« Être‑en‑soi » et « Être‑pour‑soi »
L’être‑en‑soi désigne la façon d’exister des choses de la
nature qui ne peuvent avoir aucune distance avec ellesmêmes,
qui ne peuvent donc pas réfléchir et s’observer.
Les choses peuvent tout au plus percevoir leur environnement ; elles sont telles qu’elles apparaissent.
L’être‑pour‑soi, c’est la façon d’exister des individus
conscients qui peuvent observer, par réflexion, comment
ils sont, comment ils apparaissent et ce qu’ils font. Ces
individus décident eux‑mêmes de leur devenir.
Réalisation de Banksy (street art).
La conscience de soi par son activité
Hegel pense le passage de la conscience immédiate vers
la conscience réflexive par la rencontre avec ce qui est
placé devant nous et que nous modifions, notamment
par le travail et par l’art, qui incarne les pensées dont
nous sommes les auteurs. La conscience peut alors se
reconnaître dans ce qu’elle fait, et non pas simplement
se connaître en s’analysant elle‑même.
Ainsi, le travail technique ou l’art sont des réalisations de
soi dans le monde. La conscience ne se contente pas de
se connaître. Par l’empreinte qu’elle laisse dans le monde,
à travers ses activités et ses œuvres, elle se re-connaît :
elle retrouve les marques de sa liberté, de sa volonté et
de son identité en surmontant l’altérité qu’elle rencontre
dans le monde.
Cette matérialisation de la conscience permise par l’art
peut être appréhendée avec le document ci‑dessus.
Ce dernier met en scène le rapport à l’art des premiers
hommes qui permettait de ne plus simplement être face
aux animaux mais d’en être aussi le maître en les dessinant.
Ainsi, le monde n’était plus face à nous, dangereux,
il était aussi en notre possession.
L’art rupestre, issu de la première conscience de l’humanité,
est ici mis en parallèle avec le graffiti qui est un moyen
de reprendre possession de son espace de vie. Le nettoyeur
efface donc cette prise de conscience ; mais il la rend
également à nouveau possible en laissant un espace blanc.
Pour bien cerner le texte de Hegel, il faut comprendre l’affirmation
de la liberté dans le refus de la restriction de ce
qui est donné (l’être‑en‑soi). De ce fait, l’art, par l’expression
de notre liberté (l’être‑pour‑soi), nous permettrait,
avec le travail, de prendre conscience de nous‑mêmes.