« Un adage nous déconseille de servir deux maîtres à la fois. Pour le pauvre
Moi la chose est bien pire, il a à servir trois maîtres sévères et s’efforce de mettre
de l’harmonie dans leurs exigences. Celles‑ci sont toujours contradictoires et il
paraît souvent impossible de les concilier ; rien d’étonnant dès lors à ce que souvent
le Moi échoue dans sa mission. Les trois despotes sont le monde extérieur, le
Surmoi et le Ça. » |
|
|
« Quand on observe les efforts que tente le Moi pour se montrer
équitable envers les trois à la fois, ou plutôt pour leur obéir, on ne regrette plus
d’avoir personnifié le Moi, de lui avoir donné une existence propre. Il se sent
comprimé de trois côtés, menacé de trois périls différents auxquels il réagit, en
cas de détresse, par la production d’angoisse. » |
|
|
« Tirant son origine des expériences
de la perception, il est destiné à représenter les exigences du monde extérieur,
mais il tient cependant à rester le fidèle serviteur du Ça, à demeurer avec lui sur
le pied d’une bonne entente, à être considéré par lui comme un objet et à s’attirer
sa libido. D’autre part, le Surmoi sévère ne le perd pas de vue et, indifférent aux
difficultés opposées par le Ça et le monde extérieur, lui impose les règles déterminées
de son comportement. S’il vient à désobéir au Surmoi, il en est puni par de
pénibles sentiments d’infériorité et de culpabilité. […] » |
|
|
« Le Moi ainsi pressé par le Ça, opprimé par le Surmoi, repoussé par la réalité, lutte pour accomplir sa tâche économique, rétablir l’harmonie entre les diverses
forces et influences qui agissent en et sur lui : nous comprenons ainsi pourquoi
nous sommes souvent forcés de nous écrier : « Ah, la vie n’est pas facile ! » Le Moi,
quand il est forcé de reconnaître sa propre faiblesse, est saisi d’effroi : peur réelle
devant le monde extérieur, craintes de la conscience devant le Surmoi, anxiété
névrotique devant la puissance qu’ont les passions dans le Ça. » |
|
|