Le Tour du monde en 80 jours
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Texte
Au cours d'un dîner donné chez elle, Léonie d'Aunet rencontre
le médecin et explorateur Joseph Paul Gaimard qui a
fait, par deux fois, le tour du monde. Il lui annonce se rendre
dans trois semaines dans le Spitzberg, une île norvégienne à
mi-chemin entre la pointe nord du continent européen et le
pôle Nord. Ayant toujours rêvé de voyager, elle propose de l'y
accompagner avec son mari.
Le texte suivant se situe au terme du voyage, tandis que Léonie d'Aunet redescend vers Berlin et Paris, en passant par la Suède.
Une nuit, [...] nous eûmes un spectacle merveilleux ; le ciel s'enflamma et une aurore boréale rouge vint y promener ses lueurs mouvantes. Au début, nous n'avions vu que de longues spirales d'un rose pâle tourmentées et tordues comme des joncs1 entrelacés ; puis le rose devint pourpre et les joncs devinrent les cordes d'une harpe gigantesque dont une main mystérieuse semblait remuer les cordes silencieuses ; enfin les contours se déplacèrent, le mouvement se ralentit, et il ne resta à l'horizon qu'une sorte de roue immense et rouge qui disparut lentement derrière les collines en les colorant de lueurs, comme l'aurait fait un incendie lointain.
Cette aurore boréale, remarquez-le, était rouge, différant en cela de toutes celles que j'avais observées dans les contrées de l'extrême nord, où elles nous apparurent toujours d'un jaune pâle un peu verdâtre, couleur de soufre. Bien nous en avait pris2 de nous tant hâter ; nous entrions à Ystad au moment où le bateau à vapeur chauffait sa machine, et ce bateau était le dernier qui dût faire le trajet cette année.
[...] Ystad est un petit port à la pointe sud de de cette immense presqu'île, qui comprend la Suède et la Norvège ; il est éloigné d'Helsingborg3, où je posai pour la première fois le pied sur la grande terre du nord, de quelques milles ; j'ai donc fait bien complétement mon tour de Suède, puisque, ayant monté les côtes à l'ouest, je les ai descendues à l'est, et sous ce rapport je prétends en remontrer4 aux Suédois eux-mêmes, plus curieux, s'ils voyagent, de venir voir Londres ou Paris que d'explorer leurs huit cents lieues5 de côtes.
1. Joncs : plantes à tige longue que l'on trouve dans les zones humides.Le texte suivant se situe au terme du voyage, tandis que Léonie d'Aunet redescend vers Berlin et Paris, en passant par la Suède.
Une nuit, [...] nous eûmes un spectacle merveilleux ; le ciel s'enflamma et une aurore boréale rouge vint y promener ses lueurs mouvantes. Au début, nous n'avions vu que de longues spirales d'un rose pâle tourmentées et tordues comme des joncs1 entrelacés ; puis le rose devint pourpre et les joncs devinrent les cordes d'une harpe gigantesque dont une main mystérieuse semblait remuer les cordes silencieuses ; enfin les contours se déplacèrent, le mouvement se ralentit, et il ne resta à l'horizon qu'une sorte de roue immense et rouge qui disparut lentement derrière les collines en les colorant de lueurs, comme l'aurait fait un incendie lointain.
Cette aurore boréale, remarquez-le, était rouge, différant en cela de toutes celles que j'avais observées dans les contrées de l'extrême nord, où elles nous apparurent toujours d'un jaune pâle un peu verdâtre, couleur de soufre. Bien nous en avait pris2 de nous tant hâter ; nous entrions à Ystad au moment où le bateau à vapeur chauffait sa machine, et ce bateau était le dernier qui dût faire le trajet cette année.
[...] Ystad est un petit port à la pointe sud de de cette immense presqu'île, qui comprend la Suède et la Norvège ; il est éloigné d'Helsingborg3, où je posai pour la première fois le pied sur la grande terre du nord, de quelques milles ; j'ai donc fait bien complétement mon tour de Suède, puisque, ayant monté les côtes à l'ouest, je les ai descendues à l'est, et sous ce rapport je prétends en remontrer4 aux Suédois eux-mêmes, plus curieux, s'ils voyagent, de venir voir Londres ou Paris que d'explorer leurs huit cents lieues5 de côtes.
2. Bien nous en avait pris : nous avons bien eu raison.
3. Helsingborg : ville portuaire du sud-ouest de la Suède, située en face du Danemark.
4. En remontrer : donner des leçons.
5. Huit cents lieues : environ 3 200 km.
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Étienne Carjat, photographie de Léonie d'Aunet, entre 1861 et 1865, musée Carnavalet, Paris.
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Questions
Question 1
Relevez le champ lexical de la couleur dans les deux premiers paragraphes. Qu'est-ce qui rend unique l'aurore boréale dans le texte ?
Question 2
Hormis sa couleur, quel élément de l'aurore boréale semble le plus incroyable à l'autrice ? Expliquez votre réponse à l'aide du premier paragraphe.
Question 3
Que semble reprocher l'autrice aux Suédois ?
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