Les plus grandes améliorations dans la puissance productive du travail, et la plus grande partie de l’habileté, de l’adresse, de l’intelligence avec laquelle il est dirigé ou appliqué, sont dues, à ce qu’il semble, à la division du travail. On se fera plus aisément une idée des effets de la division du travail sur l’industrie générale de la société, si l’on observe comment ces effets opèrent dans quelques manufactures particulières. […]
Prenons un exemple dans une manufacture de la plus petite importance , mais où la division du travail s’est fait souvent remarquer : une manufacture d’épingles. Un homme qui ne serait pas façonné à ce genre d’ouvrage, dont la division du travail a fait un métier particulier, ni accoutumé à se servir des instruments qui y sont en usage, dont l’invention est probablement due encore à la division du travail, cet ouvrier, quelque adroit qu’il fût, pourrait peut‑être à peine faire une épingle dans toute sa journée, et certainement il n’en ferait pas une vingtaine. Mais de la manière dont cette industrie est maintenant conduite, non seulement l’ouvrage entier forme un métier particulier, mais même cet ouvrage est divisé en un grand nombre de branches, dont la plupart constituent autant de métiers particuliers. […]
Cette grande augmentation dans la quantité d’ouvrage qu’un même nombre de bras est en état de fournir, en conséquence de la division du travail, est due à trois circonstances différentes : premièrement, à un accroissement d’habileté chez chaque ouvrier individuellement ; deuxièmement, à l’épargne du temps qui se perd ordinairement quand on passe d’une espèce d’ouvrage à une autre ; et troisièmement enfin, à l’invention d’un grand nombre de machines qui facilitent et abrègent le travail, et qui permettent à un homme de remplir la tâche de plusieurs.
Il est de la plus haute importance que les enfants apprennent à travailler. L’homme est le seul animal qui doit travailler. Il lui faut d’abord beaucoup de préparation pour en venir à jouir de ce qui est supposé par sa conservation. La question de savoir si le Ciel n’aurait pas pris soin de nous avec plus de bienveillance, en nous offrant toutes les choses déjà préparées, de telle sorte que nous ne serions pas obligés de travailler, doit assurément recevoir une réponse négative : l’homme, en effet, a besoin d’occupations et mêmes de celles qui impliquent une certaine contrainte. Il est tout aussi faux de s’imaginer que si Adam et Eve étaient demeurés au Paradis, ils n’auraient rien fait d’autre que d’être assis ensemble,
chanter des chants pastoraux, et contempler la beauté de la nature. L’ennui les eut torturés tous aussi bien que d’autres hommes dans une situation semblable.
L’homme doit être occupé de telle manière qu’il soit rempli par le but qu’il a devant les yeux, si bien qu’il ne se sente plus lui‑même et que le meilleur repos soit pour lui celui qui suit le travail. Ainsi l’enfant doit être habitué à travailler. Et où donc le penchant au travail doit‑il être cultivé, si ce n’est à l’école ?
a) Quelle est la thèse de l’auteur, qui apparaît dans le premier paragraphe ?
Par quel moyen prétend‑il la défendre ?
b) De quel type est le raisonnement utilisé dans le deuxième
paragraphe ?
c) D’après vous, si un ou plusieurs exemples sont conformes à une théorie, est‑ce suffisant pour prouver cette théorie ?
Le raisonnement de Smith vous paraît‑il rigoureux ?
d) Quels sont les trois effets de la division du travail mis en
avant par Adam Smith ? Essayez de critiquer chacun de ces
arguments en fournissant une objection à chaque fois. Vous
pouvez vous aider, au moins pour les deux premiers arguments,
du texte 6p. 218 de Marx.
a) Quel est le raisonnement par l’absurde proposé par Kant ?
Reconstituez-le, étape par étape.
b) Que pensez‑vous de la manière dont Kant réinterprète
l’épisode biblique d’Adam et Ève ? Cela peut‑il constituer un argument convaincant ?
c) En quoi l’argumentation de Kant repose‑t‑elle sur une distinction entre deux sortes de repos ?
Essayez de remettre en cause cette distinction et d’en proposer une autre.
d) Reprenez le texte 5 de Russell tiré de l’Éloge de l’oisivetép. 217. Quelle est la thèse de Russell ?
Proposez deux arguments pour défendre cette thèse. Montrez ensuite en quoi les arguments de Kant dans ce texte peuvent être critiqués.
Exercice 3
a) Pour les sujets ci‑dessous, trouvez quel argument (1, 2 ou 3) est valide et expliquez pourquoi les deux autres ne le sont pas.
Remplacez ces arguments invalides par des arguments valides.
Le travail est‑il un obstacle à la liberté ?
Le travail divise‑t‑il les hommes ?
b) Après avoir identifié l’argument valide, tentez de défendre
la thèse adverse de l'argument valide pour la question « le travail est-il un obstacle à la liberté ? »
Après avoir identifié l’argument valide, tentez de défendre
la thèse adverse de l'argument valide pour la question « le travail divise‑t‑il les hommes ? »
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