Les espaces ruraux : recompositions démographiques et fonctionnelles
P.274-275
COURS 1
1
Les espaces ruraux : recompositions
démographiques et fonctionnelles
Comment les fonctions des campagnes se sont-elles diversifiées ?
A
Un monde rural en mutation
►Une fonction agricole qui reste importante dans certains territoires. Les espaces ruraux
français connaissent des mutations profondes depuis plusieurs décennies. La fonction
agricole demeure majeure pour les bassins de production agroalimentaire comme le
Bassin parisien, la Bretagne et les régions de vignobles. Ces territoires font face au défi
de la compétitivité et s’inscrivent aujourd’hui dans une économie mondialisée. Si la
France est aujourd’hui la première puissance agricole dans l’UE, les types et méthodes
de culture diffèrent localement et aboutissent à une agriculture à plusieurs vitesses.
►Une évolution de l’agriculture. Si l’agriculture façonne encore largement les paysages
ruraux, la part d’actifs du secteur primaire ne cesse de baisser depuis les années 1970
(2,8 % d’actifs en 2017). Même les communes rurales éloignées des grandes villes n’ont
plus qu’une minorité d’actifs dans le secteur primaire. Les pratiques agricoles évoluent :
recherche d’une agriculture de qualité respectueuse de l’environnement, labellisation,
circuits courts.
B
Des espaces ruraux résidentiels
►Une multifonctionnalité qui s’explique par l’influence urbaine. La croissance urbaine
entraîne un fort étalement urbain, qui se fait au détriment des terres agricoles. C’est
la périurbanisation. L’économie locale se modifie au profit de l’économie résidentielle
(services publics, commerces de proximité, services à la personne).
►Des facteurs techniques et économiques. La périurbanisation a été rendue possible par
la densification des réseaux de communication et la démocratisation de l’automobile à
partir des Trente Glorieuses. Le coût de la vie élevé dans les villes et les aspirations de ces
nouveaux habitants, parfois appelés néoruraux, sensibles à la nature et désireux de propriété
individuelle, expliquent le renouveau des campagnes proches des villes. Cela peut
provoquer des conflits d’usages, car les néoruraux ne partagent pas toujours les mêmes
représentations et pratiques que les habitants anciennement installés.
►
Des espaces ruraux industriels et touristiques.
Certains espaces ruraux sont dédiés à
l’industrie (districts industriels) ou au tourisme. Pour les citadins, les espaces ruraux sont
vus comme des espaces récréatifs. Le tourisme vert et l’agritourisme s’y développent. Les
espaces protégés (parcs nationaux, parcs naturels régionaux) visent à protéger les milieux,
tout en favorisant une activité touristique respectueuse de l’environnement (Doc. 2).
C
Une limite entre ville et campagne toujours plus poreuse
►Un étalement urbain qui provoque du mitage.
La périurbanisation concerne l’ensemble des
aires urbaines. Cet étalement urbain ainsi que le mitage des espaces ruraux ont favorisé
l’interpénétration entre les deux types de territoires que sont la ville et la campagne.
►Une sociologie des campagnes qui change.
La population des espaces ruraux à proximité
des grandes villes évolue donc au profit de ménages avec enfants qui participent au
rajeunissement démographique des campagnes. Si les classes moyennes et populaires
sont toujours majoritaires dans les espaces ruraux, ces nouveaux arrivants contribuent à
modifier la structure sociologique de la population de certaines campagnes (gentrification
rurale). Les modes de vie ruraux et urbains tendent à s’uniformiser. En parallèle, le monde
paysan est marqué par une crise profonde (Doc. 1).
Chiffres-clés
20 %
baisse de la surface agricole
utile en France en 50 ans
(1967‑2017)
La superficie qui a été
urbanisée entre 2012 et 2016
correspond à la taille d’
1 département
3,6 %
part de l’agriculture et des
industries agroalimentaires
dans le PIB français en 2016
Vocabulaire
◆ Économie résidentielle :voir p. 92.
◆ Mitage : éparpillement sans
planification de constructions
en milieu rural ou périurbain.
◆ Périurbanisation :diffusion de
l’urbanisation dans un secteur
encore rural.
La société paysanne
d’hier, structurée
par les rapports à la
terre et enracinée,
a fait place à des
populations rurales
juxtaposées dans
un même espace et
caractérisées par
leurs mobilités.
1
Un monde paysan en crise
2
Les parcs naturels régionaux, un label
Trop pollué à cause des pesticides utilisés pour l’agriculture, le parc naturel
régional du Marais poitevin a été déclassé en 1996. Il n’a recouvré son statut
qu’en 2014.
Le 21 mai dernier, Ségolène Royal signait le décret de labellisation
du Marais poitevin. Vingt-trois ans après sa suspension par son prédécesseur,
Brice Lalonde, à la suite de l’assèchement de 35 000 hectares de
zone humide remplacés par des cultures céréalières irriguées, cet espace
naturel [...] redevient donc un parc naturel régional. [...] Pour reconquérir
le label perdu, il avait été imaginé une charte précisant les orientations
stratégiques du parc : soutenir et développer une agriculture et
un tourisme durables, favoriser les activités économiques fondées sur
la valorisation du patrimoine et des ressources naturelles, préserver et
mettre en valeur les paysages naturels. [...] « Plutôt que d’expliquer aux
acteurs du territoire ce qu’il faut faire, nous avons fait le tour de chaque
conseil municipal, des chambres d’agriculture et de tous les acteurs
économiques et associatifs », estime Yann Hélary, son président. Au
final, 93 des 95 communes ont donc signé la charte, conscientes notamment
de tout l’intérêt d’un tel label. Reconnaissance d’une dynamique
de protection de l’environnement, le label de parc naturel régional est
aussi un outil de développement. [...] La direction du parc espère ainsi
développer les marchés étrangers, notamment chez les Anglo-Saxons
et les Scandinaves, « qui sont très consommateurs d’espaces labellisés ».
« Le Marais poitevin retrouve son label de parc naturel régional »,
Les Échos, 9 juin 2014
Géo-histoire
Les vacances
d’été et le
monde rural
Au XIIIe siècle, le
pape Grégoire II
accorde aux
étudiants « les
vendanges », c’est‑à‑dire des vacances
consacrées aux travaux agricoles. Au
XIXe siècle, afin que les enfants continuent
à aider les parents dans les travaux des
champs (moisson puis vendanges), les
vacances d’été sont prolongées de quatre
semaines, de début août à la fin septembre.
Les « grandes vacances » sont donc à
l’origine liées aux activités rurales. Y sont
ajoutées deux semaines supplémentaires en
1938, à « titre expérimental » puis définitif.
En 1961, on arrive à dix semaines. C’est
l’époque des Trente Glorieuses et la France
se porte bien économiquement. Une part
importante de la population travaille dans
l’agriculture. Aujourd’hui, cette coupure de
deux mois ne se justifie plus par les travaux
agricoles. Elle est liée aux congés payés et à
l’essor du tourisme.
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