Chapitre 13
Repères - Glossaire
Cette distinction souligne la divergence qu'il peut y avoir
entre une situation réelle et ce qu'elle devrait être. Elle est
donc directement liée au devoir, qui indique par définition
un devoir-être, une norme. La morale s'oppose à l'idée que,
sous prétexte qu'une chose existe en fait, alors elle est justifiée
en droit. Rousseau critiquera ainsi l'idée de « droit du
plus fort » : un rapport de force factuel ne confère aucune
légitimité au pouvoir qui l'exerce. C'est sur cet argument que
se fonde la désobéissance civile.
Par exemple, ce n'est pas parce qu'une armée d'occupation a
le pouvoir dans les faits, qu'elle dispose du droit de l'utiliser
à sa guise.
La contrainte s'impose à l'individu de manière nécessaire : elle
ne lui laisse pas le choix de s'y soustraire. Ainsi, la maladie
implique souvent des contraintes, c'est-à-dire une limitation
objective des capacités d'action de l'individu. L'obligation
est au contraire un impératif qui, certes, vise à nous imposer
une action, mais qui nous laisse libres de la remplir ou non.
Le devoir moral relève de l'obligation : je peux désobéir à
l'obligation d'aider mon prochain. Le mérite de l'individu qui
accomplit son devoir vient précisément de ce qu'il aurait pu
ne pas le faire. Le cas de la loi juridique peut nuancer cette
distinction. La loi impose des devoirs et elle dispose d'un
arsenal de contraintes pour les faire respecter (usage de la
force, sanctions diverses, etc.). Mais le citoyen peut accomplir
son devoir pour d'autres motifs que la peur de la sanction.
L'origine désigne soit le commencement temporel, soit les
causes d'un phénomène. Le fondement renvoie à ce qui justifie
ou rend raison d'une chose.
Par exemple, une peur peut avoir une origine, mais ne pas
être fondée.
Lorsque l'on s'interroge sur les origines du devoir, on
s'intéresse aux conditions culturelles, sociales, historiques
qui ont conduit à son établissement. Cela peut amener à le
relativiser. Chercher un fondement au devoir, c'est au contraire
chercher un principe qui permette de justifier pourquoi il en
est ainsi. L'indication d'un fondement peut contribuer à faire
de la morale un phénomène universel.
Le devoir est une obligation morale. Il
se distingue de la contrainte et de la
nécessité. Une nécessité ne peut pas
ne pas être, alors que nous pouvons ne
pas faire notre devoir. Le devoir prend
la forme d'un ordre, d'un impératif, qui
prononce une règle, suppose la liberté
et implique une responsabilité. La
source du devoir reste discutée, mais
renvoie à une instance qui incarne l'autorité
(Dieu, la raison, l'intérêt, etc.).
Le terme de morale vient du latin moralis
qui signifie « relatif aux mœurs ». La
morale désigne l'ensemble des devoirs
qu'un sujet doit honorer. Elle indique le
bien, distingué du mal, lequel fait dès
lors l'objet d'une interdiction. On distingue
souvent morale et éthique : la
différence est d'abord étymologique,
éthique venant du grec ethos, qui
signifie le comportement, la conduite.
Paul Ricœur, dans Soi‑même comme
un autre, propose de définir l'éthique
comme réflexion sur les conditions
de la vie bonne (ce qui englobe une
réflexion sur le bonheur) et la morale
comme articulation de ce but à des
normes universelles et contraignantes.
Là où la morale traite essentiellement
des commandements et des interdits
d'une portée universelle, l'éthique
peut comporter des conseils, des
règles d'ordre général (c'est‑à‑dire qui
peuvent admettre des exceptions ou
s'appliquer différemment selon les circonstances),
voire particulier s'il s'agit
du code de conduite propre à certaines
professions (déontologie), comme chez
les médecins ou les avocats. L'éthique
correspond aussi à ce que les Anciens
appellent sagesse ou prudence.
Originellement, en logique, le dilemme
désigne un raisonnement dans lequel
deux prémisses contradictoires
conduisent à une conclusion identique.
Plus largement, le terme renvoie
à une situation dans laquelle l'individu
se trouve dans l'obligation de choisir
entre deux possibilités dont chacune
comporte des inconvénients. Il peut
prendre la forme d'un conflit entre des
devoirs incompatibles, comme dans le
cas de Javert : faut‑il obéir à la loi civile
ou à des principes moraux universels ?
Le devoir s'adresse à un individu
responsable, c'est‑à‑dire à qui l'on
peut imputer les actes qu'il commet.
La responsabilité repose sur l'idée que
le sujet est libre d'agir d'une manière
ou d'une autre et qu'il est conscient
du choix qu'il fait. C'est également la
responsabilité qui justifie de considérer
le sujet comme coupable d'une faute
s'il désobéit et comme devant, le cas
échéant, subir une punition.
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