4
Lexique
Grammaire
Conjugaison
Orthographe
Méthode
EPI
Chapitre 3
Texte et image
« Pardon, bourgeoise ! »
✔ Je lis le récit d'un dialogue et je distingue les paroles rapportées.
Texte
Le Bachelier
Jacques Vingtras, le double de Jules Vallès, est un jeune homme d'extrême gauche qui rêve de faire la révolution pour restaurer la République. Poussé par sa mère, inquiète de la misère dans laquelle il vit, il s'est fiancé à une fille de famille bourgeoise pour laquelle il éprouve des sentiments. Mais un incident lui a fait prendre conscience de l'impossibilité de leur union.
L'argent – 100 000 francs ! 5 000 livres1 de rente2, 20 000 à la mort des parents. – C'est beau ! On imprime bien des appels aux armes avec ça. Mais si elle ne pense pas comme moi !... Elle dira alors que je la vole ou que je la trahis, quand mes colères républicaines sauteront sur le monde auquel elle appartient.
Je sais à quoi m'en tenir depuis l'autre matin. C'est fini pour toujours ! Nous étions allés dans un des faubourgs, où un vieux professeur ancien collègue de mon père a organisé une espèce de bureau de charité3. En revenant elle m'a dit : « Quand nous serons mariés, vous ne me mènerez pas dans des quartiers tristes. – Moi d'abord, a-t-elle repris avec une mine de suprême dégoût, je n'aime pas les pauvres… » Ah ! caillette4 ! À qui j'étais capable d'enchaîner ma vie ! Fille d'heureux qui avais, sans t'en douter, le mépris de celui que tu voulais pour mari ! Car lui, il a été pauvre ! Comme tu le mépriserais si tu savais qu'il a eu faim ! Elle sent bien qu'elle a fait une blessure. Me reprenant le bras, et plongeant ses yeux tendres dans la sévérité des miens : « Vous ne m'avez pas comprise », murmure-t-elle, anxieuse d'effacer le pli qui est sur mon front. Pardon, bourgeoise ! Le mot qui est sorti de vos lèvres est bien un cri de votre cœur et vos efforts pour réparer le mal n'ont fait qu'empoisonner la plaie. Et j'en saigne et j'en pleure ! Car j'adorais cette femme qui était bien mise5 et sentait si bon ! Mais n'ayez peur, camarades de combat et de misère, je ne vous lâcherai pas !