Quels affrontements apparaissent à la suite de la Première Guerre mondiale ?
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Des guerres révolutionnaires
➤ La guerre civile russe. La révolution russe de 1917 marque le début d’une longue guerre civile. L’armée rouge cherche à imposer l’autorité du gouvernement révolutionnaire sur l’ensemble du territoire. Elle affronte les troupes fidèles au régime impérial (les « blancs ») soutenues par l’Entente (doc. 1).
➤ Un bilan désastreux. La guerre s’achève en 1922 sur la victoire des bolcheviks et la création de l’URSS (Union des Républiques Socialistes Soviétiques). Elle laisse derrière elle plusieurs millions de morts, et 800 000 Russes blancs fuient le pays.
➤ Une vague révolutionnaire européenne. Inspirés par l’exemple russe, des mouvements révolutionnaires éclatent à travers toute l’Europe. En Hongrie, les communistes menés par Béla Kun dirigent le pays de mars à août 1919. En revanche, les gardes rouges finlandais et les Spartakistes allemands, menés notamment par Rosa Luxembourg, ne parviennent pas à s’emparer du pouvoir.
2
En Europe, tensions et contestations
➤ De nouvelles guerres. Dans l’ancien Empire ottoman, les nationalistes de Mustafa Kemal Atatürk expulsent les populations grecques et arméniennes d’Anatolie. La République de Turquie est finalement créée en 1923. De 1919 à 1921, une longue guerre oppose la Pologne aux bolcheviks russes. Ces guerres engendrent des mouvements de population qui contribuent également à déstabiliser l’équilibre européen.
➤ Des désaccords frontaliers. À l’Ouest, le tracé des frontières suscite de nombreuses tensions qui nécessitent l’organisation de plébiscites dans plusieurs régions plurinationales, comme la Silésie. En Italie, les irrédendistes revendiquent la région de la Dalmatie,
accordée à la Yougoslavie, et s’emparent en 1919 de la ville de Fiume (doc. 2).
➤ La montée des rancœurs. Les vaincus supportent mal l’humiliation des traités. En Allemagne, la légende du « coup de poignard dans le dos » est utilisée par des partis politiques d’extrême droite et contribue à l’affaiblissement de la République de Weimar.
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Un système colonial remis en question
➤ En Europe. Dès 1919, les indépendantistes irlandais multiplient les actions de guérilla contre l’armée et la police britannique. Ce conflit débouche en 1921 sur la création d’une république irlandaise indépendante au sud de l’île.
➤ Au Proche et Moyen‑Orient. Le partage des territoires ottomans entre la France et la Grande‑Bretagne est perçu comme une trahison des promesses faites pendant la guerre. En Palestine, les forces britanniques doivent faire face aux revendications des nationalistes arabes, mais aussi des immigrés juifs européens attirés par le sionisme.
➤ En Afrique et en Asie. Dans les colonies européennes, et notamment en Inde britannique (doc. 3). les populations autochtones, qui ont massivement contribué à l’effort de guerre, remettent en cause la domination des métropoles.
Les traités de paix ne parviennent pas à mettre en place un ordre international stable
et entraînent de nouveaux conflits.
Repères
Rosa
Luxembourg
(1871-1919)
Née en Pologne, Rosa Luxembourg cofonde en 1916 la Ligue spartakiste, un
mouvement révolutionnaire antimilitariste. Suivant le modèle des bolcheviks russes, les spartakistes
déclenchent en 1919 une insurrection afin de renverser la République de Weimar. Cependant,
la révolte est écrasée par des groupes paramilitaires formés d’anciens combattants et de militants
d’extrême droite. Rosa Luxembourg est arrêtée et exécutée le 15 janvier 1919.
Vocabulaire
• Irrédentisme : mouvement nationaliste réclamant
l’annexion de territoires considérés comme nationaux.
• Légende du coup de
poignard dans le dos : tentative de disculper
l’armée allemande de la
défaite en en attribuant
la responsabilité aux Juifs
et/ou aux révolutionnaires
d’extrême gauche.
• Sionisme : mouvement
politique apparu à la fin
du XIXe siècle ayant pour
objectif la création d’un
État‑nation réunissant les
Juifs du monde entier.
• Spartakisme : mouvement
communiste révolutionnaire
créé en Allemagne en
1915. Il tire son nom de
Spartacus, dirigeant d’une
révolte d’esclaves au
Ier siècle av. J.‑C.
1
La guerre civile russe, une lutte sanglante
et fratricide
2
Fiume sous contrôle italien
3
En Inde, la remise en cause du système colonial
Mohandas Karamchand Gandhi est un avocat indien qui milite pacifiquement contre le colonialisme britannique. En 1922, il est arrêté par
les autorités britanniques.
Lorsqu’en 1918 à la Conférence de la guerre qui eut lieu à Delhi,
Lord Chelmsford1 fit un pressant appel pour l’enrôlement de la jeunesse, je me donnai tant de mal pour former un corps sanitaire à
Khedda […] Dans tous ces efforts, j’étais poussé par la conviction
que des services de ce genre me permettraient d’obtenir pour mes
compatriotes un rang égal à celui des autres parties de l’Empire. […]
Le premier choc me vint sous forme des lois Rowlatt2, qui furent
prises pour voler au peuple sa véritable liberté. Je compris qu’il
me fallait mener contre ces lois une agitation vigoureuse. Puis, ce
furent les horreurs du Pendjab3, qui commencèrent par le massacre
du Jallianwala Bagh et arrivèrent à leur point culminant lorsqu’on
donna l’ordre de faire ramper les gens sur le ventre, de les fouetter
publiquement, et autres humiliations indescriptibles […] J’en
arrivai à contrecœur à la conclusion que notre association avec la
Grande‑Bretagne avait, au point de vue politique et économique,
rendu l’Inde plus impuissante que jamais.
Mohandas Gandhi, plaidoyer lors de son procès à Ahmedabad,
18 mars 1922.
1.Gouverneur de l’Inde de 1916 à 1921. 2. Lois appliquées en 1919 permettant d’emprisonner sans jugement les militants
nationalistes indiens. 3. Le 13 avril 1919, 10 000 Indiens se rassemblent à Amristsar, dans la province du
Pendjab, pour protester contre les lois Rowlatt. L’armée britannique tire sur les
manifestants et fait 379 victimes.
Décentrement
En Extrême-Orient, le
règlement de la guerre
suscite de nombreuses
frustrations. En 1917, la jeune République de
Chine entre en guerre aux côtés de l’Entente
et envoie 200 000 ouvriers travailler en
Europe. En échange, ses alliés lui promettent
de récupérer la péninsule du Shandong et la
ville de Qingdao, occupées par l’Allemagne
depuis 1897. Cependant, le traité de
Versailles attribue ces territoires au Japon.
En réaction, 3 000 étudiants chinois se
rassemblent le 4 mai 1919 sur la place
Tian’anmen, face à l’ancien palais impérial
de Pékin. Ils protestent contre la décision de
l’Entente, accusent le Japon de mener une
politique impérialiste en Asie et réclament
une modernisation de l’État chinois.
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